#MeToo du cinéma : le producteur Alain Sarde dans la tourmente

Alors que le rideau se lève sur le 77e Festival de Cannes, neuf actrices accusent le producteur Alain Sarde de viol et d'agression sexuelle dans les années 1980 et 1990, des accusations qu'il réfute. Une nouvelle vague dans le raz-de-marée #MeToo qui déferle sur le cinéma français ?

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Alain Sarde  Berlin

Alain Sarde recevant l'Ours d'argent du meilleur réalisateur, Roman Polanski, pour The Ghost Writer à la 60e édition du Festival international du film de Berlin, le 20 février 2010. 
 

AP Photo /Fabrizio Bensch
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C'est le magazine ELLE qui le révèle : neuf femmes, la plupart anonymement, accusent le producteur français Alain Sarde, aujourd'hui âgé de 72 ans, de les avoir violées ou agressées sexuellement lorsqu'elles étaient jeunes actrices, parfois mineures. Les faits dénoncés remonteraient pour la plupart aux années 1980 et 1990 et n'ont pas fait l'objet de plaintes judiciaires, selon le magazine. 

En l'absence de plaintes et, pour l'heure, d'ouverture d'information judiciaire, Alain Sarde demeure présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.

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Un mode opératoire récurrent ?

Dans cette enquête, neuf témoignages à charge, dont ceux des sœurs comédiennes Annelise et Clotilde Hesme, auxquels s'ajoutent ceux de Laurence Côte, césarisée en 1997, et de Laurence Cordier. 
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D'autres témoignages, anonymes, appuient l'enquête, dont ceux de deux actrices très connues, dont une nommée aux César, et une célèbre actrice "de séries télé des années 1990-2000". Sous le prénom "Elsa", cette dernière confie comment Alain Sarde l'aurait violée alors qu'elle avait 15 ans, en 1985, sous prétexte d'un rendez-vous professionnel pour un rôle dans son appartement privé du 8e arrondissement de Paris. 
 
Ces actrices affirment avoir vu leur carrière arrêtée nette et n'avoir pas reçu de soutien de leurs agents auxquels elles se sont parfois confiées. Toutes décrivent un mode opératoire identique : des invitations chez le producteur, des tentatives de séduction, des chocolats offerts et des agressions.
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Alain Sarde réfute ces accusations

Dans ELLE, l'avocate du producteur, Jacqueline Laffont, qui depuis la parution du magazine n'a pas souhaité répondre aux sollicitations de l'AFP, dément ces accusations "mensongères, qui lui prêtent des comportements qu'il réprouve et qui lui sont totalement étrangers. (Alain Sarde) les réfute avec la plus grande fermeté et affirme n'avoir jamais usé de la moindre violence ou contrainte dans ses relations avec les femmes dont le consentement a toujours été primordial pour lui". 

Le producteur avait déjà été mis en examen pour "viol" en 1997 dans une affaire de proxénétisme mêlant des personnalités politiques, artistiques et sportives en France et à l'international. Il avait bénéficié d'un non-lieu près de deux ans après avoir été mis en cause par deux jeunes femmes, entendues comme témoins dans le cadre du démantèlement d'un réseau de prostitution de luxe à Paris.

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Alain Sarde a débuté dans le cinéma aux côtés de l'acteur français Jean Yanne. Producteur de plus de 200 films, il a notamment produit l'intégralité des films de Jean-Luc Godard, mais aussi une grande partie de ceux de Jacques Doillon, Coline Serreau et Alain Corneau. Il est aussi le producteur du Pianiste de Roman Polanski, Palme d'Or à Cannes en 2002. 

Un festival sous le signe de #MeToo

Le 77e Festival de Cannes ouvre ce 14 mai sur fond de rumeurs en lien avec #MeToo, dans un contexte de libération de la parole portée notamment par l'actrice Judith Godrèche, qui a accusé de viols deux figures du cinéma d'auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Cette dernière présentera en sélection officielle à Cannes le 15 mai un court-métrage, Moi aussi, réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.

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