" déclare Eric Schneiderman dans un bref communiqué.
Le procureur général de New York, 63 ans, quelques heures plus tôt, venait d'être mis en cause dans un article de seize pages du
New Yorker. La police de New York a cependant indiqué le 7 mai qu’aucune plainte n’avait été déposée contre lui.
"Violence physique non consensuelle"
Quatre femmes avec qui ce haut magistrat a eu des relations sexuelles accusent Eric Schneiderman de les avoir soumis "
à une violence physique non consensuelle".
Ironie cruelle, le 16 avril 2018, quand le
Times et le
New Yorker recevaient le prix Pulitzer pour leur enquête et le traitement des affaires concernant le harcèlement sexuel, le procureur publiait un tweet de félicitations, louant "
les femmes et les hommes courageux qui ont parlé du harcèlement sexuel qu'ils ont enduré aux mains d'hommes puissants. Sans ces femmes, a-t-il noté
," il n'y aurait pas de jugement national critique en cours ".
Le voilà servi.
Des jeux de rôle ?
Mais qui sont donc ces femmes qui osent s'en prendre à ce démocrate puissant, ennemi intime de Donald Trump ? Il s'agit de deux militantes féministes, Michelle Manning Barish et Tanya Selvaratnam et de deux autres personnes, dont une avocate, qui préfèrent, elles, conserver leur anonymat.
Pourquoi parler aujourd'hui ? Elles affirment au New Yorker que leurs témoignages pourront protéger d'autres victimes. Toutes soutiennent que Eric Scheinderman les a frappées à plusieurs reprises à l'oreille et au visage, souvent après avoir bu, fréquemment au lit et jamais avec leur consentement. Ce dont se défend l'ex-procureur : "
Dans l'intimité des relations privées, j'ai participé à des jeux de rôles et à d'autres activités sexuelles consensuelles. Je n'ai attaqué personne. Je n'ai jamais eu de rapports sexuels non consensuels, une limite que je ne voudrais pas franchir."Tanya Selvaratnam, écrivaine, évoque aussi les menaces à son endroit. Selon elle, le procureur l'aurait avertie qu'il pouvait la faire suivre et que ses téléphones étaient sous écoute. Michelle Manning Barish et Tanya Selvaratnam affirment aussi qu'il a menacé de les tuer si elles rompaient avec lui.
Vous ne pouvez pas être un champion des femmes quand vous les frappez et les étouffez dans votre lit
Tanya Selvaratnam
Eric Schneiderman, Dr Jekyll et M. Hyde ?
Ces femmes ont aussi un point en commun, celui d'avoir admiré un homme très fortement engagé contre les violences faites aux femmes, encore honoré le 1er mai. Acceptant le prix "Champions of Choice" lors d'un déjeuner annuel pour collecter des fonds, il affirmait la main sur le coeur : "
Si une femme ne peut pas contrôler son corps, elle n'est pas vraiment égale."
Tanya Selvaratnam ne mâche pas ses mots. Aujourd'hui, elle déclare, cinglante : "
Vous ne pouvez pas être un champion des femmes quand vous les frappez et les étouffez dans votre lit". Elle affirme que Schneiderman la surnommait son "
esclave noire". "
Nous ne pouvions que rarement avoir des relations sexuelles sans qu’il me batte" dit-elle.
La productrice détricote l'engagement du procureur dans l'enquête Weinstein qui déclarait alors : "
Nous n'avons jamais rien vu d'aussi méprisable que ce que nous avons vu ici".
Tanya Selvaratnams, aujourd'hui, s'interroge : "
Comment pouvez-vous mettre un tel responsable en charge de l'affaire d'agression sexuelle la plus importante du pays ?". Elle le décrit comme "
une figure du Dr Jekyll et M. Hyde ". Toujours dans le
New Yorker, elle ajoute que le voir s'afficher en partisan des femmes l'a rendue
"malade". "C'est un homme qui décrit toute sa carrière, son récit personnel, jalonné de faits d'armes le dépeignant comme un champion de la cause ses femmes, en public. Alors qu'il les abuse en privé. .. " Prendre une femme forte et la déchirer est sa gourmandiseManning Barish
Des signes de contrôle et de comportement abusif
Manning Barish, qui fit sa connaisssance en juillet 2013, n'est pas moins acide
: "Son hypocrisie est épique. Il a trompé tant de gens." dit-elle. Les journaux voyaient en cette ancienne blogueuse, mère célibataire, une future madame Schneiderman. Mais les
choses ont pris rapidement une tournure inquiétante.
Le
New Yorker écrit : "Manning Barish a commencé à voir des signes de prise de contrôle et de comportement abusif. Peu de temps après avoir commencé à sortir avec Schneiderman, il lui a dit de retirer un petit tatouage de son poignet; il n'était pas convenable pas, disait-il, si elle devenait l'épouse d'un homme politique. (...) Rétrospectivement, c'était la première étape pour essayer de contrôler son corps." Ce qu'elle résume ainsi : "
Prendre une femme forte et la déchirer est sa gourmandise".
Selon elle, environ quatre semaines après leur relation physique, Schneiderman est devenu violent. Une nuit, ils étaient dans la chambre de son appartement de l'Upper West Side (New York), encore vêtus, mais se préparant à aller au lit. Il l'a appelée «putain», et elle a répondu. Ils avaient bu tous les deux, et le souvenir de leur conversation est flou, mais ce qui s'est passé ensuite reste vif. (...) "
Tout d'un coup, il m'a giflée à main ouverte et avec beaucoup de force. Je veux que ce soit absolument clair : ce n'était en aucun cas un jeu sexuel qui a mal tourné. Cela ne s'est pas produit pendant que nous faisions l'amour. J'étais complètement habillée et je suis restée comme ça. C'était complètement inattendu et choquant. Je n'ai pas consenti à une agression physique. "Et d'évoquer, témoins à l'appui, une très forte addiction à l'alcool dont serait victime Eric Schneiderman.
Nul n'est au dessus des lois ?
La nouvelle de cette démission et ses cascades de révélations ont stupéfait la classe politique et les féministes américaines.
Donald Trump Jr, le fils du président américain, s'est empressé de fouiller le compte Twitter d’Eric Schneiderman pour mieux railler l'adversaire politique désormais à terre : "
Cela a été rapide. Je pensais qu'il tiendrait au moins 6 ou 7 heures". Citant une ancienne déclaration où le procureur affirmait
" Nul n’est au-dessus de la loi et je continuerai de le rappeler chaque jour au président Trump et à son administration ». Donald Trump Jr lui répond à présent
" Vous disiez ???? "Tandis q'un autre partisan de ce président qui se régale de son machisme rappelle ce que Trump avait dit de ce procureur démocarte : "Weiner est parti, Spritzer est parti, le prochain Eric Schneiderman, est-il un escroc ?
Attendez et voyez, ce sera pire que Spitzer et Weiner."
Une féministe leur rappelle alors ce que sont les électeurs de Trump et ajoute "
que la culture de l'abus des femmes est soutenue par cette administration Trump" :
Et ce qui arrive au procureur pourrait bien se retourner contre le président républicain : "
Si Schneiderman démissionne, quand donc Trump va-t-il être tenu responsable de ses agressions sexuelles !!!!!!!!!!!!!!!!!"
Tandis qu'une autre voit là une belle opportunité pour faire revenir Hillary Clinton dans l'arène politique. Elle écrit :
"Il pourrait y avoir un avantage à la démission d'Eric Schneiderman si le gouverneur Cuomo devait nommer Hillary Clinton comme procureure générale de NY. Tweetez si vous pensez que Hillary devrait prendre sa place ! "