Fil d'Ariane
Moi c'est le Chirac intime que j'aimerais connaître c'est le témoignage de toutes les femmes qu'il a connues le temps d'une étreinte aussi brève que furtive
— Léon LEVY (@leondeparis9206) September 26, 2019
Monsieur 10 minutes douche comprise ça ne s'invente pas@OMazerolle @DuhamelPatrice @R_Bachelot #LeClubLeChatelier
Au départ, pourtant, Jacques Chirac ne comprenait pas pourquoi Valéry Giscard d’Estaing faisait une priorité du droit à l'interruption volontaire de grossesse. "Les femmes se sont toujours débrouillées, elles continueront", disait-il, jugeant "cette affaire de bonnes femmes" décidément pas une urgence. Mais dans son autobiographie Une vie, Simone Veil raconte qu’une fois connues les directives du président, "Jacques Chirac n’a pas ménagé son soutien à mon égard et a tout mis en œuvre pour que la loi soit votée".
Comme l'explique Mariette Sineau, directrice de recherches au CEVIPOF (Les femmes ministres sous la Ve République, site du Sénat), "L'arrivée de Jacques Chirac à l'Élysée se traduit par une apparente féminisation de la scène, puisqu'il fait entrer douze femmes dans le gouvernement d'Alain Juppé. C'est un nouveau record historique. Pourtant, le rang protocolaire qui leur est imparti ne leur donne guère les moyens d'agir. La mieux placée dans la hiérarchie arrive bonne quatorzième, tandis que la majorité d'entre elles sont secrétaires d'État."
Les femmes du gouvernement Juppé, un reportage du 18 mai 1995 :
"Dans cette équipe pléthorique de 42 membres, elles constituent 28,5 % des effectifs, mais 57 % des secrétaires d'État (8 sur 14) et ... 15 % seulement des ministres à part entière (4 sur 26). Les portefeuilles distribués aux quatre femmes ministres de plein exercice ne marquent aucune rupture symbolique forte", poursuit-elle. Seule nouveauté de ce gouvernement de droite : le choix de femmes jeunes (46 ans en moyenne, contre 48,6 ans pour l'ensemble du gouvernement) et, pour certaines, célibataires (on en compte quatre), précise encore la chercheuse dans son rapport. Un effet symbolique néammoins compensé par la présence de six mères de famille nombreuse.
C'est pendant la cohabitation avec le gouvernement de Lionel Jospin que les femmes font leur retour en force au gouvernement. Constitué le 4 juin 1997, le nouveau cabinet comprend 8 femmes ministres sur 26 soit 30 %. Et surtout, elles sont dotées de responsabilités importantes. Cela correspond aux attentes des Français, 88 % d'entre eux souhaitant alors, selon un sondage CSA, qu'au moins un tiers des postes ministériels soit confié à des femmes. Leur part est presque trois fois plus importante au gouvernement qu'à l'Assemblée nationale (10, 9 %).
Paradoxe français, les femmes sont plus nombreuses à gouverner qu'à légiférer. La loi sur la parité n'a pas mis fin à cette contradiction.
Mariette Sineau, directrice de recherches au CEVIPOF
Cinq femmes sont ministres de plein exercice. Martine Aubry, numéro deux, dirige un grand ministère de l'Emploi et de la Solidarité, Élisabeth Guigou, numéro trois, est la première femme Garde des Sceaux de la République, poste régalien par excellence. Deux représentantes du Parti communiste accèdent à des responsabilités ministérielles, ce qui constitue une première. C'est aussi la première fois qu'une représentante des Verts, Dominique Voynet, entre au gouvernement.
En quatre ans, le taux de féminité des gouvernements de la gauche plurielle n'est jamais redescendu sous le seuil initial de 30 %.
Michele Alliot-Marie, ministre de la Défense, parle à l'oreille du président Chirac, à Paris en novembre 2006.
Jacques Chirac n’était pas antiféministe, mais la condition des femmes n’était pas sa préoccupation première
Armelle Le Bras-Chopard, politiste
La politiste Armelle Le Bras-Chopard, autrice de Le Masculin, le sexuel et le politique, Paris, (Plon, 2004), souligne ce qu'elle appelle le "paradoxe Chirac" : "Il y a eu de très grandes lois sous Jacques Chirac Premier ministre et président. Mais en 1974, la loi autorisant l’IVG était pilotée par Valéry Giscard d’Estaing, comme celle sur le divorce par consentement mutuel en 1975. Puis, quand il a été président, les lois sur la parité venaient de son Premier ministre Lionel Jospin. Jacques Chirac n’était pas antiféministe, mais la condition des femmes n’était pas sa préoccupation première." En fin homme politique, Jacques Chirac savait saisir les évolutions de la société. Alors il suivait.
• 1995 Création de l’observatoire de la parité entre les femmes et les hommes
• 2000 La première loi sur la parité politique est adoptée. Le système éducatif intègre l’égalité des chances pour les filles et les garçons. L'entrave à l'avortement devient un délit. La contraception d’urgence n'est plus soumise à prescription .
• En 2001, le délai légal de l’IVG passe de 10 à 12 semaines. La loi sur l’égalité professionnelle vise les discriminations à l’emploi.
• En 2002 arrivent le congé de paternité, l’autorité parentale conjointe, la garde alternée et la coparentalité. Désormais, l’enfant peut porter le nom de sa mère.
• En 2003 est introduite la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE)
• La loi de 2004 sur le divorce introduit la procédure d'éviction du conjoint violent.
• En 2006 est promulguée la loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, ainsi que la loi sur la prévention et la répression des violences au sein du couple. La notion de respect apparaît dans le contrat de mariage. L’âge légal du mariage pase à 18 ans pour les filles, comme il l'était déjà pour les garçons.
Monsieur le Président, Jacques Chirac
— c.virginie (@2711virginie) September 26, 2019
"Allons boire à nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent"
"Ça m'en touche une, sans faire bouger l'autre "
Jacques #Chirac était aussi contre une politique familiale trop favorable aux femmes salariées.
— Alain-Frappin-P (@AFrappin) September 26, 2019
Il pestait contre ces assistés d'immigrés pauvres. Contre le RSA.
Et j'en passe.#Chirac, les 2 faces. Ange et démon.https://t.co/gUPlqbNJ1D
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