Fil d'Ariane
A 22 ans, Saza Faradilla a découvert qu'elle avait subi une mutilation génitale quand elle était bébé, une pratique controversée qui persiste dans la minorité malaise musulmane de Singapour. "Je me suis sentie trahie", raconte-t-elle. Saza n'a appris avoir subi cette mutilation que le jour où elle a protesté contre l'opération prévue pour une jeune parente. "J'étais extrêmement choquée, et je me sentais vraiment, vraiment violée", explique la jeune femme de 26 ans. Saza a alors interrogé sa mère. "Elle m'a dit que j'avais été 'coupée' parce qu'elle ne voulait pas que je devienne adultère, parce que c'est plus propre, et que cela fait partie des traditions religieuses".
So important to begin the discourse on FGM in Asia #FGMisGlobal #FGMinSingapore https://t.co/MzLHWy7wiB
— Saza Faradilla (@SazaFaradilla) July 22, 2020
Difficile cependant, de s'attaquer à un sujet aussi tabou que la sexualité des femmes. La réticence de la communauté malaise à en discuter ouvertement rend ce combat encore plus ardu, expliquent les militantes. Accusées de ne pas être de bonnes musulmanes, certaines cachent leur engagement à leur famille pour éviter les tensions.
Il n'existe pas de statistiques sur ces mutilations à Singapour, mais selon un sondage empirique effectué par les militantes auprès de femmes musulmanes, 75% d'entre elles sont concernées. La communauté malaise musulmane représente environ 10% des 5,7 millions de Singapouriens, en majorité d'origine chinoise. Sur ce délicat sujet, le Conseil islamique de Singapour, qui fournit des conseils religieux, s'est prononcé contre les mutilations sexuelles "dont il a été médicalement prouvé qu'elles créent des dégâts".On observe cependant peu de signes de recul des mutilations génitales féminines à Singapour, où elles ne sont ni interdites, ni officiellement condamnées. Les militantes ne demandent pas d'interdiction, craignant que la pratique se fasse alors clandestine, mais elles voudraient que les autorités disent clairement qu'elle n'est pas médicalement souhaitable et que le Conseil islamique souligne qu'il ne s'agit pas d'une obligation religieuse. Mais les vieilles habitudes sont difficiles à changer.
Je ne saurai jamais ce que c'est de se sentir entière, ou pure. On m'a volé cela.
Zubee Ali, militante contre les MGF
Zubee Ali a subi, enfant, une mutilation génitale. Malgré la pression sociale, elle a refusé que ses deux filles en soient victimes. Mais cette femme de 59 ans n'a pas pu convaincre ses frères et soeurs de l'éviter à ses nièces et petites-nièces. "C'est une pratique qui n'a aucun sens, et va à l'encontre de la façon dont nos filles devraient être éduquées", affirme-t-elle. Au-delà de la douleur de l'opération, Zubee regrette d'avoir été privée pour toujours d'une partie d'elle-même. "Je ne saurai jamais ce que c'est de se sentir entière, ou pure. On m'a volé cela".
Les Nations unies estiment qu'au moins 200 millions de filles et de femmes ont déjà subi une mutilation génitale dans le monde. 31 pays à travers l'Afrique, le Moyen orient ou l'Asie sont concernés, même si l'ampleur exacte du problème reste difficile à mesurer.
Les #MGF et l’#excision sont des pratiques dangereuses aux conséquences dramatiques sur la santé des filles et femmes.
— UNICEF France (@UNICEF_france) February 2, 2021
Pourtant, elles restent répandues dans de nombreuses régions du monde.
La mobilisation doit continuer pour éradiquer ces pratiques néfastes.#StopMGF pic.twitter.com/71InlN0qrY
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