Fil d'Ariane
Peau foncée, cheveux frisés et sourire éclatant. Khadidja Benhamou, originaire de la wilaya d'Adrar et de la ville du même nom, a été couronnée Miss Algérie vendredi 4 janvier à Alger. Avant elle, aucune candidate du sud algérien n'avait jamais remporté les faveurs du jury. Historique, donc, pour ce concours, interrompu pendant dix ans et relancé en 2013.
A peine élue, la toute nouvelle miss essuie une salve de critiques sur les réseaux sociaux. Au-delà des réactions sexistes qui ne sont pas rares lors de ce type de concours, beaucoup, cette fois, ont également tenu des propos racistes. "Trop noire", "pas assez jolie", son physique ne représente pas, pour certains, "la femme algérienne" dont elle est censée incarner la beauté. Injuriée, elle est tour à tour comparée à Ronaldinho ou encore à un makrout (pâtisserie algérienne de couleur brune).
Miss Algérie c'est toi ? pic.twitter.com/PfYcPCDPjH
— xCode (@selma_samaa) 6 janvier 2019
Donc là Miss Algerie ressemble à un Makrout ? Très bien. pic.twitter.com/42rHKDLnq6
— Nabil-Kun (@Nabil_Bel7) 5 janvier 2019
Beaucoup auraient préféré assister à l'élection d'une jeune femme correspondant aux canons de beauté de la société algérienne. "La peau blanche, les yeux clairs et les cheveux raides, blonds de préférence, sont les critères de beauté populaires en Algérie", explique Slimane Zeghidour, journaliste spécialiste du monde arabe. Le pays est pourtant riche d'une diversité ethnique et culturelle importante, qui s'explique notamment par sa superficie.
Certaines critiques se cristallisent autour de la chevelure de la jeune femme, qui contrairement à la majorité des autres candidates n'est pas raidie. Les cheveux bouclés, frisés et crépus souffrent d'une perception négative en Algérie et au Maghreb en général, due au "rejet des maghrébins de leur africanité", selon Yassim Alami, fondateur du mouvement "Hrach is beautiful".
Face à ce déferlement de haine, de nombreux internautes ont apporté leur soutien à la jeune femme. "Il y a eu un tollé général sur les réseaux sociaux après les commentaires racistes, qui restent tout de même minoritaires", selon Ghania Mouffok, journaliste à Alger. Interrogée à propos de ces critiques sur le plateau de la chaîne El Djazaira One, Khadidja Benhamou a simplement déclaré : "Je ne regarde pas les réseaux sociaux". L'organisation du concours a également réagi sur sa page Facebook.
Soutien total à #Miss #Algérie, Khadija Benhamou, victime du #racisme. pic.twitter.com/5HPFXthD7H
— Hermann M'VOUALA (@Hermann_Mvouala) 6 janvier 2019
#KhadidjaBenhamou élue Miss #Algérie le 4 janvier
— Mohamed Kaci (@MKACITV5M) 12 janvier 2019
Originaire d’Adrar, elle fait face à un torrent d’insultes et de commentaires racistes sur les réseaux sociaux@khaleddrareni l'a rencontrée... Témoignage à suivre ce dimanche dans #MOE sur @TV5MONDE
Dessin de Dilem pic.twitter.com/eUSAAZiDZb
Pour Ghania Mouffok, "Le plus important, c'est qu'elle a été élue, ce qui dit quelque chose". L'élection de Miss Algérie 2019 pourrait bien incarner un renouveau et ouvrir la voie à une meilleure représentation de la diversité dans la société algérienne, qui peine parfois à reconnaître son africanité.