Back to top
L'Allemagne a bouleversé le 7 juillet 2016 sa définition du viol, jusqu'alors plus restrictive qu'ailleurs, avec un vote du Bundestag (Parlement) qui tranche un tumultueux débat ravivé par les agressions du Nouvel An à Cologne et le procès d'une jeune mannequin.
Tout acte sexuel commis "contre la volonté identifiable d'une autre personne" est désormais une infraction pénale, prévoit ce texte adopté par le Bundestag à l'unanimité des 601 votants et salué par une ovation debout, face à la chancelière Angela Merkel.
Si la victime exprime de la résistance par des mots ou des gestes
"C'est un jour historique !" proclame sur twitter @Alex_Eul, journaliste à Emma, le magazine emblématique des féministes allemandes historiques, fondé par Alice Schwarzer, aujourd'hui contestée par une nouvelle génération de militantes.
It's a #HistoricMoment: From today on #NoMeansNo in #Germany! #SexualViolence #NeinHeißtNein #Feminism https://t.co/i1Mol5rEEG
— AlexEul (@Alex_Eul) 7 juillet 2016
Stellungnahme meiner Fraktion zur Abstimmung über #neinheisstnein - gegen Sippenhaft und leichtere Abschiebungen https://t.co/vaYcsSgrzA
— Cornelia Möhring (@Conni_Moehring) 7 juillet 2016
Congratulations #Germany! #NeinHeisstNein! Show support, use banner from #FrauenGegenGewalt: https://t.co/JkE700g7ml pic.twitter.com/tEvBYwSYZb
— WAVE Network (@WAVE_europe) 7 juillet 2016
Ce texte, qui exclut les rapports imposés sous la menace de représailles professionnelles ou lorsque la victime est ivre, inconsciente ou tétanisée, est depuis longtemps critiqué pour son caractère restrictif.
La BFF, un mouvement de soutien aux victimes de violences, avait répertorié en 2014 107 cas d'agressions sexuelles échappant aux poursuites. Il a salué "l'important changement de paradigme" que représente le vote.
Le gouvernement avait présenté en mars 2016 son projet de loi qui s'abstenait de toucher à l'article 177 et ajoutait seulement un nouveau cas "d'abus sexuel", couvrant les relations avec une personne "incapable de résistance".
Mais cette voie prudente a été balayée par un double mouvement : l'émotion née des centaines d'agressions sexuelles contre des femmes commises le soir du Nouvel An à Cologne, qui n'ont abouti à aucune condamnation, et le procès pour "dénonciation calomnieuse" d'une mannequin qui avait porté plainte pour viol.
A retrouver dans Terriennes :
> Après les violences de Cologne, penser le féminisme
> Le "bras de distance" désarmant de Henriette Reker après les agressions sexuelles de Cologne
Rien ne rapproche ces deux événements, sinon leur influence directe sur le travail législatif : l'exemple de Cologne dicte plusieurs dispositions du nouveau texte adopté jeudi, alors que l'affaire Gina-Lisa Lohfink, fin juin 2016, avait relancé la campagne du "non, c'est non", décliné dans toutes les langues - No Means No, #NeinheisstNein
Gina-Lisa Lohfink, 29 ans, ancienne participante de l’émission « Germany’s Next Topmodel », était accusée par le parquet de Berlin d’avoir accusé à tort de viol en réunion deux hommes avec lesquels elle a eu des relations sexuelles une nuit de juin 2012 : le footballeur professionnel irano-allemand Pardis F. et une connaissance de ce dernier, Sebastian C., « accompagnateur de VIP » de profession, qu’elle avait rencontrés lors d’un gala de bienfaisance.
Filmés par les deux hommes, les ébats ont ensuite été diffusés sur internet. Sur l’une des vidéos, toujours en ligne, la jeune femme dit à trois reprises « Non, non, non ! », et « Arrête ! ». Mais sur les autres vidéos, on la voit chanter, danser et embrasser Pardis F. et Sebastian C., également pendant les rapports sexuels.
Comme après les agressions de Cologne, les féministes s'étaient immédiatement mobilisées pour peser sur les législateurs, autour du mot-dièse #TeamGinaLisa...
Warum der Fall Gina-Lisa Lohfink für Feministinnen wichtig ist, erklärt @_juliaschramm https://t.co/UDsbuBm2q1 (a) pic.twitter.com/bixOuAvGP8
— Jungle World (@Jungle_World) 30 juin 2016
Nein heißt Nein. Noch Fragen? https://t.co/belGH6uzxt
— taz (@tazgezwitscher) 7 juillet 2016