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"Pendant le Festival d’Avignon, un producteur de théâtre m’embrasse de force pendant de longues secondes alors que j’essaie de le repousser. Il s’est excusé quelques minutes plus tard, 'désolé je croyais que tu étais comédienne'", rapporte une journaliste.
Pendant le Festival d’Avignon, un producteur de théâtre qui m’embrasse de force pendant de longues secondes alors que j’essaie de le repousser.
— Rauma Nolhent (@raumanolhent) October 7, 2021
Il s’est excusé quelques minutes plus tard : « désolé, je croyais que tu étais comédienne »
#metootheatre https://t.co/EI8XoCaYpK
Je débutais. J’y connaissais rien. J’avais envie d’apprendre. Ce metteur en scène s’est servi de mon inexpérience pour me faire miroiter un bel avenir pro, des rencontres exceptionnelles, pour m’attirer dans son lit et devenir odieux. Ça doit cesser. #MeTooTheatre
— Charvy Mélanie (@melcharvy) October 8, 2021
Sophia Antoine, comédienne depuis une vingtaine d'années, elle aussi a décidé de témoigner sur Twitter. "Mon parcours est jalonné d'agressions sexuelles, de remarques sexistes", affirme-t-elle.
En coulisses, un comédien m’embrasse dans le cou, se frotte à moi et m’agresse sexuellement. Quand j’en fais état, on m’explique que c’est le personnage de laquais lubrique qu’il incarne, qui en est la cause. #MeTooTheatre
— sophiasept (@sophiasept) October 11, 2021
"On reçoit par mail ou sur les réseaux des centaines de témoignages, qu'on prend avec beaucoup de soin et de précautions. On n'est pas là pour lancer une chasse aux sorcières. L'objectif est qu'on se rende compte de manière quantitative de l'ampleur du phénomène et qu'on réagisse.", confie Agathe Charnet, cofondatrice du collectif MeToo Théâtre sur France Info lors du rassemblement organisé samedi 16 octobre 2021 place du Palais Royal, près de la Comédie Française et non loin du ministère de la Culture à Paris.
Ce soir, je n’ai pas les mots pour parler du #metootheatre et encore moins pour remercier toutes les personnes du collectif, celles qui ont témoigné et enfin celles qui me soutiennent.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) October 17, 2021
On se retrouve bientôt pour d’autres action. On le changera ce milieu théâtral. C’est promis. pic.twitter.com/YhVcpfuyqp
Plus de 200 femmes, autrices, comédiennes, scénaristes étaient présentes. Sur leurs pancartes, on pouvait lire "Il m'a violée, vous l'applaudissez", "Violeur connu, violeur quand même", "Agresseurs, hors de nos théâtres", ou encore "Notre colère n’est pas une comédie ". Sur un camion-estrade, lectures et témoignages se sont succédés.
#METOOTHEATRE
— sophiasept (@sophiasept) October 13, 2021
Mon professeur de théâtre : "Et bah voilà Sarah ! Qd tu te tiens droite on voit que tu as de beaux seins !"
Mon directeur de recherche en arts du spectacle : "Sarah ? 24 ans et enceinte ?! Tu sors à peine de l'école et ta carrière est déjà... terminée" pic.twitter.com/g6KUgaznxj
Manifestation devant le ministère de la culture pour dénoncer l omertà dans le monde du théâtre #MeTooTheatre pic.twitter.com/Kpu7qGHV0d
— Tay (@Tay_Calenda) October 16, 2021
J’ai été violée par un comédien de la Comédie-Française pendant le premier confinement, pendant que je faisais un malaise.
— Marie Coquille-Chambel (@mariecchambel) October 7, 2021
Il est toujours membre de la Comédie-Française, même si la direction est au courant d’une plainte déposée.#metootheatre
Rassemblement #MeTooTheatre #Paris @Heroines95 pic.twitter.com/3mmJGpSo8W
— Chris Dyn (@ChrisDynPhoto) October 17, 2021
Depuis le déclenchement du mouvement #MeToo, en 2017, plusieurs scandales ont secoué le milieu du théâtre français. Au printemps, des dizaines de personnes avaient manifesté devant les locaux du Cours Florent, à Paris, pour dénoncer le "silence" de la prestigieuse école privée de théâtre face à des abus présumés de certains de ses professeurs, affirmations contestées par l’institution. Sous la pression publique et d’une grève du personnel appelant à sa démission, le directeur du théâtre des quartiers d'Ivry a quitté son poste, éclaboussé par une affaire de viol présumé. Une enquête préliminaire pour viol a été ouverte contre le metteur en scène, Michel Didym, ex-directeur du théâtre de la Manufacture de Nancy. Prévu en novembre à Lyon, son nouveau spectacle est, pour l'instant, reporté. Dans un courrier de plusieurs pages adressé à la justice, que le journal Libération s’est procuré, une jeune femme, Alice, l'accuse de l’avoir violée en 2012.
Parmi les 1450 signataires de cette tribune
— Libération (@libe) October 13, 2021
Les actrices et comédiennes Adèle Haenel, @IamJulieGayet et Judith Henry, Célie Pauthe, directrice du @CDNbesancon, David Bobée qui dirige le @theatredunord, et des personnalités politiques comme @AudreyPulvar et @sandrousseau.
Un collectif de personnalités et de professionnels du théâtre a signé le 13 octobre 2021, une tribune dans Libération appelant à "la libération de la parole " et à "l’urgence des actes". Signée par plus de 1 450 personnes, la tribune propose "des actes concrets pour repenser l’écosystème du théâtre tout entier". Première étape : prendre conscience de l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans le secteur grâce à une enquête quantitative et qualitative, écrit le collectif. "Les chiffres, c’est un argument tellement fort qu’on ne peut pas s’y opposer", souligne Agathe Charnet. "Ensuite, sensibiliser à ces violences toutes les structures qui accueillent des spectacles en leur sein", lit-on dans le communiqué. Le collectif propose de "désigner un référent dans l’ensemble de ces structures et que des journées soient dédiées à la question des violences sexistes et sexuelles".
Du côté des autorités, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a indiqué donner toute son attention à ce dossier, répétant l'importance de "sensibiliser, former, recueillir la parole". Concernant la polémique provoquée par la participation de Bertrand Cantat à la musique d'un spectacle programmé en novembre au théâtre de la Colline à Paris, la ministre a répondu sur France Inter : "Je n'ai pas à intervenir dans la gestion de La Colline. Je regrette que Bertrand Cantat ait été invité néanmoins". La ministre a aussi fait valoir "la liberté de la création" et a souligné que le patron de la Colline, Wajdi Mouawad, ne pouvait "pas être accusé de la moindre complaisance en ce qui concerne la lutte contre les violences sexuelles et sexistes". Le spectacle Mère sera joué du 19 novembre au 30 décembre 2021 à Paris.
.@R_Bachelot : "Je n'ai pas à intervenir dans la gestion du théâtre de la Colline. Je regrette que Bertrand Cantat y ait été invité, néanmoins." #le79Inter pic.twitter.com/XINQurjeKA
— France Inter (@franceinter) October 18, 2021