En 2003, elle n'a alors que 21 ans, elle fait ses premières armes de routarde-motarde avec un tour de France en 125cm3. Puis en 2010, un premier grand départ pour quatre mois de route la conduit jusqu'au Japon. En 2011, Mélusine Mallender parcourt 28 000 kilomètres sur les routes d'Iran.

Puis en 2014, elle explore, toujours seule et à moto, la région des Grands Lacs d’Afrique de l’Est. L'année suivante, elle part pour neuf mois, cette fois, et parcourt 13 pays en Asie du Sud. Au fil des jours, elle partage ses expériences de voyage sur son blog et sa page facebook.
En vidéo, ce clin d'oeil du Myanmar :
♦ L'Iran : l’émancipation par l’éducation
A la maison, les femmes enlèvent le voile, s’habillent en jean et t-shirt. Mais dès qu’elles franchissent le seuil, elles portent le hidjab, le voile, sensé « cacher ce qui est précieux » - c’est ainsi que les Iraniens le voient, dans un mélange de conservatisme et de pudeur.

Tout est un peu à l’avenant, en Iran : il y a beaucoup d’interdits, mais encore plus de façons de passer outre. Un autre exemple : les femmes n’ont pas le droit de passer leur permis moto ni de rouler à moto sur la route. Et pourtant, j’en ai rencontrées qui faisaient du moto cross, parce que sur la terre battue, il ne leur est pas interdit de faire de la moto.
Elles n’ont pas le droit de rouler à moto sur la route. Mais le moto-cross, sur la terre battue, est permis.
La liberté des femmes passe ici par l’éducation. A l’université, les deux tiers des étudiants sont des femmes, même si le monde du travail est loin de refléter cette « disparité positive ». Il y a énormément d’informaticiennes, qui savent cracker des systèmes, par exemple, ou trouver d’autres espaces de liberté via l’éducation. Elles ont aussi une sorte de liberté de mouvement : elles peuvent conduire une voiture, et les transports en commun sont aménagés pour qu’elles puissent les utiliser.
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♦ Népal : 12 000 filles réduites en esclavage
Mélusine Mallender : Loin des clichés du royaume merveilleux des sherpas, des hauts sommets, de l’air pur et du bouddhisme, j’ai découvert un pays très pauvre, avec énormément de violences envers les femmes. J’ai rencontré une jeune femme qui refusait de se marier parce que toutes ses copines qui l’avaient fait, avaient reçus des coups.
Beaucoup de filles pauvres - les kalamaris - sont « données » à des familles plus riches et réduites en esclavage.
Mélusine Mallender
Cela ne veut pas dire que les gens ne sont pas très aidants et sympathiques par ailleurs, mais la violence conjugale est partout, attisée par la pauvreté et le mariage précoce. Les conjoints ne se choisissent pas, ne s’aiment pas ; la vie est difficile et sans espoir du fait du système de castes. Si certaines vallées sont bien desservies, près de la moitié la population vit à plus de 2 heures à pied d’une route.
J’ai rencontré une ancienne esclave. Beaucoup de filles pauvres - les kalamaris - sont « données » à des familles plus riches, sensées en prendre soin, mais qui, en réalité, les réduisent à l’esclavage. Si elles en reviennent, c’est pour se marier, et donc passer d’une main à l’autre. Samu, elle, a été sortie de l’esclavage par une association qui lui a fait suivre une formation de mécanicienne moto. C’est comme cela que je l’ai rencontrée. « Je ne savais pas choisir, décider d’aller jusqu’au bout de la rue… ou pas. Tout me paraissait beau », raconte-t-elle peu après sa libération. A 28 ans, maintenant, elle a un petit ami et elle est toujours aussi heureuse de découvrir sa liberté.

J’ai aussi rencontré un groupe de femmes qui, voici une dizaine d’années, ont brisé le tabou sacré en créant un groupe de tambourineuses. Traditionnellement, les femmes n’ont pas le droit de toucher un tambour. Elles font des choses extraordinaires et ont même gagné des prix. Je les ai questionnées sur l’aspect féministe de leur démarche, mais elles m’ont répondu que ce qu’elles voulaient montrer, avant tout, c’est qu’elles étaient ensemble – Tutsis, Hutus et Twas.
Aujourd’hui, les Rwandaises ont le droit d’hériter et de monter un commerce, par exemple, ce qui n’était pas le cas auparavant. Elles se sont émancipées et sont entrées sur la scène politique. Aujourd’hui, les Rwandaises ont un statut un peu plus égalitaire que dans d’autres pays d’Afrique.