Fil d'Ariane
I decided not to wear a bra today and got pulled out of class bc one of my teachers complained that it was a “distraction to boys in my class.” My school basically told me that boys’ education is far more important than mine and I should be ashamed of my body. @Manateeschools :)
— liz (@lizzymartineez) 2 avril 2018
Regardez la tenue "excitante" de ma fille (11 ans la gamine hein) et l'état immonde du jeans de rechange. C'est totalement honteux, je suis scandalisée !
— Galliane (@Galliane) 4 septembre 2018
Sur plusieurs gamines en short, deux ont été sommées de mettre un pantalon du collège. pic.twitter.com/yPEaO22s9I
Des témoignages du même genre fleurissent aussi sur le compte Twitter «Paye ton bahut», qui recense «toutes les formes de sexisme subies à l’école», alors que la notion de «tenue correcte» reste à l’appréciation de chaque établissement scolaire: short jugé licencieux ici, décolleté interdit là, voire répression de la moindre bretelle de soutien-gorge dépassant ingénument d’un t-shirt…
À force, ces restrictions frappent les collégiennes d’une véritable «charge mentale» selon le rapport «Inégalités femmes-hommes, ça commence dès l’enfance», publié cet hiver par l’Unicef: les jeunes filles cherchant à «éviter à la fois d’être cataloguées comme une «fille qui cherche ça» et de porter une tenue ne correspondant pas aux critères attendus de la féminité» selon les mots de l’enquête.
Profitez du #weekend pour découvrir les résultats de notre consultation nationale 26 000 enfants et jeunes ont répondu à des questions sur leur vie quotidienne, l'#éducation, l'#EgaliteFH, le #harcèlement, etc. Voici leurs réponses https://t.co/K3Uc9IpLQo #VendrediLecture
— UNICEF France (@UNICEF_france) 9 novembre 2018
Ma soeur de Terminale, à qui je demande comment ses cours se passent : "Ça va, mais la mentalité est pas top. On (les filles) n'a plus le droit de mettre des débardeurs ni des pantacourts car 'ça suggère de la peau et ça déconcentre les garçons en classe'". #balancetonlycée
— Floriane Valdayron (@FlorianeVldrn) 18 octobre 2018
Ludmila, Genevoise de 14 ans, l’admet volontiers: «Chaque matin, à l’ouverture de mon armoire et mes tiroirs, un dilemme s’offre à moi. Si je me couvre trop, ce sera «sainte-nitouche» ou «frigide». Une tenue un peu trop légère, et on se sera vite fait sanctionner par les professeurs et étiqueter de «pute» par les élèves.» Et de noter que «la décence est quelque chose de subjectif. Pensez aux années où les femmes ont abandonné le corset, ont dévoilé leurs chevilles, ont coupé leurs cheveux à la garçonne. Il y avait déjà à cette époque-là des gens disant que c’était indécent. Des hommes qui avaient peur que leur épouse ne leur échappe en se libérant des carcans de la société, mais aussi des femmes, comme aujourd’hui, qui jugent que toute apparition pourrait leur faire de l’ombre. Peut-être que dans 100 ans aussi, on se moquera de ceux qui trouvent aujourd’hui les tenues de certaines «indécentes».
Ophélia, 17 ans, scolarisée au collège Claparède, à Genève, confie s’imposer elle-même «des restrictions vestimentaires, parce que sinon, et même si le règlement est souple, il y a des regards qui m’énervent. Il serait temps d’aborder toutes ces questions en classe, notamment l’injonction faite aux femmes d’être sexy, parce que même nous, les filles, sommes conditionnées à regarder le corps des femmes comme un homme le ferait. Nous sommes dans une société tellement sexiste que ça vient naturellement. C’est désolant.»
Le Bureau de la promotion de l’égalité entre femmes et hommes et de la prévention des violences domestiques (BPEV) prend d’ailleurs le sujet à bras-le-corps. En septembre, il a distribué aux professionnels qui encadrent les enfants et les jeunes un guide très complet de prévention «destiné à lutter contre la propagation des stéréotypes sexistes et à prévenir les actes de violence qui peuvent en découler».
Colette Fry, directrice du BPEV, salue son succès: «Il a fallu le réimprimer. Pour promouvoir un environnement de respect, nous préparons aussi des ateliers qui s’adresseront aux parents et aux jeunes, et l’année prochaine, nous produirons des clips sur les violences sexistes. Parce que derrière cette éternelle condamnation de la tenue féminine se cache la question de la place des femmes dans l’espace public.»
Edith Maruéjouls, qui travaille pour la mise en œuvre d’une politique d’égalité auprès des collèges français, rêve d’ailleurs de voir «cette question de la décence enfin débattue collectivement dans l’espace scolaire, car pour le moment, certains accusent toujours des filles de 12 ans d’être en demande de sexualité quand elles portent un short, alors que c’est l’âge où elles commencent à subir le harcèlement de rue. Il est temps de rappeler à tous qu’aucune tenue ne justifie une agression.»