Fil d'Ariane
Les rédacteurs du rapport, eux, campent sur leur position. "Souvenons-nous : qui a développé la définition du génocide ? Est-ce qu’il y avait des autochtones ? Est-ce que les peuples autochtones étaient présents au moment de la réflexion et de l'adoption de la définition du génocide à l’ONU ? Non." rétorque la commissaire Michelle Audette, pressée par les journalistes.
Notre billet sur la question du #génocide des femmes, filles et personnes queers autochtones dans le Journal des alternatives. #MMIWG #MMIWG2S #FFADA #POLQC https://t.co/KQpt0AKEVC
— Arij Riahi (@helloarij) June 5, 2019
Pour la commissaire Audette, le système colonial, la loi sur les Indiens, la rafle des années 1960, la stérilisation forcée des femmes autochtones et les pensionnats autochtones, notamment, s'inscrivent dans la définition de génocide :
Inflation verbale ou définition élargie? https://t.co/7RT2JanfPn
— Le Devoir (@LeDevoir) June 5, 2019
Le gouvernement, lui, s'en est tenu à une réaction prudente. En premier lieu, celle du Premier ministre, Justin Trudeau. Il a accueilli favorablement le rapport mais s’est gardé de prononcer le mot contesté. Ou pour être précis, il l'a prononcé une seule fois, un peu plus tard, en citant le rapport, lors d'un discours au sommet "Women Deliver" de Vancouver : "C'est une histoire qui est inimaginable pour la plupart des Canadiens. Mais pour beaucoup de gens, c'est une réalité déchirante…C'est honteux, c'est inacceptable".
Pour aller de l’avant, il faut faire face aux vérités les plus dures. Et la dure vérité, c'est qu’on a laissé tomber les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées, leurs familles, les survivants, et les personnes LGBTQ et bispirituelles. Ça n’arrivera plus. pic.twitter.com/LFAd0M1pQp
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 3 juin 2019
Il a également promis de lancer un "plan d'action national" pour apporter des réponses "concrètes et cohérentes" aux conclusions du rapport. Justin Trudeau a fait de la réconciliation avec les populations autochtones l'une des priorités de son mandat. Le ministre de la Justice, David Lametti a gardé la même réserve. "Laissons la terminologie aux experts et aux universitaires" souligne-t-il, promettant lui aussi des mesures.
#SVQ le rapport final de L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a été présenté aux représentants du gouvernement le 3 juin ? Vous pouvez le lire ainsi que les appels à la justice en cliquant sur ce lien ➡️ https://t.co/LE0aBQsGsI pic.twitter.com/rHBwsP5Qu9
— Le Canada en NZ (@HCCanNZ) June 5, 2019
Car au-delà du débat sémantique, le rapport énonce de nombreuses recommandations. Reste à savoir lesquelles seront retenues par le gouvernement.
Avec du recul, un responsable autochtone conclut : "Moi, je suis beaucoup plus intéressé par ce qui se passe après".
Génocide autochtone: "Le rapport bouscule. Et il doit bousculer. Voulons-nous vraiment entendre parler du fait que des femmes autochtones disparaissent dans un mélange abject de violence et de générale indifférence sans être bousculé-e?" https://t.co/ZpiLXCmT3L via @helloarij pic.twitter.com/lLs4eYgOZi
— Michel Lambert (@mbinzolambert) June 5, 2019
La réalité reste celle-ci, pour reprendre la citation d'une organisation canadienne de femmes des Premières Nations : "les femmes ou jeunes filles autochtones ont quatre fois plus de risques de disparaître ou d'être tuées que les autres". Et c'est bien de cette réalité qu'il s'agit de changer, bien au-delà des polémiques.
« Génocide colonial » des Autochtones : évitons que la mémoire ne nous fasse défauthttps://t.co/AjZiY25wgH pic.twitter.com/mqI5Lu9Lzc
— Céline Galipeau (@CGalipeauTJ) June 5, 2019
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