Quand cette femme d’affaires ivoirienne est arrivée à Montréal en 2000, elle a réalisé que la métropole québécoise n’avait rien à offrir comme lieu de rassemblement pour les Africains... et les Québécois. Elle a donc décidé d’édifier la Maison de l’Afrique, inaugurée en novembre 2009 lors d’une soirée qui a réuni tous les ambassadeurs et consuls des pays africains au Canada. UN RÊVE RÉALISÉ Mariam a fait une première visite à Montréal au début des années 80 lors d’un festival de publicité – elle était alors publicitaire en Côte d’Ivoire- et elle avait bien aimé son expérience. Au début des années 2000, comme plusieurs de ses enfants étaient installés dans la métropole québécoise pour y faire des études et que la situation se détériorait en Côte d’Ivoire – toutes les entreprises qu’elle avait là-bas ont été détruites – Mariam a finalement décidé de s’implanter à son tour à Montréal. Il lui a fallu plusieurs années pour mener à terme son projet de création d’un espace commun POUR et SUR le continent africain. Mais son rêve a pu se réaliser… UN LIEU DE CONVERGENCE Depuis bientôt trois ans ans, la Maison de l’Afrique est devenue un lieu de rendez-vous des Africains qui vivent à Montréal mais aussi des Montréalais qui s’intéressent à l’Afrique. En plus d’une boutique d’art africain, d’une librairie et d’un petit café, on peut venir y contempler des expositions, assister à des lancements de livres, des réceptions, des conférences, des projections de films et même des événements sportifs – les matchs de la dernière coupe du monde de football d’Afrique ont fait salle comble. LE SAVOIR VIVRE DE L’AFRIQUE Cette popularité de la Maison de l’Afrique comble Mariam Sy Diawara. L’Ivoirienne aime sa vie montréalaise même si elle s’ennuie parfois de son pays avec qui elle garde des liens très étroits – son mari s’y trouve toujours, ainsi que sa famille et des amis. Ayant la chance d’avoir vécu et en Afrique et ici, elle constate que le rythme de vie occidental stresse beaucoup de gens malgré la richesse matérielle, et que l’Afrique, elle, a un « savoir être » qu’elle pourrait bien donner en exemple à l’Occident . « Les Africains sont pauvres mais ils sont heureux, y’a quelque chose qui fait qu’en Afrique, même sans rien, les gens vivent bien », m’a-t-elle expliqué quand je l’ai rencontrée. Individualisme versus collectivité, c’est aussi une différence qui frappe Mariam quand elle compare l’Afrique à l’Occident, « en Afrique, en général on vit ensemble alors qu’ici tout le monde vit sa part, chez lui sans savoir ce qui se passe à un bloc de chez lui », déplore-t-elle. Par contre, que ce soit en Afrique ou en Occident « les humains sont tous les mêmes », précise Mariam avec un sourire en coin, tous les mêmes avec leurs qualités et leurs défauts. Ceci dit, sa vie ici est très occupée, elle aime particulièrement prendre sous son aile protectrice les jeunes Africains qui débarquent ici et qui ont besoin d’aides diverses et de conseils, c’est aussi l’une des autres missions que s’est donnée la Maison de l’Afrique. Tout comme son compatriote le chanteur de reggae Tiken Jah Fakoly, Mariam croit que c’est aux Africains de prendre en main le destin de leur pays et de leur continent, l’Afrique ne doit compter que sur elle-même pour se développer. « On ne peut pas aider quelqu’un au-delà de lui-même, c’est la même chose pour l’Afrique », me fait-elle remarquer… Mariam croit d’ailleurs que la création de la Maison de l’Afrique s’inscrit dans cette démarche, car elle y a investi toutes ses économies sans recevoir d’aide financière, ce dont elle est très fière. Elle y voit là un bel exemple de réussite et la preuve que les Africains peuvent très bien s’organiser tout seul. Mariam Sy Diawara, qui se dit fière d’être africaine, ne compte pas en rester là… Elle rêve de pouvoir fonder d’autres Maisons de l’Afrique aux États-Unis, au Brésil « et le rêve c’est faire en sorte que les Africains eux-mêmes s’approprient leur histoire, les Africains qui vivent en Afrique … Car comme le dit si bien le proverbe, si tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens… » Cette femme visionnaire veut aussi poursuivre sa promotion de l’Afrique ici en essayant de mieux la vendre encore. « Je suis convaincue qu’on a plus à donner que nos mines, nos matières premières et que ce savoir être qu’on a, si on l’utilise mieux, on peut être de meilleurs travailleurs on peut mieux faire ce que nous avons, juste de ré-avoir confiance en nous-mêmes, moi en tous cas c’est ma bataille et je pense que je la mène mieux de l’extérieur… Je pense que l’argent et tout le reste c’est facile à avoir, mais le mieux être c’est plus difficile, je crois qu’on l’a de manière innée mais on peut aider les autres à l’avoir et c’est ça qui va faire un monde meilleur… mon rêve moi c’est qu’il y ait un monde meilleur. »