La "grande dame du design", un cliché journalistique qui semble pourtant pertinent pour définir Andrée Putman, morte ce samedi 19 janvier 2013, à Paris. Elle avait 87 ans. La designer française a donné le ton des années 80, avec son style épuré et élégant, à l’occasion minimal. Elle incarnait le chic parisien contemporain : l’aménagement de l’hôtel Morgans à New-York en 1984 la consacre et lui offre une reconnaissance internationale. Par la suite, elle multipliera les créations pour des hôtels, des restaurants et des boutiques de luxe. Elle redécore aussi l'avion Concorde pour Air France. En 1985, Jack Lang, ministre français de la Culture lui demande de dessiner son bureau. Pourtant Andrée Putman est arrivé au design sur le tard. C’est seulement à 53 ans qu’elle crée son agence baptisée Ecart. Auparavant, la jeune fille, née le 23 décembre 1925 à Paris, a failli devenir pianiste. A 19 ans, elle reçoit le premier prix d'harmonie du Conservatoire de Paris des mains du compositeur Francis Poulenc. Mais elle plaque la musique du jour au lendemain et devient coursier pour la revue de mode Femina, une façon de mettre un pied dans la presse féminine qu'elle quitte en 1958. La jeune femme, qui a épousé le marchand d'art Jacques Putman et connaît de nombreux artistes, veut révéler l'art contemporain au plus grand nombre. Finalement, elle optera pour l’art appliqué aux espaces à vivre et aux objets du quotidien. Avec son agence, elle sort de l'oubli des designers de l'entre-deux-guerres comme Robert Mallet-Stevens, Jean-Michel Frank ou Eileen Gray en rééditant leurs meubles La "grande dame du design" était aussi une figure. Grande donc, coiffée d'un carré ondulé blond, élégante dans ses tailleurs Thierry Mugler très structurés, Andrée Putman avait un maintien aussi impeccable que les objets qu'elle dessinait. A la suite de péripéties financières, elle doit renoncer à « Ecart ». Elle se relance et crée en 1997 l'Agence Andrée Putman, aujourd'hui dirigée par sa fille Olivia. Travailleuse acharnée, exigeante, perfectionniste, Andrée Putman a fui jusqu'au bout l'idée de prendre sa "retraite".