Fil d'Ariane
La ménopause se hisse en haut de l'affiche avec Ménopause, la comédie qui bouscule les règles, une comédie à l'humour décapant. Sur scène, quatre comédiennes mènent la danse, histoire de dédramatiser ce passage de la vie des femmes entraînant des changements physiologiques importants. Rendez-vous au Grand Point Virgule à Paris.
Ménopause, la comédie qui bouscule les règles, une pièce de théatre qui brise les non-dits sur cette période de la vie des femmes, avec en commun : le rire !
"Pourquoi personne ne nous a prévenues quand nous étions encore fraiches et fringantes ? On aurait beaucoup plus profité de la vie", ironise l'une des comédiennes.
Elles sont quatre sur scène : actrice en mal de rôles, mère de famille nombreuse, cheffe d'entreprise surmenée et baba-cool adepte du tantrisme. Quatre quinquagénaires incarnées par les comédiennes Dominique Magloire - en alternance avec Isabelle Ferron-, Marion Posta, Marianne Viguès et Patricia Samuel. L'histoire les rassemble par hasard dans un grand magasin, et à première vue, elles n'ont rien en commun. Des styles de vie aux antipodes et des aspirations différentes. Pourtant, très vite, elles se rendent compte qu'une chose les lie. Cette période si particulière de la vie d'une femme qui a passé la barre des cinquante ans : la ménopause. Bouleversement physiologique, psychologique : leur quotidien fluctue au rythme des bouffées de chaleur, changements d'humeur, et autres effets secondaires ... Ensemble, dans un décor rouge sang (évidemment !), elles vont disséquer leurs états d'âme et en disserter de façon débridée et pleine d'autodérision.
Dans l'esprit des Monologues du vagin, manifeste féministe culte, Ménopause, la comédie qui bouscule les règles est à l'affiche du Grand Point Virgule jusqu’au 31 décembre 2024 à Paris. Créée aux Etats-Unis, cette pièce a été traduite et adaptée par l'humoriste et animateur Alex Goude et la dramaturge et comédienne Alexandra Cismondi.
"En tant que femmes de 50 ans, nous ne sommes pas à mettre à la poubelle", lance Marion Posta, qui interprète le rôle d'Odile, sur le compte Instagram de la pièce. "En fait, on est toutes les quatre ménopausées donc on sait ce que c'est que la ménopause. Je suis très contente qu'on parle de la ménopause, qui était jusqu'ici un sujet tabou et de faire découvrir ça à beaucoup de monde", ajoute-t-elle.
A l'affiche une première fois du Théâtre de la Madeleine en 2019, Ménopause revient dans une version actualisée par le mouvement #MeToo, abordant notamment la question du consentement.
"Plus on en parlera et moins ce sera tabou !", estime Alexandra Cismondi, la co-autrice, auprès de l'AFP. "Pour cette adaptation française, j'ai apporté ma vision féminine en injectant tout ce que je savais de la ménopause. J'ai questionné ma mère qui avait beaucoup souffert de cette étape et d'autres femmes de son entourage", explique-t-elle.
La ménopause, c'est un peu l'adolescence inversée, confrontée en plus aux diktats sociétaux qui peuvent mener certaines femmes à la dépression. Alexandra Cismondi, co-autrice
"La ménopause, c'est un peu l'adolescence inversée, confrontée en plus aux diktats sociétaux qui peuvent mener certaines femmes à la dépression. La condition physique est modifiée, le corps change", ajoute Alexandra Cismondi, qui a signé plusieurs pièces sur la condition féminine.
Pour Alex Goude, "le défi était intéressant à relever en faisant sauter par le rire le tabou de la ménopause", conscient "qu'on ne l'attend pas sur un tel sujet".
Trouver un producteur sur un tel sujet n'a pas été simple et beaucoup de comédiennes ont refusé, me raccrochant parfois au nez. Alex Goude, co-auteur
"J'ai interviewé une cinquantaine de femmes et des médecins spécialisés pour bien m'approprier le sujet", précise-t-il. Il reconnaît que la pièce a été compliquée à monter : "trouver un producteur sur un tel sujet n'a pas été simple et beaucoup de comédiennes ont refusé, me raccrochant parfois au nez".
Chaque soir de représentation, il ne se lasse pas de la réaction du public"le plus touchant est que des spectatrices venues une première fois avec leurs copines reviennent avec leurs maris. Tous en ressortent différents". Il envisage d'ailleurs la suite logique de cet exercice de dédramatisation : l'andropause, pendant masculin de la ménopause.
"Il y a beaucoup d'hommes pour qui c'est un gros mot", raconte de son côté Isabelle Ferron, une autre des actrices de la pièce, "ça devient un mot qui est de plus en plus accepté par tout le monde et ça montre aussi qu'il y a une vie après la ménopause. Les femmes sont légère et libres, ce ne sont pas du tout des vieilles peaux !".
Plus de rejeton, pilule, tampons, j'suis plus fécondable ! Extrait chanson
Dans cette pièce, la ménopause entend rimer avec apothéose et devient même une étape "formidable". Formidable, c'est la chanson de Charles Aznavour détournée qu'interprète sur scène la chanteuse Dominique Magloire : "J'suis vraiment bien, je vieillis, je vieillis, je vieillis, formidable. Plus de rejeton, pilule, tampons, j'suis plus fécondable. A 50 ans, je revis, j'exulte, viens me séduire !".
"Cette comédie bouscule les règles mais ne dramatise pas la ménopause comme on l'entend trop souvent. On rit, on chante, on applaudit et on sort du théâtre requinquée. (...) Allez-y !", commente une internaute sur Instagram.
Allons-y donc !
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