
750 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc. Ce sont les estimations de l'AMLAC, l’Association de lutte contre les avortements clandestins.
Depuis 2008, cette association, reconnue par les autorités du royaume, milite pour une réforme du code pénal marocain qui condamne depuis 1960 les interruptions volontaires de grossesse. « Cette hypocrisie doit cesser le plus rapidement possible, déclare haut et fort son président, le gynécologue Chafik Chraibi. En Tunisie où l'avortement est légal, il y en a vingt fois moins. »
Selon son analyse, « il y a une demande très forte d'avortements au Maroc qui émane à plus de 50% de femmes mariées qui ne veulent plus avoir d'enfants en raison de problèmes conjugaux, financiers ou sociaux. Pour le reste, ce sont des jeunes filles qui ont été violées ou leurrées par des hommes qui ont pu leur promettre le mariage. Avec la libération des moeurs, les relations sexuelles hors mariage parmi les jeunes sont une réalité. En revanche, il n'existe aucune éducation sexuelle. Ce qui pose problème. »
Pour se faire avorter, les femmes les plus aisées payent sous le manteau des professionnels de santé (gynécologues, médecins généralistes, infirmières), entre 150 à 200 euros. « Cela peut monter jusqu'à 1500 euros, c'est un commerce très lucratif mais aussi très risqué, précise le président de l'AMLAC. Une dizaine de médecins sont actuellement en prison pour avoir pratiqué des IVG. »
Il s'agit alors d'avortements dits médicalisés. Mais les conditions d'hygiène sont loin d'être maximales : « Il n'y a pas de réelle asepsie, pas de véritable anesthésie, ni de bloc opératoire à proximité en cas de complication, indique le docteur Chraibi. Un médecin qui, depuis a été condamné, faisait ça dans sa cave ! »
Mais le pire ce sont les avortements non-médicalisés pratiqués par des accoucheuses traditionnelles voire des herboristes. « C'est comme ça que des complications dramatiques nous arrivent à l'hôpital, déplore le gynécologue. Infections graves, perforations de l'utérus, brûlures de vagins, intoxications aiguës, etc. » Résultat : 13% de la mortalité maternelle au Maroc, comme dans le reste des pays africains, est due aux avortements clandestins, selon les études de l’Organisation mondiale de la santé.
Depuis 2008, cette association, reconnue par les autorités du royaume, milite pour une réforme du code pénal marocain qui condamne depuis 1960 les interruptions volontaires de grossesse. « Cette hypocrisie doit cesser le plus rapidement possible, déclare haut et fort son président, le gynécologue Chafik Chraibi. En Tunisie où l'avortement est légal, il y en a vingt fois moins. »
Selon son analyse, « il y a une demande très forte d'avortements au Maroc qui émane à plus de 50% de femmes mariées qui ne veulent plus avoir d'enfants en raison de problèmes conjugaux, financiers ou sociaux. Pour le reste, ce sont des jeunes filles qui ont été violées ou leurrées par des hommes qui ont pu leur promettre le mariage. Avec la libération des moeurs, les relations sexuelles hors mariage parmi les jeunes sont une réalité. En revanche, il n'existe aucune éducation sexuelle. Ce qui pose problème. »
Pour se faire avorter, les femmes les plus aisées payent sous le manteau des professionnels de santé (gynécologues, médecins généralistes, infirmières), entre 150 à 200 euros. « Cela peut monter jusqu'à 1500 euros, c'est un commerce très lucratif mais aussi très risqué, précise le président de l'AMLAC. Une dizaine de médecins sont actuellement en prison pour avoir pratiqué des IVG. »
Il s'agit alors d'avortements dits médicalisés. Mais les conditions d'hygiène sont loin d'être maximales : « Il n'y a pas de réelle asepsie, pas de véritable anesthésie, ni de bloc opératoire à proximité en cas de complication, indique le docteur Chraibi. Un médecin qui, depuis a été condamné, faisait ça dans sa cave ! »
Mais le pire ce sont les avortements non-médicalisés pratiqués par des accoucheuses traditionnelles voire des herboristes. « C'est comme ça que des complications dramatiques nous arrivent à l'hôpital, déplore le gynécologue. Infections graves, perforations de l'utérus, brûlures de vagins, intoxications aiguës, etc. » Résultat : 13% de la mortalité maternelle au Maroc, comme dans le reste des pays africains, est due aux avortements clandestins, selon les études de l’Organisation mondiale de la santé.
