Fil d'Ariane
Insistant sur le caractère "naturel" de la ménopause, les auteurs de l'article du British Journal of Medicine se concentrent sur une cible : les traitements hormonaux de substitution (THS) prescrits pour atténuer les bouffées de chaleur, les insomnies et autres effets indésirables de la ménopause. Sans les dénigrer totalement, les chercheurs les accusent d'associer la ménopause à l'idée d'un "déclin". Ils les jugent trop vantés par les médias et la littérature scientifique, au bénéfice notable de l'industrie pharmaceutique.
La ménopause n'est pas une maladie due à une carence en œstrogènes, mais un événement normal pour la moitié de l'humanité.
Martha Hickey, gynécologue
Plus largement, les critiques s'inscrivent dans un mouvement qui insiste sur le volet social de la ménopause : ils estiment que ses effets sont autant influencés par ce contexte culturel que par des processus purement physiologiques et dénoncent le caractère sexiste et discriminatoire envers les femmes de plus de 50 ans de la médicalisation des effets de la ménopause.
"La ménopause n'est pas une maladie due à une carence en œstrogènes, mais un événement normal pour la moitié de l'humanité," tweete Martha Hickney, qui dénonce la "surmédicalisation" de la ménopause.
“Menopause is not an oestrogen deficiency disease, but a normal event for half of humankind.”
— The Royal Women’s Hospital (@thewomens) June 16, 2022
Our Director of Gynaecology Research, Prof Martha Hickey, tackles the ‘over medicalisation’ of menopause in her new @bmj_latest paper: https://t.co/DnbNpvIQr8#menopause pic.twitter.com/B04ZB7Tu9R
Dès sa publication, l'article a suscité de vives critiques d'autres spécialistes de la ménopause, qui dénoncent une position contreproductive pour le bien-être des femmes. L'article, selon ces derniers, "propage une idée très dangereuse : parce que la ménopause est une étape 'naturelle' du vieillissement, il faudrait que les femmes évitent les traitements médicaux ?", regrettent dans une lettre au British Journal of Medicine plusieurs dizaines de médecins, sous l'égide de la gynécologue britannique Louise Newson.
Say no to medical gaslighting around menopause - my response in the British Medical Journal @bmj_latest to an article saying we should “normalise menopause” and keep calm and carry on. Also pointing out that this article draws on outdated research. https://t.co/3VTbweGqPR pic.twitter.com/OBBghvIaSP
— Everything About the Menopause... (@MenoScandal) June 17, 2022
Un discours comme celui des rédacteurs de l'article du BM risque de minimiser les souffrances de nombreuses femmes, qui se verraient refuser le moyen de les apaiser, craignent leurs détracteurs.
Il y a des femmes qui traversent cette période en étant catastrophiquement gênées, et actuellement, en France, elles ont un mal fou à trouver quelqu'un pour les traiter.
Anne Gompel, gynécologue
Coup de gueule :
— Florence Alix-Gravellier (@AlixFlo) January 18, 2021
Pourquoi les femmes sous HRT (traitement hormonal de substitution) sont-elles condamnées à se rendre chaque mois (28j) à la pharma pour obtenir leur médoc?
Une boîte de 3 mois ressemblerait moins à une brimade inutile.
Ma #ménopause vous remercie. #Femmes pic.twitter.com/ECphOq1cp5
Ce mois-ci dans les Folia : Traitement hormonal de substitution et risque de cancer du sein invasif : recommandations du PRAC. https://t.co/GifMBcSm9w pic.twitter.com/9wKcgSrUIA
— CBIP asbl (@CbipBcfi) September 1, 2020
Dans la newsletter #5Novembre16h47, @arielebonte explore le tabou de la ménopause dans le monde du travail avec la doctoresse Anne Gompel.
— Les Glorieuses, la newsletter féministe (@Les_Glorieuses) June 8, 2020
Chers employeurs des solutions existent pour les femmes ne soient pas discriminées lorsqu'elles sont ménopausées. https://t.co/PNNlU6gdCZ pic.twitter.com/mNJ3LX0NWF
La gynécologue française, qui admet que l'article du BMJ a raison de déplorer les clichés négatifs autour de la ménopause, l'estime déplacé quand il évoque une médicalisation excessive. Au contraire, "ces dernières années, on a une sous-médicalisation", regrette-t-elle, estimant par ailleurs moindres les risques des traitements distribués en France par rapport aux pays anglo-saxons. "Il y a des femmes qui traversent cette période là en étant catastrophiquement gênées, et actuellement, en France, elles ont un mal fou à trouver quelqu'un pour les traiter", rapporte-t-elle, précisant qu'elle a eu des remontées semblables sur d'autres pays.