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"Elles s’appellent Fatima, Marie, Rokhaya, Nadia. Elles ont été harcelées dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Elles s’appellent Laura, Marine, Leïla. Elles ont été harcelées sexuellement au travail. Elles s’appellent Mié, Caroline, Lauriane. Elles ont été violées par un proche, certaines lorsqu’elles étaient enfants. Elles s’appelaient Amélia, Raouiyah, Magali, Jasmine, Razia. Elles ont été tuées par leurs conjoints ou leurs ex-compagnons", ainsi débute la tribune rendue publique ce lundi 19 novembre 2018 dans Mediapart et sur France Inter.
Une tribune signée par de nombreuses personnalités de la scène culturelle française, telles que les écrivaines Marie Darrieussecq et Annie Ernaux, les comédien.ne.s Isabelle Carré, Karin Viard, Philippe Torreton, les chanteurs Catherine Ringer, Jeanne Cherhal et Arthur H ou encore la journaliste Rokhaya Diallo ou l'humoriste Guillaume Meurice.
"Selon l'Organisation des Nations unies, une femme sur trois subira des violences au cours de sa vie. En France, chaque jour, plus de 250 femmes sont violées. Une femme sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail. 16% de la population a été victime de violences sexuelles pendant son enfance", est-il rappelé. Rappel toujours nécessaire.
"Les violences sexistes et sexuelles empêchent plus de la moitié de l'humanité, les femmes et les filles, d'exercer leurs droits fondamentaux. Elles bouleversent leur vie entière", expliquent les signataires, qui insistent aussi sur les difficultés ajoutées par le handicap, la couleur de peau, la précarité ou l'orientation sexuelle.
Nous signons ce texte car nous avons été victimes ou parce que nos sœurs, nos mères, nos amoureuses, nos collègues ou nos amies l’ont été.
Extrait de la tribune publiée sur France Inter et Mediapart
Tou.te.s réclament dans ce texte des "politiques publiques ambitieuses de prévention qui pourraient changer les comportements", et demandent qu'un effort soit fait pour une "éducation obligatoire dès le plus jeune âge à la non-violence et à l'égalité filles - garçons", "une formation systématique des professionnel.le.s qui accueillent les victimes" ou "l'augmentation significative des moyens alloués aux associations".
"Nous signons ce texte car nous avons été victimes ou parce que nos sœurs, nos mères, nos amoureuses, nos collègues ou nos amies l’ont été", lit-on également dans cette tribune.
Voilà pourquoi, il est aussi important, selon ces personnalités de "devenir un maillon de la chaîne pour lutter contre ces violences", notamment "en réagissant lorsqu'un propos sexiste ou relevant du harcèlement sexuel est tenu dans les repas de famille, dans la rue ou au travail".
Dans une tribune publiée dans le journal le Monde, des responsables syndicaux, dont Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), François Hommeril (CFE-CGC) ou Pascale Coton (CFTC) appellent également à participer à cette marche du 24 novembre "pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes au travail".
Les victimes qui dénoncent les violences subies doivent être protégées dans leur carrière et leur emploi.
Tribune de responsables syndicaux publiée dans Le Monde
Présentant ces violences au travail comme "un angle mort", ils préviennent que "cette réalité, inadmissible, n'est pas une fatalité: des solutions existent qui nécessitent une réelle volonté politique et des moyens au-delà des déclarations d'intention".
Les syndicalistes rappellent aussi que la loi contraint tout employeur du secteur privé comme de la fonction publique à assurer la sécurité et à protéger la santé physique et mentale des travailleurs, "Les victimes qui dénoncent les violences subies doivent être protégées dans leur carrière et leur emploi. Elles doivent pouvoir bénéficier d’aménagements d’horaires et de poste, de congés, de mobilité fonctionnelle ou géographique à leur demande, et de soins".
(Colloque sur le harcèlement sexuel au travail, co-organisé par la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS) et la Fondation Jean-Jaurès à Paris, le 19 novembre 2018)
Toujours dans le quotidien Le Monde, un collectif d'avocat.e.s publie ce lundi 19 novembre une tribune sous le titre "Violences sexuelles : Changeons le droit !". "La justice – comme la police, l’école ou l’hôpital – n’échappe pas aux stéréotypes, idées reçues et préjugés sur les violences sexuelles et sur les femmes qui en sont victimes", indique le communiqué.
