Fil d'Ariane
"Alertes féministes contre l'extrême droite" : à Paris et dans 55 villes de France, des dizaines de milliers de personnes ont défilé pour dénoncer le "danger" pour les droits des femmes que représenterait une victoire du Rassemblement National, aux législatives du 30 juin et 7 juillet prochains.
A Paris 75 000 personnes étaient rassemblées pour une manifestation qui s’est élancée depuis la place de la République jusqu’à la place de la Nation, à l’appel de plus de 200 signataires, organisations féministes, syndicats et ONG, le 23 juin 2024.
Arborant pour beaucoup du violet, couleur emblématique du féminisme, entre 13.000 personnes, selon la préfecture de police, et 75.000, selon les organisateurs, ont manifesté sous le soleil dans la capitale, ce dimanche 23 juin, à l'appel de plus de 200 associations (Fondation des femmes, Planning familial, #Noustoutes...), ONG (Oxfam, France Terre d’Asile...) et syndicats (CGT, CFDT...).
Au niveau national, 33.800 personnes ont été recensées (Paris compris) dans 53 rassemblements, de source policière. Les organisateurs en ont compté trois fois plus. La veille, les défilés contre l'extrême droite à l'appel des syndicats avaient réuni entre 250.000 (autorités) et 640.000 (CGT) personnes en France, dont 75.000 à 250.000 à Paris.
Quelques uns des slogans repris sur les pancartes du cortège d'Alerte féministe à Paris, le dimanche 23 juin 2024.
Associations féministes, syndicats et ONG dénoncent le "féminisme de façade" de l'extrême droite, accusations rejetées par le Rassemblement national (RN) qui fustige des "caricatures".
Quand je vois l'historique du parti, on ne peut pas dire qu'il défend les femmes. Il faut rappeler que ce sont eux qui ont parlé d'avortement de confort. Morgane Legras, 28 ans, militante à #Noustoutes
"Quand je vois l'historique du parti, on ne peut pas dire qu'il défend les femmes. Il faut rappeler que ce sont eux qui ont parlé d'avortement de confort, qui attaquent sans cesse le Planning familial", fustige Morgane Legras, 28 ans, militante à #Noustoutes et ingénieure dans le nucléaire, à Paris. Stéphanie, 51 ans, qui "ne manifeste jamais d'habitude", se mobilise contre "une vraie menace". L'une de ses deux filles, Héloïse, 11 ans, porte un tee-shirt kaki avec l'inscription "mes libertés en danger" et le sigle RN barré.
L'"alerte féministe" s'est matérialisée par une alarme et des sifflets, en arrivant place de la Nation. Dans la foule, une majorité de femmes mais aussi des hommes, voire quelques garçons avec leur mère, et des pancartes "Ni mari ni patron, ni Marine ni Macron" ou "le machisme fait le lit du fascisme". Et dans la sono un tube de Clara Luciani, co-signataire avec plusieurs centaines d'artistes d'une tribune appelant au barrage face à l'extrême droite.
Dans une vidéo adressée à "toutes les femmes de France", le président du RN Jordan Bardella a accusé "l'extrême gauche" de "s'arroger le monopole des droits des femmes".
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Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes et militante depuis 1974, pointe l'importance d'"alerter la population des femmes, mais pas que, contre une imposture, un ripolinage" du RN sur les droits des femmes. "À chaque fois que l'extrême droite arrive au pouvoir quelque part, elle s'attaque au droit à l'avortement, je ne vois pas pourquoi il y aurait une exception française", souligne Sarah Durocher, présidente du Planning Familial.
Les leaders de la CFDT Marylise Léon et de la CGT Sophie Binet ont aussi défilé à Paris, comme l'Insoumise Clémentine Autain, l'ex-ministre Najat Vallaud Belkacem ou l'actrice Corinne Masiero, ont constaté des journalistes de l'AFP. Egalement présente, l'actrice Judith Godrèche, engagée contre les violences sexuelles et sexistes.
Les manifestantes du cortège parisien du 23 juin pour défendre les droits des femmes face à l'extrême droite.
À Bordeaux, 2.000 manifestants, selon la préfecture, ont marché derrière la banderole "L'extrême droite doit reculer, pas nos droits". "Evidemment que nos droits sont menacés, mais ils l'étaient déjà avec la droite conservatrice. Le plus important, c'est de se mobiliser", estime Vanessa Laboutade, 49 ans, membre du Collectif contre les abus policiers CLAP33.
Le RN est contre les femmes, il incite à la haine. Il est contre l'avortement. Des choses dont on ne devrait même pas discuter à notre époque. Sarah, 33 ans, militante toulousaine
A Toulouse, entre 880 personnes (préfecture) et 1.500 (organisateurs) ont manifesté. "Femme et jeune, la double peine" ou "Lesbiennes contre le fascisme", lisait-on sur des pancartes. "Le RN est contre les femmes, il incite à la haine. Il est contre l'avortement. Des choses dont on ne devrait même pas discuter à notre époque", dénonce Sarah, 33 ans.
Ils étaient 2.500 (de source policière) à Caen comme à Lyon, où certains ont scandé "RN sexiste, riposte féministe". "Quand on voit ce qu'il se passe en Hongrie, en Pologne, en Italie, on sait que les couples homoparentaux sont touchés, que les femmes n'ont plus accès à l'IVG", pour Charlène Servanton, du Collectif Droits des Femmes 69. Des manifestations ont aussi eu lieu à Rennes (350 personnes, selon la préfecture) et Strasbourg (450 selon la préfecture), où Christine Poret, 65 ans, enseignante retraitée, s'est dite convaincue que le RN souhaiterait "la domestication de la femme".
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