Par un froid glacial, des dizaines de milliers de personnes, sourires aux lèvres et pancartes à la main, se sont rassemblées, samedi 19 janvier à New York, pour la "Marche des femmes". “Nous ne nous tairons pas”, “le pouvoir aux femmes”, “laissez nos utérus tranquilles”. Lors de la troisième édition de ce rassemblement, l’une de celles organisées à travers les Etats-Unis, les slogans féministes et farouchement anti-Trump foisonnent.
Katherine Siemionko, Pdte New York Alliance
“Cette année, c’est particulier. Nous sommes là pour protester contre l’inégalité entre hommes et femmes mais aussi pour célébrer des victoires”, commente Katherine Siemionko, fondatrice et présidente de New York Alliance, en référence à l’arrivée en force d’élues femmes au Congrès le 3 janvier dernier. (Lire notre article >Elections de Midterms aux Etats-Unis : les femmes font la différence)
Divisions sur fond d'accusations d'antisémitisme
Mais cette troisième journée de mobilisation en deux ans était surtout particulière pour une autre raison : l’organisation Women’s March a récemment connu une scission après que des dirigeantes ont été accusées d’antisémitisme - accusations qu’elles rejettent. L’une d’entre elles, Tamika Mallory, a attisé la polémique en participant à un meeting de Louis Farrakhan, leader de l’organisation Nation of Islam aux propos notoirement antisémites. En réaction, plusieurs femmes ont quitté le mouvement. Samedi, deux événements distincts ont eu lieu à New York : une manifestation était organisée par Women’s March Alliance à Colombus Circle, aux abords de Central Park, et un rassemblement de l’organisation nationale de Women’s March s’est tenu, lui, à Foley Square, dans le sud de Manhattan.
Maury Silver, manifestant
Selon la police, quelque 40.000 personnes ont manifesté à Columbus Circle - les organisateur.trice.s en comptent eux au moins 50.000. En 2008, les cortèges avaient réuni plus de 200.000 personnes rien qu’à New York.
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Comme pour donner du grain à moudre aux activistes, la veille de la manifestation, la Maison Blanche a publié un communiqué à l’occasion de l’anniversaire de “Roe vs Wade”, la loi de 1973 ayant conduit à la légalisation de l’avortement. Elle y déplorait la perte de “toutes ces vies fauchées”.
“Je ne veux pas vivre dans un monde comme ça.”
Au-delà des revendications féministes, c’est un ras-le-bol contre la présidence Trump qui s’est déversé dans les rues. “Shutdown” du gouvernement interminable, tensions à la frontière avec le Mexique, inaction face au changement climatique : les griefs des manifestants contre le pouvoir sont nombreux. Certain.e.s ont d'ailleurs agité des pancartes en forme de bottes pour mettre Trump hors de la Maison blanche à coup de “coups de pied au cul”.À Foley Square, une foule davantage hétérogène, et peu dense, s’est rassemblée autour d’une estrade sur laquelle ont défilé des intervenantes aux discours inspirés, dont l’activiste féministe Gloria Stein et Alexandria Ocasio Cortez, la nouvelle élue démocrate du Congrès qui fait figure de star de la politique. Ici, les “femmes de couleur”, les immigrées et celles issues de la communauté LGBTQ sont mises au centre.
Rassemblées derrière des barrières, bravant le froid glacial qui règne dans la rue, des jeunes filles noires captivées écoutent et enregistrent sur leur téléphone portable les discours de femmes à la tribune les incitant à “occuper l’espace”.
Zakiyah Ansari, membre du comité Women's March NYC