Pour un droit à l’avortement encadré et gratuit
Pour l'AMLAC, il est temps que les autorités ouvrent les yeux. « Les avortements existent, mieux vaut donc les pratiquer dans de bonnes conditions. » Aussi, l'association milite pour un droit à l'avortement encadré et gratuit, pratiqué quand une grossesse menace la santé physique ou psychique de la femme. Pour se faire, il n'est même pas nécessaire, dans l’absolu, de voter une nouvelle loi. « Il suffirait d'adopter une interprétation plus large de l'article 453 du code pénal marocain », précise le gynécologue.
Quant au délai, l'AMLAC propose 12 semaines aménorrhées comme c'est le cas dans la plupart des pays européens. « Je ne suis pas d'accord pour un délai plus long. En Hollande ou à Singapour, l'avortement est autorisé jusqu'à 24 semaines. C'est énorme, ça fait cinq mois de grossesse. C'est déjà un enfant constitué. Je suis absolument contre ça. »
Recherche du consensus
Pour arriver à ses fins, l'AMLAC refuse de jouer la provocation. Il y a quelques mois, elle a décliné la proposition d'une association néerlandaise qui était prête à mouiller au large des côtes marocaines son bateau, Women on waves, équipé pour pratiquer des avortements dans des conditions optimales.
« Nous préférons miser sur la sensibilisation et l'éducation, réplique le docteur Chraibi. J'ai déjà fait une conférence dans une mosquée après la prière du soir. Tous ont compris le problème. Pas un seul a mal réagi. Le débat semble aujourd'hui plus ouvert. En 2008, jamais je n'étais invité sur les plateaux de télévision, alors que maintenant je le suis régulièrement. »
Le président de l'AMLAC se montre d'autant plus optimiste qu'un congrès national doit se tenir ce mardi 12 juin pour tenter de dégager un consensus sur la question. « Huit partis - certains conservateurs, d'autres plus libéraux - ont confirmé leur présence. Notre objectif est de réussir à se mettre d'accord sur un projet de loi destiné à être validé par le parlement. »
La donne islamiste
Mais une inconnue demeure : la position des islamistes du parti Justice et Développement qui ont remporté les élections législatives de novembre 2011. « Au début de notre action, ils étaient avec nous. Même le premier ministre actuel était ouvert au débat. Maintenant c'est silence radio. Ils n'ont pas répondu à notre invitation pour le congrès national. C'est ça qui m'inquiète un peu. Mais je reste confiant. On peut obtenir une loi d'ici à la fin de l'année. »
Pour l'AMLAC, il est temps que les autorités ouvrent les yeux. « Les avortements existent, mieux vaut donc les pratiquer dans de bonnes conditions. » Aussi, l'association milite pour un droit à l'avortement encadré et gratuit, pratiqué quand une grossesse menace la santé physique ou psychique de la femme. Pour se faire, il n'est même pas nécessaire, dans l’absolu, de voter une nouvelle loi. « Il suffirait d'adopter une interprétation plus large de l'article 453 du code pénal marocain », précise le gynécologue.
Quant au délai, l'AMLAC propose 12 semaines aménorrhées comme c'est le cas dans la plupart des pays européens. « Je ne suis pas d'accord pour un délai plus long. En Hollande ou à Singapour, l'avortement est autorisé jusqu'à 24 semaines. C'est énorme, ça fait cinq mois de grossesse. C'est déjà un enfant constitué. Je suis absolument contre ça. »
Recherche du consensus
Pour arriver à ses fins, l'AMLAC refuse de jouer la provocation. Il y a quelques mois, elle a décliné la proposition d'une association néerlandaise qui était prête à mouiller au large des côtes marocaines son bateau, Women on waves, équipé pour pratiquer des avortements dans des conditions optimales.
« Nous préférons miser sur la sensibilisation et l'éducation, réplique le docteur Chraibi. J'ai déjà fait une conférence dans une mosquée après la prière du soir. Tous ont compris le problème. Pas un seul a mal réagi. Le débat semble aujourd'hui plus ouvert. En 2008, jamais je n'étais invité sur les plateaux de télévision, alors que maintenant je le suis régulièrement. »
Le président de l'AMLAC se montre d'autant plus optimiste qu'un congrès national doit se tenir ce mardi 12 juin pour tenter de dégager un consensus sur la question. « Huit partis - certains conservateurs, d'autres plus libéraux - ont confirmé leur présence. Notre objectif est de réussir à se mettre d'accord sur un projet de loi destiné à être validé par le parlement. »
La donne islamiste
Mais une inconnue demeure : la position des islamistes du parti Justice et Développement qui ont remporté les élections législatives de novembre 2011. « Au début de notre action, ils étaient avec nous. Même le premier ministre actuel était ouvert au débat. Maintenant c'est silence radio. Ils n'ont pas répondu à notre invitation pour le congrès national. C'est ça qui m'inquiète un peu. Mais je reste confiant. On peut obtenir une loi d'ici à la fin de l'année. »