Migrants : toujours plus de femmes et d’enfants

Les femmes et des enfants représenteraient, aujourd’hui, un tiers des migrants qui arrivent en Europe par la Macédoine. Ces mères et leur progéniture, vulnérables, doivent bénéficier d’une prise en charge particulière dans les pays d’accueil.
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femmes et enfants migrants MAcédoine
Un groupe de migrants arrive à un centre de transit après avoir franchi la frontière entre la Grèce et la Macédoine, près de la ville de Gevgelija, le 31 août 2105.
©AP Photo/Boris Grdanoski
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« On estime que 3 000 migrants transitent chaque jour par l’ancienne République yougoslave de Macédoine. Un tiers sont des femmes et des enfants, contre (…) 10% en juin (dernier, ndlr). » Parmi ces femmes, 12% seraient enceintes, selon Christophe Boulierac, le porte-parole de l’Unicef, qui s’exprime lors d’une conférence de presse à Genève, ce mardi 1er septembre.

Le nombre de migrantes qui passent par la frontière de la Macédoine avec leurs bambins « a triplé au cours des trois derniers mois », précise encore le porte-parole de l’Unicef. A l'échelle mondiale, les femmes représentent aujourd'hui 51% des migrants.

Des membres de leur famille ont été tués lors du conflit, leurs maisons ont été détruites. Ils n’ont d’autres choix que de fuir avec leur famille.

Céline Schmitt de l’Unhcr.

Selon des chiffres délivrés par les autorités de Macédoine, et rapportés par l’Unicef, 80% des migrants qui arrivent aujourd’hui dans ce pays sont originaires de Syrie, d’Afghanistan (5%) et d’Irak (5%). Les réfugiés syriens sont plus de 4 millions à avoir fui leur pays et, parmi eux, 1 million sont des enfants.

carte MAcédoine
©TV5MONDE





Ces migrants ne quittent pas leur pays pour des raisons économiques mais pour échapper à la guerre. « Il s’agit de familles entières qui fuient, explique Céline Schmitt, porte-parole en France de l’Unhcr. Souvent, des membres de leur famille ont été tués lors du conflit, leurs maisons ont été détruites. Ils n’ont d’autres choix que de fuir avec leur famille. » Pères, mères et enfants se retrouvent donc sur le chemin de l’exil.

« Beaucoup d’entre eux vous expliqueront qu’on ne prend pas de bateaux avec ses enfants si ce n’est pour fuir la guerre et les persécutions, souligne Céline Schmitt. Sinon, ils ne prendraient jamais un tel risque. »

Direction l'Europe

Les familles syriennes se dirigent en premier vers les pays limitrophes : le Liban qui accueille un million de réfugiés syriens - alors que le pays compte une population de 4 millions de personnes-, la Turquie et la Jordanie. Et aujourd'hui, ils se dirigent en nombre vers l’Europe.

famille migrants grèce
Des réfugiés traversent la frontière grecque le 30 août 2015, près de Idomeni.
©AP Photo/Giannis Papanikos


La majorité des réfugiés qui parviennent désormais en Grèce sont syriens. « La raison pour laquelle ils fuient en Europe, c’est parce que les pays de premier accueil n’ont plus les capacités suffisantes pour les accueillir, explique Céline Schmitt de l’Unhcr. Les programmes humanitaires sur place sont sous-financés. Celui du HCR n’est financé qu’à 41% dans la région et seulement à 21% en Turquie. »

Dans ces pays limitrophes de la Syrie, « les seuils de pauvreté augmentent et les réfugiés vivent alors dans une plus grande précarité », souligne la porte-parole du HCR, qui ajoute que « dans une étude conduite récemment par l’organisme, 70% des familles de réfugiés syriens qui viennent au Liban vivent en dessous du seuil national de pauvreté de 3,84 dollars/jour/personne. » Même constat en Jordanie.

Ne pouvant vivre décemment dans ces premiers pays d’accueil, les familles affluent donc vers l’Europe pour « chercher protection et assistance humanitaire. »

migrante et enfats
Une migrante et ses enfants attendent sur les rails d'un train qui traverse la frontière entre la Grèce et la Macédoine le 1er septembre 2015.
©AP Photo/Giannis Papanikos


Cette année, 350 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis le mois de janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et près de 235 000 sont arrivés en Grèce.

Les plus vulnérables, les femmes et les enfants

Une fois qu'ils ont mis le pied dans un pays européens, les femmes et les enfants restent les plus vulnérables des réfugiés, les plus susceptibles de subir des violences physiques et sexuelles notamment.

C’est ce que confirmait Ferri Mattheuwsen de l’association Solid’R qui vient en aide en migrants, à notre journaliste Julia Dumont qui s’était rendue dans la « jungle » de Calais en France où les migrants attendent de passer vers la Grande-Bretagne : « Lorsque l’on est une femme et que l’on vit dans la jungle, mieux avoir un petit copain ». Elle ajoutait : « pour les filles, être enceinte c’est être protégée ».

Meron née  en Erythrée, migrante arrivée à Calis
Meron a choisi d'utiliser l'argent que lui a laissé son père pour sa protection. La "jungle" où elle vit est payante.
Julia Dumont


Un autre migrante de 26 ans, Meron témoignait : « C’est dangereux de vivre ici pour une femme, prévient-elle, parce que les hommes boivent beaucoup d’alcool et deviennent agressifs ».

> Lire notre article "Dans les jungles de Calais, le voyage sans fin des migrantes"

Un espace d'accueil pour les femmes

D’où la nécessité de protéger davantage femmes et enfants. Ces derniers arrivent parfois seuls dans ces zones de transit ou de refuge. Près de la ville Gevgelija en Macédoine à la frontière avec la Grèce, l’Unicef a mis en place un espace d’accueil des enfants où ils peuvent se reposer et jouer pendant que leurs familles effectuent par exemple des procédures d’enregistrements auprès des ONG.

Calais migrants
Un ou une migrante tente de traverser les grillages qui barricadent les accès au tunnel sous la Manche entre Calais et l'Angleterre, le 8 août 2015.
©AP Photo/Emilio Morenatti

Dans le Nord de la France, à Calais, le centre d’hébergement Jules Ferry accueillent près de 120 femmes, venant principalement du Soudan et d’Erythrée. « Beaucoup sont seules. Ce sont de sacrées femmes, qui arrivent ici avec des histoires très lourdes, de viols parfois, d’enfants perdus ». Autant d'événements tragiques survenus pendant leur exode, expliquait cet été à l’AFP Carine Zerouali, responsable du service hébergement au sein de l’association La Vie Active qui gère ce centre. Certaines restent ici. D’autres se lancent régulièrement pour traverser la Manche, vers la Grande-Bretagne.