Fil d'Ariane
Au cœur de Pari(s) d’amies, imaginée par Rokhaya Diallo et dessinée par Kim Consigny, une histoire de cheveux, et celle de Cassandre, une jeune française métisse tout juste rentrée des Etats-Unis après deux ans passés loin de la France. Elle revient avec une nouvelle coupe et une idée en tête : développer une marque de cosmétiques « Nappy ». En vogue outre Atlantique, le nappy hair est un mouvement qui prône le retour aux cheveux crépus, au naturel. Une façon de dire non aux codes de beauté imposés par les "Barbie" et autres poupées blanches et blondes, aux cheveux lisses et plats.
L’héroïne principale, Cassandre, est donc bien décidée à faire adopter sa nouvelle coiffure, objet de remarques et de critiques dès son arrivée. « Les cheveux sont une manière de raconter l’identité et les conflits intérieurs du personnage de Cassandre », explique Rokhaya Diallo, montrant au fil des pages les difficultés de la jeune femme au quotidien, jamais tout à fait considérée comme Française.
« J’avais envie de raconter une histoire dans laquelle je pourrais me reconnaître ainsi que mes amies », justifie Rokhaya Diallo, déjà auteure de plusieurs ouvrages sur le racisme, et qui regrette le manque de jeunes filles noires dans les livres et les films. « En tant que blonde et blanche, c’est vrai que je suis plus souvent représentée dans les bandes dessinées », ajoute Kim Consigny, la jeune dessinatrice, soucieuse de réaliser des traits réalistes des personnages, sans les caricaturer.
Dans Pari(s) d’amies, les filles imaginées par les auteures, veulent vivre avec leur temps, se faire une place dans la société, mais sans renier leurs origines. La bande dessinée aborde des sujets tabous mais sur un ton léger, dans laquelle on y retrouve histoires de cœur, petits tracas personnels et professionnels, des femmes de nos jours...
Le dernier ouvrage de Rokhaya Diallo ne devrait pas faire polémique. Un moment de calme et de consensus dans la jeune carrière de la journaliste, essayiste et militante. Certaines prises de position ont valu de violentes attaques à la fondatrice des Indivisibles, une association destinée à faire cesser une "partition de la nationalité française selon une apparence physique". De nombreux intellectuels n'ont pas pardonné sa tribune, consignée avec consignée avec la dirigeante des Indigènes de la République, Houria Bouteldja, « Pour la défense de la liberté d'expression, contre le soutien à Charlie Hebdo », au lendemain d'un premier attentat en janvier 2011 contre l'hebdomadaire satirique. Un texte inspiré par son combat contre l'islamophobie. Féministe, favorable au mariage pour tous, hostile à la pénalisation des clients des prostituées, elle s'est également aliéné une partie des féministes, en s'élevant contre l'interdiction du port du foulard à l'école, et contre la stigmatisation des femmes voilées. Ce qui lui a valu une interdiction de parole, lors de la Semaine pour l'égalité femmes-hommes en mars 2015 par Frédérique Calandra, maire PS du 20e arrondissement de Paris, qui lui a refusé le droit de venir parler des violences contre les femmes. Sur son compte twitter elle avait aussitôt réagi : "La liberté d'expression est à géométrie variable en France".