Fil d'Ariane
Le gouvernement norvégien veut accroître la parité dans le monde des affaires. D'ici 2028, 20.000 nouvelles entreprises -moyennes ou grandes - devront respecter des quotas hommes-femmes dans leurs conseils d'administration.
La Norvège a adopté la loi sur l’égalité des genres en 1978. Des quotas sont appliqués dans le secteur public pour la présence de 40% de femmes, le gouvernement actuel veut aller plus loin et toucher plus d'entreprises secteur privé.
Un Premier ministre -Jonas Gahr Støre - entouré de dix femmes sur dix-huit ministres : avec donc plus de femmes que d'hommes dans son gouvernement, la Norvège se place en chef de file en matière d’égalité entre les sexes. Faut-il d'ailleurs rappeler que ce pays arrive régulièrement sur le podium de tête du classement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en matière d'égalité des sexes.
Après avoir été gouverné pendant huit ans par une femme, ce pays scandinave fait office d’exemple sur ces questions. Exemple : le congé parental se partage entre les deux parents, qui pendant 10 mois sont indemnisés par l’État indemnise à hauteur de 100 % du salaire. Autre mesure symbolique forte : depuis 2017, les joueuses de l’équipe de foot de Norvège gagnent autant que les hommes. Pour atteindre cette égalité, les hommes ont même consenti à baisser leur salaire.
PIonnier en bien des matières, il impose aussi depuis 2004 à ses groupes publics et depuis 2008 aux plus grosses entreprises cotées en Bourse d'avoir au moins 40% de femmes (ou d'hommes dans les rares cas où les femmes sont sur-représentées) dans leur conseil d'administration, sous peine de devoir mettre la clé sous la porte.
Avec le soutien des principales organisations patronale (NHO) et syndicale (LO), le gouvernement de centre gauche propose d'introduire progressivement, au fil des ans, des exigences similaires dans les autres grandes et moyennes entreprises, en fonction de leurs chiffres d'affaire et de leurs effectifs.
Depuis 2003, le syndicat patronal offre des formations accélérées aux femmes : les entreprises membres peuvent ainsi proposer aux employées en qui elles croient de participer à cette formation annuelle afin de progresser plus rapidement dans la hiérarchie de l'entreprise.
La Norvège est le premier pays au monde qui fait ce pas. Jan Christian Vestre, ministre norvégien du Commerce et de l'Industrie
Avec les critères retenus pour 2024 (un chiffre d'affaires annuel d'au moins 100 millions de couronnes, soit environ 8,7 millions d'euros), ce sont quelque 8.200 entreprises qui seront concernées par la mesure l'an prochain. Puis, la barre du chiffre d'affaires ou des effectifs étant abaissée d'année en année, un peu plus de 20.000 entreprises norvégiennes devront respecter le quota en 2028.
"La Norvège est le premier pays au monde qui fait ce pas", s'enthousiasme le ministre du Commerce et de l'Industrie, Jan Christian Vestre, en détaillant un projet dont les grands principes avaient été annoncés en décembre 2022.
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A ce jour, les femmes n'y occupent qu'environ 20% des postes d'administrateur, une moindre progression par rapport aux 15% enregistrés il y a 20 ans.
Parité et diversité peuvent contribuer à plus d'innovations, un meilleur milieu professionnel, des décisions plus intelligentes et une création de valeur accrue.
Jan Christian Vestre, ministre norvégien du Commerce et de l'Industrie
"En 2023, nous avons encore des différences trop grandes dans les conseils d'administration norvégiens", constate an Christian Vestre. Parité et diversité, relève-t-il, peuvent contribuer "à plus d'innovations, un meilleur milieu professionnel, des décisions plus intelligentes et une création de valeur accrue".
Minoritaire au Parlement, le gouvernement de centre au gauche a besoin de l'appui d'autres formations pour faire adopter son projet, lequel est donc susceptible d'être modifié.
"Depuis 1972, la participation croissante des femmes au monde du travail a eu un plus grand impact sur le PIB norvégien que l’ensemble de la richesse pétrolière", selon le rapport de l'institut de recherches sociales d'Oslo. "Si la proportion de femmes au travail était restée au même niveau, le PIB norvégien aurait été privé de 3 300 milliards de couronnes (523 milliards CAD ou 372 milliards d’euros)", rapporte le site agence-science-presse.ca. "D’autre part, on estime que si les femmes avaient travaillé autant que les hommes pendant cette quarantaine d’années, le pays aurait vu son PIB augmenté de 2 300 milliards de couronnes (364 milliards CAD ou 259 milliards d’euros)", est-il précisé.
Les femmes sont aussi plus nombreuses à occuper des postes à temps partiel et nettement moins nombreuses dans les postes de direction. Line Berg
Selon Line Berg, de l’université des sciences et technologies de Trondheim (NTNU), citée dans cet article, "La Norvège compte parmi les pays où les femmes travaillent le plus, avec la Finlande et L’Islande, mais elle encore très loin derrière en ce qui concerne la proportion de femmes qui oeuvrent dans des secteurs non traditionnels. Les stéréotypes sont encore vrais : en grande majorité, les Norvégiennes occupent des emplois dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la fonction publique." Et de dresser ce constat en demi-teinte : "Les femmes sont aussi plus nombreuses à occuper des postes à temps partiel et nettement moins nombreuses dans les postes de direction".
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