Olga Kharlan : la fierté de l'Ukraine aux JO-2024

La battante Olga Kharlan, voix, puis symbole de l'Ukraine dans la sphère du sport, a conquis ses lettres de noblesse olympiques, seuls titres manquants à la sabreuse la plus marquante de son époque. 

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Olga Kharlan

L'Ukrainienne Olga Kharlan grimace après la défaite de son équipe contre la Corée lors de la finale pour la médaille de bronze du sabre par équipe aux Championnats du monde d'escrime à Milan, en Italie, le 30 juillet 2023.

AP Photo/Luca Bruno
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Ces JO-2024 à Paris pourraient être les derniers de la sextuple médaillée olympique, élimée par des mois de combat politique contre le retour russe dans le sport, l'angoisse pour ses proches restés au pays et les traumatismes de son sport sur son corps. "Je vais m'arrêter un temps après les Jeux, prévient-elle. Je verrai comment mon corps répond après."

Un parcours exceptionnel qui tourne court

A 34 ans, dans un mois, la sabreuse de Mykolaïv a régné sur sa discipline comme ne l'ont été que quelques-uns à le faire, tous sports confondus. En moins d'une décennie, elle a fait main basse sur trente étapes de Coupe du monde, ne laissant que des miettes à la concurrence. Jusqu'à ce que le Covid ne détraque tout : après un seul tournoi en dix-huit mois, elle est éjectée aux JO de Tokyo dès son entrée en lice.

Je voulais tellement prouver quelque chose et gagner pour mon pays, pour mes parents, parce que le sport donne de l'espoir et des émotions positives. Olga Kharlan

Sept mois passent. Quand son pays est envahi par la Russie, elle fonce en Ukraine pour ramener sa soeur et son neveu en Italie où elle a pris racine avec son compagnon, le sabreur Luigi Samele, médaillé de bronze à Paris.

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Quand elle finit par retrouver les pistes, une fois passé le choc, rien ne va. "J'ai été proche d'arrêter l'escrime, confie-t-elle. En compétition, je voulais tellement prouver quelque chose et gagner pour mon pays, pour mes parents, parce que le sport donne de l'espoir et des émotions positives. Mais pendant une moitié d'année, je n'ai pas eu le moindre résultat par équipes ou en individuel."

Olga Kharlan

Olga Kharlan  en 2014 à Orléans. L'Ukrainienne s'échauffe avant le combat au Trophée BNP Paribas-Grand Prix FIE, première étape de la Coupe du monde de sabre féminin.

© Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons

La très sineuse route de Paris

En souffrance, l'Ukrainienne est proche de rendre les armes, forcée déjà de remiser son téléphone les jours de tournoi pour ne pas craindre pour les siens entre deux matches. "Je me souviens d'un tournoi à Orléans en 2022 où ma première adversaire me casse le gros orteil, raconte-t-elle. Je me suis dit que Dieu ou bien l'univers m'intimaient d'arrêter les frais."

Vous n'imaginez pas à quel point on est suivis par les soldats qui nous défendent sur le front. Olga Kharlan

"Trop bornée", selon ses propres mots, pour se résoudre à capituler, la quadruple championne du monde retrouve une poignée de semaines plus tard, à Tunis, le podium, trois ans après le précédent. "Je me suis dit 'Je vais le faire, je vais me battre', relate Olga Kharlan. Et j'ai reçu plein de soutien d'Ukraine, vous n'imaginez pas à quel point on est suivis par les soldats nous défendant sur le front."

Son destin jusqu'à Paris est demeuré sinueux : sa disqualification pour ne pas avoir serré la main de son adversaire russe Anna Smirnova aux Mondiaux à Milan met en péril sa participation à Paris. "J'ai pensé que c'était peut-être ma destinée de rater les Jeux, raconte Kharlan. Je me suis tellement battue. Pour faire suspendre les Russes aux congrès de la Fédération, en portant cette parole…" 

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Une invitation personnelle aux Jeux du président du Comité international olympique Thomas Bach, ancien de la confrérie de l'escrime, change la donne. Une lettre officielle offre un quota olympique personnel à Olga Kharlan, qui permet une levée de sa suspension.

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La Fédération internationale d'escrime, présidée jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par le milliardaire russe Alicher Ousmanov, finit par lever la suspension, un rebondissement qui permet à Olga Kharlan de ferrailler quelques jours plus tard dans l'épreuve par équipes des Mondiaux comptant double dans la course à la qualification pour y obtenir une quatrième place. 

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Le 29 juillet 2024, à Paris, elle remporte une médaille de bronze, la première médaille de l'Ukraine aux JO-2024 à Paris, battue en quart de finale par la Française Sara Balzer. Le 3 août, elle offre aux sabreuses ukrainiennes le titre olympique par équipes et à l'Ukraine sa première médaille d'or aux Jeux de Paris : poussée par tout un pays et les "Olga" clamés par 8000 spectateurs, elle a inscrit quasiment la moitié des touches de son équipe (22) pour seulement dix encaissées. La native de Mykolaïv devient la sportive ayant apporté le plus de médailles olympiques à l'Ukraine.

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Tombée à genou, le visage serrée entre ses deux mains, elle a laissé échapper quelques larmes avant de s'enrouler dans le drapeau bleu et jaune de l'Ukraine dans un vacarme à faire croire que c'étaient des sabreuses françaises qui venaient de s'imposer.

Avec 61 podiums de Coupe du monde, Olga Kharlan en compte plus que celle considérée comme la plus grande escrimeuse de tous les temps, la triple championne olympique italienne de fleuret Valentina Vezzali (55). Pour sa cinquième participation aux JO, la voir tourner le dos aux anneaux sans titre olympique aurait été une anomalie.

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