Depuis plus de dix ans, les femmes maliennes attendent un nouveau Code de la famille pour que leurs droits fondamentaux soient enfin respectés. Or, le 2 décembre 2011, l’Assemblée nationale malienne a adopté un texte qui, au contraire, perpétue les discriminations. Avec cette adoption, le Mali se met en porte-à-faux avec ses engagements internationaux (1).
En tant que femme, Fatimata Bakhaga Kamara a eu un parcours inaccoutumé qu’elle doit particulièrement à son père qui l’a beaucoup encouragée à faire des études. Son statut de femme lettrée lui permet aujourd’hui de jouer un rôle modèle dans la société malienne.
« Mon père tenait à ma réussite »
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En 2009, elle est la première femme élue à la tête du Conseil de Cercle de Kéniéba, une des collectivités territoriales du Mali, alors que la place de la femme dans les institutions de la République est plus que symbolique. Les femmes représentent seulement 10% des députés de l’Assemblée nationale et au niveau communal, leur présence est encore plus faible : 6% de femmes sur les 11 438 conseillers municipaux et sur les 703 communes, seules 5 femmes ont été élues maire.
« Certains hommes ont des idées biscornues »
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Si la société malienne considère que les enfants de sexe masculin comme un meilleur investissement, reste que les autorités maliennes ne font rien pour faire respecter les lois déjà existantes qui protègent les femmes de la discrimination à l’éducation et à l’emploi.
« Beaucoup de difficultés pour la scolarisation des filles »
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Après quelques années d’études à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako, Fatimata Bakhaga Kamara arrête ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1991, elle se lance dans l’enseignement public alors qu’elle s’apprêtait à émigrer en Côte d’Ivoire où les conditions de travail étaient beaucoup plus intéressantes. En 2000, elle devient conseillère pédagogique chargée de la scolarisation des filles au Centre d’Animation Pédagogique de Kéniéba. C’est là que Fatimata Bakhaga Kamara est confrontée à la dure réalité des filles maliennes : près de 95% des femmes qui vivent dans les zones rurales sont analphabètes contre 75% en milieu urbain alors qu’une fille sur deux est mariée à l'âge de 16 ans. Pour Fatimata Bakhaga Kamara il est indéniable que le mariage précoce des filles constitue un obstacle à leur scolarisation. Elle décide d’agir dans le cadre de ses fonctions mais aussi politiquement en s’investissant dans des associations féminines pour à la fois changer les mentalités des parents et faire bouger les politiques sur l’importance de l’accès des filles à l’éducation afin d'assurer une égalité des chances avec les garçons. (1)En 1985, le Mali avait ratifié la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et en 2005, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes.