Paris 2024 : Donia Abou Taleb, première Saoudienne qualifiée aux JO

Enfant, Donia Abou Taleb s'entraînait au taekwondo dans un club de garçons, faute d'alternative. Aujourd'hui, première Saoudienne à se qualifier pour les Jeux olympiques, elle est devenue le symbole de l'ouverture de son pays au sport féminin.

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Donia Abou Taleb

Détail de l'affiche officielle représentant Donia Abou Taleb tout sourire, qualifiée pour les JO 2024.

Capture d'écran X
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Si son visage souriant s'affiche sur les pancartes officielles, comme une preuve du virage des autorités sur le sport féminin, Donia Abou Taleb, 27 ans, a connu des débuts plus discrets. "J'ai commencé le taekwondo à huit ans et il n'y avait pas de soutien comme maintenant", se souvient-elle, en sortant d'un entraînement à Abha, ville du sud de l'Arabie saoudite. 

J'ai toujours pratiqué avec les garçons dans des centres pour garçons, sans filles à l'origine. Je me couvrais les cheveux pour ne pas montrer que j'étais une fille.Donia Abou Taleb

"J'ai toujours pratiqué avec les garçons dans des centres pour garçons, sans filles à l'origine. Je me couvrais les cheveux pour ne pas montrer que j'étais une fille". Cette expérience "m'a rendue forte... J'aime les défis", ajoute la jeune femme, diplômée en droit.

Pendant des décennies, les restrictions imposées aux femmes dans le royaume ultraconservateur ont tenu les Saoudiennes à l'écart du sport, même comme spectatrices. Si les plus privilégiées participaient à des compétitions de tennis ou de football dans des clubs privés, l'athlétisme féminin ne recevait que peu d'attention.  

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Percée des Saoudiennes aux JO

En 2012, la judokate Wojdan Shaherkani avait été la première Saoudienne à participer à des JO, à Londres, mais comme invitée du Comité international olympique (CIO). Ses débuts historiques n'ont duré que 82 secondes, puisqu'elle a été battue au premier tour. Autre invitée, la coureuse de 800 m Sarah Attar avait fini dernière de sa série. 

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Cinq autres saoudiennes ont également bénéficié d'invitations en 2016, à Rio, puis à Tokyo, en 2021, mais Donia Abou Taleb est la première à se qualifier de droit.

Ambitions saoudiennes

Depuis que Mohammed ben Salmane est devenu prince héritier en 2017, le pays veut rompre avec son image : les femmes ont été autorisées à conduire, sont encouragées à travailler. Les autorités ont également levé l'interdiction d'assister aux matches de football dans les stades et ont investi dans le développement d'une équipe de football féminin.

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Forte du soutien de l'Etat, Donia Abou Taleb a remporté une médaille d'or au championnat arabe de taekwondo en 2020, puis le bronze aux championnats asiatiques et aux championnats du monde 2022 (-49 kg). Et après avoir décroché l'or en mai aux championnats asiatiques, elle dit avoir de grands espoirs pour Paris.

Depuis le début, je rêve d'être championne du monde, de participer aux Jeux olympiques et de remporter l'or. Donia Abou Taleb

"Depuis le début, je rêve d'être championne du monde, de participer aux Jeux olympiques et de remporter l'or", raconte la Saoudienne. L’Arabie saoudite n'a, dans son histoire, remporté que quatre médailles olympiques, deux de bronze et deux d'argent, toutes chez les hommes. Un podium de Donia Abou Taleb apporterait de l'eau au moulin de Ryad, qui cherche devenir une plaque tournante du sport.

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Le pays devrait accueillir la Coupe d'Asie de football en 2027, les Jeux asiatiques d'hiver en 2029 et les Jeux asiatiques en 2034. Il est seul candidat à l'organisation du Mondial de football de 2034. En 2022, son ministre des Sports, Abdelaziz ben Turki Al-Faisal, avait déclaré à l'AFP que l'organisation des JO était le "but ultime" du gouvernement.

Un projet de longue haleine

Si le taekwondo n'est pas la plus médiatique des disciplines, l'équipe saoudienne a voulu mettre toutes les chances de son côté en recrutant l'entraîneur russe Kurban Bogdaev qui, au départ, ne misait pas forcément sur Donia Abou Taleb. "La première fois que je l'ai rencontrée, son niveau était faible mais j'ai vu sa détermination à grandir et à réussir", affirme-t-il. Elle "s'entraîne dur, croit toujours en elle et a confiance en ce qu'elle peut faire".

La préparation d'un champion olympique prend de nombreuses années et c'est un projet d'Etat. Shaddad Al-Omari.

A l'entraînement, à Abha, la jeune femme coiffée d'un casque bleu esquive avec agilité les coups portés par des athlètes russes et ouzbeks. "La préparation d'un champion olympique prend de nombreuses années et c'est un projet d'Etat", souligne le président de la Fédération saoudienne de taekwondo, Shaddad Al-Omari. À l'approche des Jeux, la taekwondoïste assure pouvoir supporter cette pression, inhérente à son statut de première Saoudienne qualifiée : "Je dois accomplir quelque chose".

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