Fil d'Ariane
"Il y a un malentendu avec moi, c'est ma blondeur. Je suis une femme forte", assurait à l'issue du premier tour de la primaire, celle qui a battu Eric Ciotti au second tour. Et "je ne lâche rien, je suis une femme qui gagne et qui fait", répète Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, en martelant son message d'"ordre" et de "détermination".
Merci à tous les adhérents @lesRepublicains pour leur confiance !
— Valérie Pécresse (@vpecresse) December 4, 2021
Avec Eric, Michel, Xavier, Philippe, tous les élus et les militants, nous sommes rassemblés pour faire gagner la droite et faire gagner la France. Ensemble nous allons tourner la page Macron. pic.twitter.com/mAjVAOFWH3
"Le plus beau compliment qu'on m'ait fait, c'est de m'appeler la Dame de faire", expliquait-elle au Parisien. "Je suis plutôt 2/3 Merkel et 1/3 Thatcher", confiait-elle encore au Point. A 54 ans, l'ancienne ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy porte une ligne libérale sur l'économie qui parle à sa famille politique. Dans une campagne marquée par l'irruption d'Eric Zemmour à l'extrême droite, elle a aussi haussé le ton sur le régalien, s'adjoignant les services de Patrick Stefanini (un proche de François Fillon). Déjouant d'avance les critiques en radicalité, elle rassure : "je suis au barycentre" de la droite dont "j'ai la capacité à rassembler toutes les sensibilités" - y compris les électeurs partis chez Emmanuel Macron.
Valérie Pécresse (@vpecresse): "Une femme qui a le courage, qui fait comme moi, comme l'ont fait Angela Merkel et Margaret Thatcher, peut défendre les intérêts de son peuple" pic.twitter.com/1diTNC9qoJ
— BFMTV (@BFMTV) December 2, 2021
"Je sais ce qu'est une campagne et recevoir des coups, mais je sais aussi en donner", assure celle qui accuse le président d'avoir "cramé la caisse". Elle a promis à Marine Le Pen, qui ironisait sur le "quatre quarts" LR après le premier tour de la primaire: "elle aime le quatre-quarts, elle va en bouffer beaucoup".
Souvent cataloguée comme francilienne, l'ancienne députée des Yvelines a silloné dans sa campagne un pays où elle a "de la famille dans presque toutes les régions", expliquant ici son projet de six réacteurs EPR, défendant là sa fermeté sur l'immigration, avec un fil rouge: "restaurer la fierté française". "Elle joue sa vie" dans cette course à l'investiture, assurait il y a quelques mois un élu LR, alors qu'elle n'était pas la favorite des pronostics.
L'ex-bébé Chirac, qui a quitté LR en 2019, avait fait l'objet de spéculations à l'été 2020, certains la voyant déjà à Matignon. Elle avait pris ses distances avec LR dès 2017 en créant le mouvement Libres! en opposition au président du parti Laurent Wauquiez, jugé trop populiste.
Décrite comme "bosseuse", "méthodique" et "structurée", Valérie Pécresse est née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine. Elle est une habituée du tableau d'honneur : bac à 16 ans, HEC, ENA... Un parcours d'excellence qui lui a longtemps valu une image sage, à son grand agacement. "Lors de ma première campagne régionale, le surnom dont mes adversaires de gauche m'avaient affublée, c'était 'la blonde'. Ensuite, ça a été 'serre-tête et jupe plissée'", racontait en 2019 l'ex-maître des requêtes au Conseil d'Etat.
Elevée à Versailles, dans "une famille d'intellos un peu originale", cette férue de Dostoïevski et de Tolstoï décide à 15 ans d'apprendre le russe et part à Yalta, dans un camp des jeunesses communistes. Elle se met ensuite au japonais qu'elle perfectionne à Tokyo, en vendant caméscopes et liqueur. "J'ai toujours jusqu'ici suivi un chemin différent des autres", assure cette passionnée de cinéma et de séries, pratiquant la boxe, et mère de trois enfants qu'elle préserve jalousement de toute exposition publique.
Déplorant le sexisme qui règne en politique où "si un homme crie, c'est un chef; une femme qui s'emporte, c'est une hystérique", elle l'affirme aujourd'hui: "Il y a une forme d'audace à présenter une femme" à la présidentielle car "c'est un peu transgressif, un tabou à briser" à droite. "Je ne suis pas une féministe contre les hommes", ajoutait-elle sur BFM. Il y a onze dans les colonnes de Paris Match, elle déclarait à propos de son mari, "Il est le plus féministe de nous deux. Sans lui, je ne me serais pas sentie capable d’aller jusqu’au bout". Ce 6 décembre sur France Inter, elle reconnaissait avoir changé d'avis sur le mariage pour tous contre lequel elle s'était déclarée au moment de la loi, et qu'elle soutenait la PMA, "à condition que les enfants puissent obtenir les informations sur leurs origines".
Les militants @lesRepublicains ont eu l'audace de choisir une femme pour les représenter.
— Valérie Pécresse (@vpecresse) December 4, 2021
Oui les valeurs d’autorité, de liberté, de dignité, d’ordre qui sont portées par la droite peuvent être portées par une femme. C’est un honneur pour moi. pic.twitter.com/RhCbpbItAA
En juin dernier, la présidente d'Ile-de-France reçevait le soutien surprise d'un homme, personnalité du monde du spectable : Gims. Le chanteur publie sur les réseaux sociaux et sur Youtube une vidéo dans laquelle il se dit fier de collaborer avec la désormais candidate à la présidentielle pour son action locale ajoutant un "Let's go!" aux accents quelque peu prédicateurs. Si Valérie Pécresse a parfois eu l'occasion de citer des paroles de chanson du rappeur dans ses interventions, elle faisait le buzz fin septembre dans une émission politique sur France 2, ne reconnaissant pas l'un de ses morceaux...