Moe Set Wine, diplômée en commerce de 25 ans, participera au concours de Miss Univers (avec des martiennes ?)en novembre 2013 à Moscou, mettant ainsi en lumière les changements spectaculaires engagés en Birmanie depuis la dissolution de la junte en mars 2011. "J'ai le sentiment de faire partie de l'histoire et je me sens comme un soldat qui fait quelque chose pour son pays et son peuple", a déclaré après son élection, le 3 octobre, celle qui sera la première candidate birmane à Miss Univers depuis 1961. L'ouverture du pays au monde après un demi-siècle de dictature militaire a été ressentie sur toute la société et sur les moeurs, mais ces changements ne sont pas forcément du goût de tous. Quand des photos osées d'une mannequin en bikini étaient apparues sur l'internet il y a quelques années, elles avaient déclenché insultes et menaces. C'est ainsi que pour l'élection de Miss Birmanie, le maillot de bain une pièce avait été imposé aux impétrantes. "Mon avis personnel est que la compétition donne une bonne image de notre pays, mais si vous regardez ce qu'elles portent, ce n'est pas ce que beaucoup de gens aiment ici", se félicite le vice-ministre de la Culture, Than Swe. Le longyi, jupe de coton ou de soie portée à la fois par les femmes et les hommes, est la tenue traditionnelle birmane, toujours obligatoire dans les lycées, les universités et la plupart des administrations. Mais la jeune génération, en particulier dans les villes, préfère souvent des vêtements moins conventionnels, balayant les critiques sur la morale ou la pudeur. "Les Birmans n'osaient pas porter ce gens de vêtements par le passé. Maintenant, les choses s'améliorent, et les gens osent porter certaines choses, alors en tant que styliste, je peux créer ce que j'aime", a souligné Htay Htay Tin, qui a créé toutes les tenues du concours "basées sur la culture birmane, avec une touche de modernité. Je suis contente et fière que les styles changent avec le temps, même si moi-même, je n'oserais pas porter un maillot de bain, mais ils font partie de la compétition". A l'heure où les concours de Miss sont décriés comme véhicules d'une image dégradante des femmes objets, et ou côté Birmanes on connaissait surtout l'icône de Rangoon Aung San Suu Kyi et ses disciples, il est plutôt incongru de faire passer celui de Birmanie, même s'il est le premier depuis 50 ans, comme un symbole de liberté plutôt que comme celui d'une nouvelle aliénation...