A Montréal, Barack Obama rêve d’un monde gouverné par les femmes

« Si on donnait le pouvoir aux femmes dans tous les pays de la planète, ne serait-ce que pendant deux ans, l’humanité ferait un bond en avant » : voilà ce qu’a déclaré Barack Obama lors de la conférence qu’il a donnée le 6 juin 2017 à Montréal devant une foule conquise.
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Obama à Montréal
Barack Obama devant une salle de plus de 4000 personnes acquises à sa personne, le 6 juin 2017 à Montréal
Paul Chaisson/The Canadian Press via AP
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Une femme présidente un jour

« Une chose que j’aime de Montréal, c’est qu’il y a un grand pourcentage de Michelle ici, et j’en ai rencontré plusieurs depuis que je suis arrivé » a plaisanté, en un clin d’œil à son épouse, le 44ème président des États-Unis en entrant dans la salle du Palais des Congrès où l’attendaient avec impatience plus de 6000 personnes, dont le gratin québécois, politiciens, gens d’affaires. Il en a profité pour souhaiter « bon anniversaire » à la Ville de Montréal, qui fête ses 375 ans cette année.

Une ville que l’ancien président des Etats-Unis visitait pour la première fois d’ailleurs, à l’invitation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, lancée de longue date, dès la fin du deuxième mandat de l'ex chef d'Etat américain. Les honoraires du conférencier Obama pour sa prestation montréalaise n'ont cependant pas été dévoilés. Interrogé pour savoir si quelqu’un dans sa famille envisagerait un jour de briguer la présidence des États-Unis, il a confirmé que ni Michelle, ni ses filles ne se lanceront dans cette aventure mais qu’il était persuadé que de son vivant il verrait un jour une femme devenir la locataire de la Maison Blanche. Et il a appelé à ce qu’un nombre grandissant de femmes accèdent aux plus hautes sphères du pouvoir, tant politique qu’économique, partout sur la planète.

Le futur n'appartient pas aux hommes autoritaires
Barack Obama, Montréal, juin 2017

En attendant, c’est un autre personnage qui occupe le prestigieux édifice et dans le discours d’une trentaine de minutes que Barack Obama a livré, le dit personnage était en filigrane. Même s’il n’a jamais prononcé le nom de Donald Trump, son discours portait un message qui est le décalque inverse du programme de son successeur : il est revenu sur les dangers de l’isolationnisme, du repli sur soi et du protectionnisme, sur la nécessité de poursuivre la lutte contre les changements climatiques ( à ce sujet Barack Obama s’est dit déçu par la décision de l’administration Trump mais il ne croit pas qu’il sera possible de revenir en arrière car les États américains, les grandes villes et les grandes compagnies américaines se sont déjà dotés de politiques en la matière et ils vont continuer à les appliquer, que le gouvernement fédéral le veuille ou non ).

L’ex-président a aussi pris soin de préciser que le Canada et les États-Unis étaient des nations d’immigration et qu’elle devait le rester mais dans le respect des lois. Qu’il fallait réduire les inégalités sociales dans nos sociétés au risque de faire exploser nos systèmes économiques. Que les nations occidentales devaient rester soudées et unies pour défendre l’ordre international né de l’après seconde-guerre mondiale.

Bref, autant de domaines dans lesquels le président Trump ne partage pas cet avis, s’acharnant notamment à détruire pièce par pièce l’héritage de son prédécesseur. Barack Obama s’est fait ovationner et applaudir à de nombreuses reprises par la foule qui semblait ravie de ce discours qu’il s’est permis de conclure par la nécessité de remplacer la peur par l’espoir et par cette phrase bien sentie : « La bonne nouvelle, c’est que l’avenir n’appartient pas aux hommes forts, mais à ceux qui défendent les valeurs libérales, l’empathie, les droits de la personne ».

Il a d’ailleurs vanté le potentiel du nouveau président français Emmanuel Macron, à qui il a apporté son soutien remarqué à quelques jours du deuxième tour de l’élection présidentielle. Tandis que son dîner avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau affolait les réseaux sociaux.

En gros, ce que Barack Obama a laissé entendre dans son discours, c’est que Donald Trump n’est pas les États-Unis et qu’il sera une parenthèse dans ce pays. Que les citoyens doivent rester mobilisés et s’impliquer pour défendre les valeurs auxquelles ils croient, c’est d’ailleurs ce qu’il compte faire via la fondation qu’il vient de créer avec sa femme. Comme le dit si bien un éditorialiste de Montréal, Alexandre Sirois : « Barack Obama n’est pas que l’anti-Trump. Il en est aussi l’antidote ».