Le droit à l'avortement est revenu dans le débat public et révèle de profondes divisions en Pologne. Une proposition de loi envisage l’interdiction quasi totale de l’IVG. Militants pro et anti-avortement mobilisent leurs troupes. Reportage.
La question de l'avortement reste un sujet tabou et un motif de division dans une Pologne, dirigée depuis octobre 2015 par un gouvernement nationaliste et conservateur. Le droit à l'avortement avait déjà été réduit en 1993. Aujourd'hui, une proposition de loi prévoit son interdiction quasi totale.
Retrouvez dans Terriennes notre article sur le projet de loi visant à exclure tout droit à l'avortement en Pologne :
Une partie de la société polonaise ne souhaite pas ce durcissement. Selon un sondage de l’institut CBOS réalisé en mars 2016, si 76 % des personnes interrogées s’opposent au libre accès à l’avortement, 53 % acceptent l’IVG en cas de maladie congénitale et 73 % en cas de viol.
Des femmes, et des hommes ici en train de quitter une église, en pleine messe, pour montrer leur protestation vis à vis de la position des autorités religieuses polonaises, qui soutiennent le projet de loi visant à interdire l'IVG, (Varsovie, avril 2016).
Des centaines de Polonais, hommes et femmes, ont décidé de défendre ce droit à l'avortement, en manifestant depuis plusieurs semaines, notamment devant les églises ou en les quittant en pleine messe. Un geste hautement symbolique dans un pays profondément attaché à ses racines catholiques. L'Eglise polonaise garde une immense influence sur le pays. Le camp des anti-IVG, inspiré des "pro-life" américains, organise la contre-attaque, à coup de campagne sur le terrain, médiatique mais aussi sur les réseaux réseaux sociaux.
Les "pro-vie" polonais organisent une vaste campagne de signatures pour soutenir la proposition de loi visant à quasi-interdire l'avortement.
En Pologne, l’IVG est autorisée si la santé de la mère est en jeu, si la grossesse résulte d’un viol ou de l’inceste, et en cas de malformation grave ou de maladie congénitale de l’embryon. Des estimations pour 2014 font état de 200 000 avortements clandestins, dont bon nombre à l’étranger, alors qu’il y a eu à peine mille IVG légales.