Présidentielle française : Valérie Pécresse, candidate de la droite républicaine

C'est donc une femme -et c'est une première- que la droite traditionnelle française a choisie pour la représenter à la présidentielle 2022. "Je suis une femme forte. Je suis celle qu'il vous faut pour présider le pays", lançait Valérie Pécresse peu après l'annonce du résultat des primaires du parti Les Républicains, qui se positionne elle-même sur une ligne entre Angela Merkel et Margaret Thatcher. 
Image
pecresse
"Je suis celle qu'il vous faut pour présider la France" : Valérie Pécresse est la candidate du parti de la droite Les Républicains à la présidentielle française de 2022. 
©AP Photo/Rafael Yaghobzadeh
Partager6 minutes de lecture

"Il y a un malentendu avec moi, c'est ma blondeur. Je suis une femme forte", assurait à l'issue du premier tour de la primaire, celle qui a battu Eric Ciotti au second tour. Et "je ne lâche rien, je suis une femme qui gagne et qui fait", répète Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, en martelant son message d'"ordre" et de "détermination".

Valérie Pécresse, la "dame de faire"

"Le plus beau compliment qu'on m'ait fait, c'est de m'appeler la Dame de faire", expliquait-elle au Parisien. "Je suis plutôt 2/3 Merkel et 1/3 Thatcher"confiait-elle encore au Point. A 54 ans, l'ancienne ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy porte une ligne libérale sur l'économie qui parle à sa famille politique. Dans une campagne marquée par l'irruption d'Eric Zemmour à l'extrême droite, elle a aussi haussé le ton sur le régalien, s'adjoignant les services de Patrick Stefanini (un proche de François Fillon). Déjouant d'avance les critiques en radicalité, elle rassure : "je suis au barycentre" de la droite dont "j'ai la capacité à rassembler toutes les sensibilités" - y compris les électeurs partis chez Emmanuel Macron. 

"Je sais ce qu'est une campagne et recevoir des coups, mais je sais aussi en donner", assure celle qui accuse le président d'avoir "cramé la caisse". Elle a promis à Marine Le Pen, qui ironisait sur le "quatre quarts" LR après le premier tour de la primaire: "elle aime le quatre-quarts, elle va en bouffer beaucoup".

Souvent cataloguée comme francilienne, l'ancienne députée des Yvelines a silloné dans sa campagne un pays où elle a "de la famille dans presque toutes les régions", expliquant ici son projet de six réacteurs EPR, défendant là sa fermeté sur l'immigration, avec un fil rouge: "restaurer la fierté française""Elle joue sa vie" dans cette course à l'investiture, assurait il y a quelques mois un élu LR, alors qu'elle n'était pas la favorite des pronostics.

Fidèle de Jacques Chirac, amie de Nicolas Sarkozy

L'ex-bébé Chirac, qui a quitté LR en 2019, avait fait l'objet de spéculations à l'été 2020, certains la voyant déjà à Matignon. Elle avait pris ses distances avec LR dès 2017 en créant le mouvement Libres! en opposition au président du parti Laurent Wauquiez, jugé trop populiste.

Décrite comme "bosseuse", "méthodique" et "structurée", Valérie Pécresse est née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine. Elle est une habituée du tableau d'honneur : bac à 16 ans, HEC, ENA... Un parcours d'excellence qui lui a longtemps valu une image sage, à son grand agacement. "Lors de ma première campagne régionale, le surnom dont mes adversaires de gauche m'avaient affublée, c'était 'la blonde'. Ensuite, ça a été 'serre-tête et jupe plissée'", racontait en 2019 l'ex-maître des requêtes au Conseil d'Etat.

Elevée à Versailles, dans "une famille d'intellos un peu originale", cette férue de Dostoïevski et de Tolstoï décide à 15 ans d'apprendre le russe et part à Yalta, dans un camp des jeunesses communistes. Elle se met ensuite au japonais qu'elle perfectionne à Tokyo, en vendant caméscopes et liqueur. "J'ai toujours jusqu'ici suivi un chemin différent des autres", assure cette passionnée de cinéma et de séries, pratiquant la boxe, et mère de trois enfants qu'elle préserve jalousement de toute exposition publique.
 

Si un homme crie, c'est un chef; une femme qui s'emporte, c'est une hystérique.
Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle française

Déplorant le sexisme qui règne en politique où "si un homme crie, c'est un chef; une femme qui s'emporte, c'est une hystérique", elle l'affirme aujourd'hui: "Il y a une forme d'audace à présenter une femme" à la présidentielle car "c'est un peu transgressif, un tabou à briser" à droite. "Je ne suis pas une féministe contre les hommes", ajoutait-elle sur BFM. Il y a onze dans les colonnes de Paris Match, elle déclarait à propos de son mari, "Il est le plus féministe de nous deux. Sans lui, je ne me serais pas sentie capable d’aller jusqu’au bout". Ce 6 décembre sur France Inter, elle reconnaissait avoir changé d'avis sur le mariage pour tous contre lequel elle s'était déclarée au moment de la loi, et qu'elle soutenait la PMA, "à condition que les enfants puissent obtenir les informations sur leurs origines".

En juin dernier, la présidente d'Ile-de-France reçevait le soutien surprise d'un homme, personnalité du monde du spectable : Gims. Le chanteur publie sur les réseaux sociaux et sur Youtube une vidéo dans laquelle il se dit fier de collaborer avec la désormais candidate à la présidentielle pour son action locale ajoutant un "Let's go!" aux accents quelque peu prédicateurs. Si Valérie Pécresse a parfois eu l'occasion de citer des paroles de chanson du rappeur dans ses interventions, elle faisait le buzz fin septembre dans une émission politique sur France 2, ne reconnaissant pas l'un de ses morceaux... 

Combien de femmes candidates à la présidentielle ?

Valérie Pécresse rejoint dans la course à l'Elysée une autre candidate déjà déclarée : Anne Hidalgo pour le Parti socialiste. Concernant Marine Le Pen, celle-ci reconnait dans les médias "ramer, comme tout le monde, je crois" pour obtenir les signatures requises. La candidate du Rassemblement national est créditée de 20% dans les sondages. Enfin à l'autre bout du paysage politique français, tout à gauche, c'est pour l'instant le silence total dans le camp de Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte ouvrière, qui refuse de communiquer son nombre de parrainages. En 2017, avec 637 signatures, elle en avait obtenu suffisamment pour se présenter.
Du côté masculin, trois candidats se sont déjà annoncés, Nicolas Dupont-Aignan, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon, ne manque plus que l'annonce attendue de l'actuel locataire de l'Elysée.