La dimension sexuée de la ville relève souvent d'une approche sécuritaire. Pour la géographe et directrice de recherche au CNRS
Nadine Cattan, il existe un « no woman’s land qui recouvre la couronne intérieure de Paris (…) un espace dont les femmes sont rejetées. » Elle insiste ainsi sur la dimension sécuritaire de la ville qui fait peur aux femmes.
Certains endroits comme les gares, les recoins, les lieux touristiques denses représentent des zones non sécurisées pour certaines femmes. « Elles modifient leur comportement pour pouvoir quand même sortir et aller au-delà de ces peurs, explique Nadine Cattan. Elles modifient leurs façons de s’habiller, la cadence avec laquelle elles marchent dans la rue, font semblant de parler au téléphone ou mettent des écouteurs. On parle d’internalisation de ces comportements pour pouvoir braver leurs peurs.»
Une internalisation très ancrée d'après Chris Blache : « On nous répète en permanence que la ville n'est pas sûre. De fait, même si on est persuadées du contraire, on a toujours ce petit fond d'appréhension qui fait que l'on va changer des choses, changer sa démarche, en fonction des heures et des lieux que l'on traverse. C'est très difficile de se débarrasser de cela.»
Les femmes restent généralement en mouvement dans la ville car si elles n'ont pas toujours peur, elles craignent d'être mal considérées. Celle « qui stationne après 20h, par exemple, est vue comme une aguicheuse », souligne la géographe Nadine Cattan. L'image de la femme non mobile en appelle alors une autre, celle des prostituées qui attendent le client (voir notre diaporama sonore).
Il est un endroit où les femmes stationnent en nombre sans craindre d'être accostées intempestivement : les zones de shopping. Ailleurs dans la ville, elles délaissent la rue, comme nous l'explique ci-dessous Chris Blache.