> Catherine Deneuve et 100 autres femmes défendent la "liberté d'importuner" des hommes
VIDEO - Brigitte Lahaie indigne Caroline De Haas en déclarant qu'on peut "jouir lors d'un viol"https://t.co/sBigGqEg7P pic.twitter.com/pWiWp9dBl8
— BFMTV (@BFMTV) 10 janvier 2018
Depuis tant d’années, j’aide les femmes à aimer leur corps, à se sentir des êtres libres de jouir ou de ne pas jouir. J’ai bien avant d’autres soutenu les associations Stop aux Violences Sexuelles et Ennocence. Les accusations portées contre moi me blessent mais je les pardonne.
— Brigitte Lahaie (@BrigitteLahaie1) 11 janvier 2018
Interrogée ensuite, le soir, par Patrick Simonin sur le plateau de TV5MONDE, Brigitte Lahaie a tout d’abord regretté que cette phrase soit « sortie de son contexte » avant d’ajouter que « c’est malheureusement une vérité ». « J’aurais peut-être dû rajouter ce « malheureusement » en disant « malheureusement, on peut jouir d’un viol », tient-elle à clarifier. Ce qui rend souvent la reconstruction encore plus compliquée et encore plus difficile. C’est ce que je voulais dire, parce que je connais par cœur les questions de sexualité. »
Lâchée par les co-signataires de la tribune
Visiblement blessée par « ces attaques », elle ajoute : « je suis surtout une femme qui a souffert dans sa chair et quand on aide depuis trente ans les femmes à se libérer, qu’on est incomprise à ce point, c’est vrai que ça fait mal. Mais je n’ai aucune violence contre les autres, personnellement. »Pour autant, les mots prononcés le mercredi ont semé le trouble au sein même des 100 signataires de la tribune contre le puritanisme. Lesquelles « se désolidarisent totalement » de ces propos jugés, « insultant envers les femmes victimes de violences sexuelles et de viol ».
« Il vaut mieux me lâcher, ça va calmer le jeu, tente de tempérer, Brigitte Lahaie, non sans amertume. Je comprends très bien qu’elles se désolidarisent. »
Les réactions sont celles aussi de femmes victimes de viol, comme Flavie Flament qui n’a pas manqué de formuler une réponse cinglante, l’accusant de « protéger les violeurs ».« Sans doute qu’elle s’est sentie agressée par mes propos. Je peux l’entendre, je peux le comprendre », a-t-elle confié sur notre antenne, avant d’ajouter avec une grande émotion : « bien sûr que je regrette de blesser les gens et de leur faire du mal.»
A contre-courant, son soutien renouvelé à la tribune du Monde
Le journaliste Patrick Simonin lui demande néanmoins si elle maintient sa position à « contre-courant », exprimée dans la tribune du Monde et qui défénd « la liberté d'importuner » des hommes. « Dans l’absolu, oui, répond-elle. C’est un texte qui montre bien qu’il ne faut pas être dans du tout blanc et tout noir, ce n’est pas d’un côté, tous les hommes qui sont des salauds et les femmes qui sont des victimes. » Elle rappelle également qu’elle a signé ce texte « en réaction aux souffrances des hommes » et non en opposition à des courants féministes contraires car, précise-t-elle, elle n’a « jamais été très militante ».
Elle n'oublie pas non plus la souffrance des femmes, mais il y a « pire que les viols des femmes », ajoute l’animatrice. « Il y a les viols des petites filles ou des petits garçons, alerte-t-elle. Dans notre société, il y a un homme sur six qui a été abusé sexuellement, on n’en parle pas beaucoup. »Rappelons également que Brigitte Lahaie n’est pas la seule signataire de la tribune à a voir tenu des propos polémiques. Buzzfeed a même réalisé une vidéo des pires «énormités».
4 énormités proférées dans les médias par les signataires de la tribune du Monde sur la «liberté d’importuner» pic.twitter.com/dm5A7y2lTO
— BuzzFeed France News (@BuzzFeedNewsFR) 11 janvier 2018
Dans un soucis d'apaisement mais aussi de questionnement, nous avons décidé de vous faire part de ces quelques réflexions signées de la fondatrice et rédactrice en chef de Terriennes, Sylvie

"Pour ma part, comme je l'avais dis lors d'une conférence de rédaction de TV5MONDE, au moment du lancement de #balancetonporc, deux choses me gênent dans le mouvement #MeToo : la délation systématique, mais aussi dans une certaine mesure ce qu'écrivent les femmes de La Tribune du Monde, ce risque de retour à un puritanisme pur et dur et à une (auto)censure systématique... La sexualité est chose tellement intime, qui évolue, et que la mémoire reconstruit à l'aune des évolutions de la société. Et pourtant il faut comprendre aussi toutes ces femmes qui ont voulu dénoncer les rapports de pouvoir, cette domination masculine qui passe aussi par la domination sexuelle.
La violence des échanges entre ces deux côtés féministes, (puisque la plupart se proclament féministes de part et d'autre), des signataires des deux tribunes, me sidère une fois encore, mais elle n'est pas nouvelle (on en trouve de multiples exemples dans Terriennes - nous avons consacré plusieurs dossiers à ces "Féministes contre féministes" voir plus bas). On retrouve les mêmes anathèmes croisés entre féministes, par exemple, du côté des "Laïcardes" et des "multiculturalistes" à propos du foulard : c'est intéressant de voir que les libertines dites tolérantes de la Tribune du Monde hurlent à chaque fois qu'elles croisent une fille en foulard, tandis que les tolérantes avec le foulard sont prêtes à défenestrer le cinéaste Roman Polanski pour un passé qui ne passe pas… Et je crois que ces divergences vont au delà de la dichotomie réactionnaires/progressistes, droite/gauche, ou élite/peuple. C'est peut-être plus une question de génération ? Ces divergences ne sont pas les mêmes partout - elles sont absentes aux Etats-Unis, mais elles ont aussi enflammé la scène féministe allemande.
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Suivez Lynda ZEROUK sur Twitter : @lylyzerouk