En 2012, 76% des catalogues de jouets faisaient une distinction en fonction du sexe
Mais le sexisme dans les jouets et le cloisonnement filles garçons sont des phénomènes beaucoup plus récents qu'on ne l'imagine.
Mona Zegai, sociologue spécialisée dans la recherche sur le genre, l’enfance et les jouets, s’est penchée sur d’anciens catalogues de jouets. Surprise : les magazines de jouets des années 50 faisaient beaucoup moins de distinctions filles/garçons. « Les jouets étaient classés par simples catégories (voitures, poupées, peluches), il n’étaient pas rangés par catégorie de sexe ».
Ce n’est finalement qu’au milieu des années 90, qu’arrivent les pages bleues et roses bonbon, alors que les anciennes étaient imprimées en noir et blanc, avec surtout une description des jouets à vendre.
En 2012, après avoir épluché dix-sept catalogues de jouets, la sociologue réalise alors que les trois quarts font une distinction en fonction du sexe de l’enfant, sur lequel le marketing s’appuie. Couleurs, logos, formes, mots, styles d’écritures, tout y passe pour distinguer les jouets fille et garçon, même les slogans. Dans un catalogue Carrefour de Noël 2009 on peut y lire : « Chariot médical tronic : le chariot idéal pour jouer au médecin », accompagnant la photo d’un petit garçon et « Clean service : super ton chariot pour faire le ménage dans toute la maison », accompagnant la photo d’une petite fille.
Les garçons dans les catalogues sont le plus souvent représentés en lunettes, comme des héros aux supers pouvoirs qui montrent leurs poings et leur regard méchant. Ils ont les jambes écartées, portent des armes, près à affronter le danger de l’extérieur. Compétition et réussite sont les messages implicites véhiculés aux petits garçons. Les filles, elles, sont représentées en intérieur, dans un travail domestique de femme au foyer. Toujours souriantes, le visage doux, en posture et costume de princesses, elles incarnent la sécurité, la coopération mais aussi une certaine passivité.