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Paroles de musulmanes, un documentaire pour écouter celles qu’on n’entend pas

On parle beaucoup d’elles. On les condamne, on les juge, on les insulte même parfois. On leur donne bien peu souvent la parole, et pourtant elles ont beaucoup à dire, comme le montre le documentaire de 18 minutes réalisé par Chris Den Hond, cinéaste et reporter, Nadia Rabhi, photographe, et Alain Gresh, journaliste, fondateur et animateur du site Orient XX1, avec le concours d’Amnesty International.
Au lendemain des attentats contre Charlie-Hebdo et l’hyper-cacher de la porte de Vincennes, en janvier 2015, les agressions islamophobes se sont multipliées en France. Paradoxalement, elles visaient en priorité des femmes, dont le discours dominant affirmait pourtant qu’il fallait les « libérer » de l’emprise de la religion. Mais les difficultés que les musulmanes rencontrent vont bien au-delà des agressions physiques. Elles se traduisent par des remarques insultantes, par des regards haineux, par des refus de dialoguer.

Ces humiliations ne touchent pas seulement les femmes qui portent le foulard, mais aussi des personnes dont le seul crime est de porter un prénom ou un nom, d’avoir une apparence physique, qui renvoient à une supposée origine « arabo-musulmane ».

Diversité

Dans ce climat délétère, il nous a paru indispensable de donner la parole à ces femmes, les premières concernées, parole qui leur est le plus souvent refusée sous prétextes qu’elles ne seraient pas vraiment libres de dire ce qu’elles pensent. Rien n’est plus faux comme le montre ce documentaire, réalisé entre juin et octobre 2015. Certaines portent le foulard, d’autres non. Nous ne les avons pas interrogées sur ce choix qui est le leur, qui fait partie de la liberté de conscience reconnue par la Convention européenne des droits de l’homme, mais sur leur vie, leur quotidien.

Paroles de musulmanes2
DR

Elles parlent de leurs espoirs et de leur peur, de leurs joies et aussi de leur volonté d’être enfin acceptées comme des citoyennes à part entière
                                                                                                                    Alain Gresh


Vieilles ou jeunes, dispersées aux quatre coins de la France, de Nevers sur la Loire à Béziers dans le Sud-Ouest, de la Région parisienne à Nantes en Bretagne, elles exercent les professions les plus diverses. L’une est aide familiale, l’autre anime un club de boxe. Des jeunes collégiennes participent à une équipe de football, une autre étudie la théologie musulmane.

Ce qu’elles évoquent, ce sont leurs interactions avec la société française, avec leurs compatriotes. Elles parlent de leurs espoirs et de leur peur, de leurs joies et aussi de leur volonté d’être enfin acceptées comme des citoyennes à part entière, avec leur identité française, musulmane et féminine, une identité dont elles sont fières, mais que le regard de l’Autre renvoie trop souvent au fanatisme et à l’étranger.