Fil d'Ariane
Océanerosemarie est à l'affiche du spectacle "Chatons Violents" actuellement à la Gaîté-Montparnasse à Paris. L'humoriste ouvertement lesbienne (son avant dernier spectacle s'appelait "La lesbienne invisible") n'hésite pas à aborder des sujets de société dits sensibles, voire réputés casse-gueules. Sur l'Islam, elle veut notamment tordre le cou aux clichés, en particulier sur le port du voile. Elle était invitée de "Maghreb-Orient Express" ce dimanche 1er novembre 2015.
J’ai plein de copines voilées, elles ont toutes choisi de l’être
Dans cet extrait, l’humoriste revient sur cet islamo-fantasme qui traverserait la France, en particulier sur l’obsession des femmes voilées : « dès qu’on parle des femmes voilées, c’est tout le temps des femmes soumises, voilées de force. Moi j’ai plein de copines voilées, elles ont toutes choisi d’être voilées. Peut-être faut-il écouter ces voix-là. Quand il y a eu les débats sur les lesbiennes, elles, on ne les entendait jamais parler. Alors avec les femmes voilées c’est pareil, on parle à leur place. Il faut déconstruire cet islamo-fantasme. »
Après avoir assisté à son spectacle, Daniel Schneidermann, du site Arrêt sur images, écrivait dans sa chronique quotidienne : « Quand elle nous fait rire aux larmes avec l’usure du couple lesbien, aux prises avec les problèmes de chaussettes sales et la répartition des tâches ménagères (achat de tampons), c’est du couple tout court dont elle parle. Son spectacle nous dit que le couple lesbien est un couple comme un autre, puisqu’on a le droit d’en rire comme des couples hétéros. (…/…) Océanerosemarie semble prendre plaisir à tirer contre son camp. Non seulement elle pulvérise les hypocrisies des bobos de Montreuil (commune de la banlieue parisienne où doit résider environ la moitié des journalistes qui seraient susceptibles de parler d’elle) sur l’hypocrisie de leur recherche de la mixité sociale, mais elle est clairement favorable au voile (ou, disons, elle pilonne les adversaires du voile), ou prend le parti des militants noirs qui s’opposaient au spectacle « Exhibit B ».
Dans cet autre extrait de l'entretien sur TV5MONDE, l'auteure interprète explique sa prise de conscience des discriminations liées aux origines, ce qu'elle appelle le "privilège blanc", résultat d'une histoire coloniale pas encore affrontée ni résolue...
Océanerosemarie avance à contre courant et n'hésite pas à le faire savoir. Dans une tribune publiée le 5 novembre dans Libération, au lendemain de la "Marche de la dignité", organisé par un collectif de femmes, elle interpellait les féministes des courants historiques et dominants en France, absentes de cet événement :
"Derrière ces femmes (du collectif ndlr), en revanche, aucune trace d’Osez Le féminisme, Féministes en mouvement, La Barbe, les Femen (lol), les Chiennes de garde, Ni putes ni soumises (double lol), ou autre association féministe de premier plan. Cela interroge. Faut-il en conclure qu’aucune de ces associations ne s’est reconnue dans le combat pour la justice porté par les 70 femmes de la Mafed (Marche des femmes pour la dignité) ? Le message était clair : nous vivons dans un pays où la justice et la police sont à deux vitesses et où celles et ceux qui ont une gueule d’Arabe, de Rom ou de Noir, pour peu qu’ils vivent en plus dans un quartier populaire, en font les frais. La routine se résume à un contrôle au faciès, à des violences policières (verbales ou physiques) et peut conduire, dans le pire des cas, à des crimes policiers. (.../...) A tous les gens de gauche, voici ce que je voudrais dire : je suis blanche, lesbienne, bourgeoise, féministe, militante des droits LGBT, j’ai été à la marche de la Dignité et je déplore l’absence de toutes les féministes dites «intersectionnelles» et de toutes celles et ceux qui partagent mes combats."
L'artiste se produit à Paris jusqu’au lundi 4 janvier 2016, les dimanches et lundis à 20h30...