Fil d'Ariane
Au départ photographe de guerre en Irak, l'Américaine Stéphanie Sinclair parcourt depuis quinze l’Afghanistan, l’Ethiopie, l’Inde et autres pays où la tradition du mariage précoce est ancrée.
De ces voyages, elle a ramené ce photos qui racontent le destin de fillettes confrontées à des contraintes et à des responsabilités de femmes, chargées d’assurer la gestion d’un foyer au quotidien. Leurs visages expriment la peur, la dureté et l'usure, même si quelques-uns irradient l'euphorie d'une liberté arrachée avec l'aide de l'association fondée par Stéphanie Sinclair pour venir en aide à ces jeunes filles données à des hommes qu'elles n'ont pas choisis.
Au sommet de l'Arche de la Défense, à deux pas de Paris, près de 200 photos de tous formats - certaines occupent tout un pa de mur - restituent les regards fiers, farouches, bravaches ou traqués de fillettes embarquées dans une union forcée. En occident aussi où, dans certaines communautés, de très jeunes filles sont mariées à des hommes polygames. La photographe américaine s'est notamment intéressée à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, une secte mormone qui prône le "mariage pluriel", dont certains chefs ont, depuis, été condamnés.
Pprocessions nuptiales pour des époux de 11 ans, couples alliant une enfant et un vieillard ridé qui pourrait être son grand-père, mais qui est en réalité son futur... Stéphanie Sinclair témoigne aussi des violences, maladies et blessures dont les filles ne guérissent jamais, avec des images qui sont autant de claques, sans pour autant être crues.
Stéphanie Sinclair porte un regard neutre sur le destin caché de millions d’individus à travers le monde. Souvent, elle est retournée au même endroit pour suivre ces fillettes-adolescentes-jeunes femmes. Ainsi a-t-elle a saisi la désillusion de celles qui voulait continuer à aller à l'école, mais que la réalité a rattrapées, l'épuisement de celles qui travaillent dix-huit heures par jour pour vivre et faire vivre leur famille ou l'espoir de celles qui sont prêtes à tout pour que leurs filles ne connaissent pas le même sort. Mais aussi, parfois, la liberté de celles à qui l'on a proposé un autre avenir.
► Allez sur le site de Too Young to Wed, jusqu’au 24 septembre 2017.