Certains outils fondamentaux pour les femmes victimes de violences, comme l’ordonnance de protection, qui existe depuis près de dix ans, sont sous-utilisés par les juges aux affaires familiales.
Tribune des magistrat.e.s dans Le Monde
Les magistrat.e.s signataires soulignent le manque de formation systématique de l’ensemble des professionnels du droit sur cette question : "Certains outils fondamentaux pour les femmes victimes de violences, comme l’ordonnance de protection, qui existe depuis près de dix ans, sont sous-utilisés par les juges aux affaires familiales". Selon le collectif, cette ordonnance pourrait mettre en sécurité de nombreuses femmes victimes de violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint, "Alors que l’Espagne en délivre plusieurs dizaines de milliers par an, la France n’en attribue qu’à peine plus d’un millier".
Les avocat.e.s réclament aussi la pleine application de la Convention d’Istanbul (convention européenne ratifiée en 2014 par la France). Cela permettrait, est-il précisé également, "d’éviter de sous-qualifier ou de requalifier les crimes en délits comme on le voit trop souvent. On l’a vu récemment dans plusieurs affaires de viols sur mineurs, des requalifications en « atteinte sexuelle » comme si un enfant pouvait consentir à un rapport sexuel avec un adulte".
Le collectif citoyen #Noustoutes, initié par des militant.e.s féministes a déjà recueilli plus de 125.000 signatures à son appel à marcher samedi 24 novembre 2018. La marche partira de la Place de l'Opéra, à Paris, à 14h. Déjà 50 rassemblements sont prévus partout en France. Une pétition en ligne sur le site de Change.org a déjà recueilli 150.000 signatures.
Mercredi 21 novembre au soir, #NousToutes expliquait que le mouvement ne renonçerait pas à ce rassemblement, cela malgré l'appel des gilets jaunes (lire l'article de la rédaction ici) à bloquer Paris le même jour : "À ceux qui nous demandent si nous avons envisagé d’annuler notre marche la réponse est non. Les violences contre les femmes sont un enjeu social, politique, économique et culturel de premier plan, elles ne peuvent pas être reléguées au second rang".
A quelques jours du rassemblement, les troupes se mobilisent, en version traditionnelle, des milliers de tracts informatifs ont été distribués dans les boites aux lettres de France et de Navarre, mais bien évidemment en version 3.0, sur les réseaux sociaux. Avec le hashtag #jemarchele24 , le collectif publie sur sa page Facebook et Twitter des visuels rappelant les chiffres clés des violences sexistes et sexuelles. Exemple : "Une femme n’est jamais responsable des violences qu’elle subi. Jamais.", partagé près de 7000 fois sur Facebook.
Je marcherai le 24 pour dire notre ras-le-bol, notre colère face aux insultes, aux menaces, au harcèlement de rue, au harcèlement au travail, aux violences conjugales, à la culture du viol, aux meurtres, aux viols, aux mariages forcés, aux mutilations sexuelles, aux violences économiques et à toutes les violences qui touches les femmes parce qu'elles sont femmes.
LaPoudre, podcast féministe
Une douzaine de Youtubeuses et podcasteuses féministes se sont associées pour réaliser un appel à manifester le 24 novembre. "Je marcherai le 24 pour dire notre ras-le-bol, notre colère face aux insultes, aux menaces, au harcèlement de rue, au harcèlement au travail, aux violences conjugales, à la culture du viol, aux meurtres, aux viols, aux mariages forcés, aux mutilations sexuelles, aux violences économiques et à toutes les violences qui touches les femmes parce qu'elles sont femmes", peut-on entendre dans ce message lu à plusieurs voix.
D'autres mouvements militants seront aussi de la marche ce 24 novembre à Paris, comme Le collectif #TRANSGRRRLS, groupe d'autodéfense transféministe, et membre de #NousAussi, a lancé via twitter un appel aux personnes transgenres et/ou non binaires à se rassembler, derrière la bannière #Noustoutes.
