Pour le Vendée Globe 2016, les femmes de marin ne restent pas à attendre

Aucune femme ne s'élancera cette année dans la course en solitaire du Vendée Globe qui part, le 6 novembre, des Sables d'Olonne en France. Mais elles ne sont pas moins impliquées à terre. Pour les compagnes des skippers, être femme de marin n'est pas une sinécure. Leur vie ne se résume pas à les attendre pendant 3 mois. 
Image
samantha davies instagram
La navigatrice Samantha Davies soutient son compagnon Romain Attanasio qui participe au Vendée Globe. 
©capture d'écran Instagram
Partager 4 minutes de lecture

Régine Bornens, compagne durant 30 ans de Michel Desjoyeaux, a vécu trois Vendée Globe, cette course autour du monde en solitaire sans assistance et sans escale.

Tu ne restes pas à attendre comme une andouille ton mec. 

Régine Bornens

"Mais tu n'attends pas ! Ta vie continue. Comme n'importe quelle femme qui essaie de concilier son boulot et les gamins. Tu ne restes pas à attendre comme une andouille ton mec. Tu sors, tu as des amis, tu vis ta vie. Ta vie n'est pas que ça. Heureusement", raconte à l'AFP cette femme de caractère, qui a grandi en région parisienne.

Régine Bornens a élevé les trois garçons qu'elle a eus avec le marin le plus titré de l'histoire des courses en solitaire, et qui ne prendra pas le départ de l'édition 2016/2017. Après avoir travaillé dans l'aménagement du territoire au début de leur rencontre, elle a choisi de partager sa passion en la vivant avec lui de l'intérieur, lassée de faire le grand écart entre tous les compartiments de sa vie.

"Ce ne sont pas des sacrifices, tu es dans un truc à deux, personne ne t'y oblige. Quand ton mec part trois mois, évidemment ta vie est rythmée par ça. Mais ça fait déjà deux ans que ça rythme ta vie !", poursuit-elle.
                  

Conseils et préparation 

Et le moment du départ est loin d'être un moment de déchirure. "Le départ, je vais être heureuse et soulagée, on va avoir un peu de temps pour nous", glisse Samantha Davies, compagne du skipper Romain Attanasio avec qui elle a un petit garçon de 5 ans.

Le jour du départ, je veux réussir le métier de maman.

Samantha Davies


Et Samantha Davies à une particularité inédite: elle a elle-même fait le Vendée Globe en 2012, à peine un an après avoir accouché. Davies/Attanasio est le premier couple de l'histoire de la course. "Le jour du départ, je veux réussir le métier de maman. Mais je suis aussi la femme de Romain, la technicienne, l'ancienne".

La Britannique soutient son compagnon, comme lui-même l'avait fait quatre ans plus tôt avec elle. Elle le conseille, prépare son ravitaillement et ses vêtements. Sans aucune frustration de ne pas être, cette fois, à la barre.


 

Lyophal pour 100 jours. #VG2016 #food #memories #WAG #femmedemarin

Une photo publiée par Sam Davies (@samdavies_sailing) le 12 Sept. 2016 à 1h12 PDT

Vivre la même passion


Anne Le Cam a choisi durant plus de vingt ans de vivre la passion de Jean le Cam de l'extérieur. "Quand on est tous les deux, c'est toujours ça qui prime. Il faut le savoir, c'est obsessionnel chez eux. Mais je me suis nourrie autant que lui", dit cette femme qui se ressource dans les balades en forêt avec ses deux chiens.


Mais pour cette nouvelle édition, elle a franchi la ligne. Jean Le Cam a eu toutes les peines du monde à trouver des partenaires. Anne Le Cam, qui tient un restaurant à Port-la-Forêt en Bretagne, a mis la main à la pâte pour que son homme puisse encore partir à l'aventure.           
                  
"Ils sont dans une parenthèse enchantée quand ils arrivent à larguer les amarres, et à chaque fois c'est différent. Il y a eu des moments où on était très en phase, sur son premier Vendée Globe il m'appelait tout le temps, à tel point que je ne savais pas quoi dire !"

Il revient mais il ne rentre pas.

Anne Le Cam

Un retour difficile

Le retour est sans nul doute ce qui est le plus difficile à gérer. "C'est le plus frustrant pour les femmes: il revient mais il ne rentre pas", relève Anne Le Cam.

Pour Régine Bornens, "le retour est 'merdique'". "Tu as vachement envie de te retrouver et tu te loupes en fait. Le premier jour tu te loupes complètement. Il faut quelques jours".

Samantha Davies n'a pas oublié ses propres "galères" quand elle est revenue à la maison. "Pour celui qui part, le retour dans la famille est difficile. Tu n'as plus le même statut. On aura pris nos habitudes. Je vais mettre des autocollants partout: fermer les poubelles, payer les factures, etc. Il va voir les consignes partout pour respecter notre mode de vie !"

Une fois l'aventure en mer terminée, ces marins devront clairement remettre les pieds sur terre !