Michelle Perrot ou les femmes au coeur de l'Histoire

Au Panthéon virtuel des femmes vivantes qu'est devenu le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes, Michelle Perrot rejoint des démocrates tunisiennes, la romancière bangladaise Taslima Nasreen, l'écrivaine russe Lioudmila Oulitskaïa, l'ex-députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali, ou encore la jeune militante pakistanaise Malala Yousafzai et les féministes chinoises  Guo Jianmei et Ai Xiaoming. L'historienne est la première Française lauréate de cette récompense, décernée par un jury présidé cette année par Josyane Savigneau, journaliste au Monde.
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Michelle Perrot ou les femmes au coeur de l'Histoire
Michelle Perrot - AFP
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A Terriennes, nous ne sommes pas peu fières. Nous fréquentons depuis la création de ce portail Michelle Perrot, agrégée, alerte professeure émérite de 85 ans, qui nous a fait l'honneur d'être l'une des toutes premières "marraines" de notre site. Lorsque nous lui avions demandé de nous accompagner, en mai 2011, elle nous avait répondu modestement "si vous pensez que je peux être utile…" Et comment, que nous le pensons ! Comment ne pas aimer, s'enthousiasmer pour cette universitaire, historienne et écrivaine qui replaça les femmes au coeur du récit historique. Un si fâcheux oubli D'un cour à l'autre, d'un livre à l'autre, Michelle Perrot s'est attachée à effacer l'oubli fait aux citoyennes du monde, depuis la nuit des temps. Elle introduisit au sein de l'enseignement supérieur les approches de genre, qui permirent d'ouvrir de vastes champs d'études, inexplorés. Toutes celles et ceux qui tentèrent de comprendre les mouvements, les basculements, les chaos, mais aussi des instants de l'histoire de l'humanité par le biais des relations sociales de sexe, lui sont redevables. Les Unes de journaux qui régulièrement se vantent à gros caractères de parler des femmes, telle celle du Point du 19 décembre 2013 "Favorites, maitresses et concubines, elles ont fait l'histoire" doivent faire bien rire (son humour est exquis) cette chercheure qui s'est toujours efforcée de ne surtout pas exclure, les ouvrières, employées ou domestiques, de ses travaux. Dans "Mélancolie ouvrière", son dernier ouvrage, elle retrace le parcours de Lucie Baud (1870-1913), ouvrière du Dauphiné, meneuse de la grève de 1906 dans l'industrie de la soie où elle avait commencé à travailler à 12 ans, ­et qui signa un article remarqué dans la presse socialiste en 1908, un texte à partir duquel, l'historienne se faisant enquêtrice, elle tente de remonter le fil d'une vie de labeur et d'engagement, d'épouse et de mère. Archives manquantes, traces effacées La plus grande difficulté que Michelle Perrot rencontra pour cette biographie, comme pour ses autres recherches, ce sont les archives si maigres laissées par les femmes, même les plus engagées, les traces si légères de leur passage sur terre. Un écueil auquel se confrontent tous les historien-nes tentées par l'histoire ou la sociologie des femmes. Ces obstacles semblent la stimuler et lui firent entreprendre, avec le médiéviste Georges Duby, une formidable Histoire des femmes en Occident, en cinq volumes. « En écoutant son séminaire sur l'histoire des femmes, se souvient Josyane Savigneau, beaucoup ont pris conscience de leur condition. C'est une vie entière, une œuvre entière, consacrée aux femmes ».

Quelques livres de Michelle Perrot à lire et relire

“Le récit de l'histoire a d'abord retenu le publique“

"Il a fallu que l'histoire s'intéresse à la sphère privée pour re-découvrir le rôle des femme. Rien n'est gagné pour elles, l'histoire est un perpétuel équilibre à reconstruire", confiait l'historienne à Olivier Barrot en 2006.

Les textes fondateurs du féminisme - “Le Deuxième sexe“ de Simone de Beauvoir

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Mais suffit-il de changer les lois, les institutions, les moeurs, l’opinion et tout le contexte social pour que femmes et hommes deviennent un jour des semblables? "Les femmes seront toujours des femmes” disent les sceptiques; et d’autres voyants prophétisent qu’en dépouillant leur féminité elles ne réussiront pas à se changer en hommes et qu’elles deviendront des monstres. (lire la suite .../...)