« Le collectif #TRANSGRRRLS, groupe d'autodéfense #transféministe, membre de #NousAussi, appelle les personnes #trans et/ou #nonbinaires à nous rejoindre le #24N pour former un #TRANSBLOC »
— Asamblea Feminista París (@afeministaparis) 17 novembre 2018
+Info dans notre Facebook#harcelement #JeMarcheLe24 #NousToutes #violencesexuelle #Paris pic.twitter.com/TDq9T9nd4M
Enfin, parmi les nombreux appels à manifester, impossible ici de ne pas mentionner celui des femmes journalistes. Un communiqué a été diffusé par voie de mail dans les rédactions, dont voici la teneur :"Nous, femmes journalistes, ferons partie du mouvement. Parce que nos rédactions ne sont pas épargnées par ces violences. Et parce que les violences contre les femmes sont systémiques, et doivent être traitées comme telles dans nos journaux, sur nos sites et nos antennes." Le texte conclut sur une invitation à signer la tribune #NousToutes,journalistes et à la partager avec le plus grand nombre.
A la veille du rassemblement du 24 novembre, une tribune a été publiée par Franceinfo, signée par 409 femmes journalistes, expliquant pourquoi elles prennent part au mouvement #NousToutes. Dénonçant le sexisme et les violences sexuelles au sein des rédactions, elles pointent également du doigt les inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes journalistes.
Et les hommes ? Il sont aussi du mouvement, comme le montre ce clip réalisé par une agence de publicité Mad&Women aux côtés de l'association Women Safe. Plusieurs acteurs, Manu Payet, Guillaume Meurice, Tristan Lopin ou Monsieur Poulpe disent avec leurs mots leur soutien à cette marche, et invitent leurs concitoyens à imaginer les conséquences d'une agression sexuelle s'ils en étaient victimes, de manière inversée... Exemple : "Imagine, une petite tape sur les couilles tous les matins !"
Il faut arrêter avec les traitements symptomatiques des violences faites aux femmes et cela ne passe pas par le plus petit dénominateur commun mais par des bouleversements systémiques.
Extrait du communiqué de Femmes solidaires
Femmes solidaires rappelle quels sont ses deux fers de lance : "le combat avant-gardiste du Mouvement pour l’abolition de la prostitution et de la pornographie (MAPP)" et "l'alignement des droits des femmes par le haut dans un cadre universaliste"
"Il faut arrêter avec les traitements symptomatiques des violences faites aux femmes et cela ne passe pas par le plus petit dénominateur commun mais par des bouleversements systémiques", conclut le collectif, précisant qu'il organise une centaine d'évènements à travers la France, à l'occasion de la Journée internationale du 25 novembre .
Communiqué #SansNous Pourquoi @Femmessolidaire #abolitionniste #universaliste ne marchera pas le 24 novembre pas de Plus Petit Dénominateur Commun pic.twitter.com/so5GjPyBym
— Femmes solidaires (@Femmessolidaire) 19 novembre 2018
Une Française sur quatre victime d’atteinte à caractère sexiste ou sexuel au cours de l’année écoulée, par @scordier via @LaMatinale_M https://t.co/eL7JIyQDb7
— Jérôme Fenoglio (@JeroFeno) 19 novembre 2018
Résultat : une femme sur quatre (24 %) déclare avoir subi au moins une atteinte ou violence de ce type au cours de la dernière année. en France. 48% confient également qu’elles ont déjà été abordées avec insistance par des inconnus malgré leur absence de consentement, 31 % disent avoir fait l’objet de caresses ou d’attouchements à caractère sexuel non consentis dans la rue.
Au cours de leur vie, 86 % des Françaises interrogées disent avoir été victimes d’une forme d’atteinte ou de violence à caractère sexiste ou sexuel (92% en Espagne, 83% en Allemagne).
En 1999, par sa résolution 54/134, l'Assemblée générale des Nations Unies proclamait le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et invitait les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à organiser ce jour-là des activités conçues pour sensibiliser l'opinion au problème de la violence à l’égard des femmes. Dix-neuf ans plus tard, la déferlante mondiale #MeToo a changé la donne en permettant à des milliers/millions de femmes de libérer leur parole, mais plus que jamais, lutter contre les violences reste un combat au quotidien, le 24, le 25 novembre et tous les autres jours.
Retrouvez Marion Schaeffer, membre du collectif #NousToutes sur le plateau de TV5monde :
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