Mariée à 15 ans, une Iranienne exécutée pour le meurtre de son mari

Mariée à 15 ans à un homme violent, Samira Sabzian était en prison depuis dix ans pour le meurtre de son époux. Elle avait 30 ans et deux enfants. Elle est la 18e femme exécutée en Iran en 2023, selon Amnesty international.

Image
Samira Sabzian Fard

Samira Sabzian Fard

twitter
Partager2 minutes de lecture

Elle a été pendue à l'aube de ce 20 décembre 2023 dans la prison de Ghezel Hesar, à Karaj, près de Téhéran. A l'approche de son exécution, mise à l'isolement, elle ne parlait plus, ne marchait plus. Arrêtée en décembre 2014 pour avoir tué son mari violent alors qu'elle n'avait que 19 ans, Samira Sabzian avait agi avec la complicité de sa sœur et d'une autre personne. 

Samira a été victime pendant des années d'un apartheid de genre, du mariage d'enfant et de violences domestiques. Mahmood-Amiry Moghaddam

Samira Sabzian Fard était originaire de Khorramabad, la capitale de la province du Lorestan, dans l'ouest de l'Iran. Mariée contre son gré avant 18 ans, elle avait deux enfants, de 12 et 15 ans, qu'elle n'avait pas revus en détention, jusqu'à une visite organisée peu avant son exécution, selon le groupe Iran Human Rights, basé en Norvège. "Samira a été victime pendant des années d'un apartheid de genre, du mariage d'enfant et de violences domestiques, et aujourd'hui elle est la victime de la machine de mort corrompue et incompétente du régime", affirme Mahmood-Amiry Moghaddam, le directeur d'IHR.

Tweet URL

Victime trop jeune d'un mariage forcée 

L'ONG Iran Human Rights avait exhorté l'Iran à ne pas exécuter la jeune femme. L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, le 19 décembre 2023, la 70e résolution des Nations unies condamnant les violations des droits humains en Iran.
 

Les parents de son mari auraient pu l’épargner, ils auraient pu décider de lui pardonner... mais ils ont estimé qu’elle méritait de mourir. Collectif Femmes Azadi

Pour Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), "si cette résolution ne reflète qu'une partie des nombreux crimes du régime, elle révèle un consensus mondial contre un régime qui n'a aucun égard pour les principes et les droits humains." L'Iran des mollahs est le pays qui le plus répressif pour les femmes, "avec violence et discrimination, imposition du hijab obligatoire et assassinat."
 

Londres aussi était intervenu pour tenter d'empêcher l'exécution : "Samira est une victime des mariages d'enfants... L'Iran doit cesser de traiter les femmes et les filles de cette façon consternante", écrivait sur X Tariq Ahmad, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères au Royaume-Uni.

Tweet URL
Les enfants de Samira restent "aux mains des parents de son bourreau de mari, qui avaient un droit de vie ou de mort sur elle, écrit sur X le collectif "Femme Azadi". "Ils auraient pu l’épargner, ils auraient pu décider de lui pardonner d’avoir sauvé sa peau des horreurs commises par leur propre fils, mais ils ont estimé qu’elle méritait de mourir pour n’avoir pas accepté davantage de coups…"
 

Exécutions en hausse

Les groupes de défense des droits alertent sur l'augmentation des exécutions en République islamique cette année : au moins 115 morts pour le seul mois de novembre, selon Amnesty International, et 245 depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre et les représailles israéliennes qui, depuis, font rage.

Selon Amnesty international, Samira Sabzian Fard est la 18e femme à être exécutée en 2023 par le régime iranien, et la 224e femme exécutée en Iran depuis 2007. L'Iran est le pays au monde qui exécute le plus de femmes.

Tweet URL