Fil d'Ariane
Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, l'actuelle ministre, Elisabeth Moreno, et plusieurs anciennes ministres chargées de l'égalité femmes-hommes -Nicole Ameline, Laurence Rossignol et Najat Vallaud-Belkacem – prennent position clairement contre Marine Le Pen. "Nous, ministres et anciennes ministres des droits des femmes, l’affirmons : Marine Le Pen n’est pas féministe".
La mue de la candidate du RN n’est qu’un leurre.Tribune publiée dans Le Monde
"Historiquement viriliste et patriarcale, elle (l'extrême-droite) enferme les femmes dans une vision essentialiste de la société, emprisonnant les genres dans des fonctions à la fois hiérarchisées et différenciées", ajoutent les signataires de cette tribune. "Résultat : les femmes sont cantonnées au rôle de 'gardiennes du foyer'... Si Marine Le Pen ose citer régulièrement Simone de Beauvoir, si elle affirme – non sans quelques ambiguïtés – être attachée à la loi Veil [légalisation de l’interruption volontaire de grossesse en 1975], que son père et son parti voulaient abroger, si elle prétend qu’une femme à l’Elysée serait mécaniquement la plus à même de défendre les femmes", la mue de la candidate du RN "n’est qu’un leurre", selon elles, ajoutant que l’extrême droite ne fait qu’instrumentaliser le combat féministe.
Un rappel : au cours du quinquennat Macron, la députée RN du Pas-de-Calais n’a voté aucun texte en faveur des femmes "qu’il s’agisse des lois pour lutter contre les violences ou de celles en faveur de l’égalité économique et professionnelle". Même chose au niveau européen : durant son mandat d'eurodéputée (entre 2004 et 2017), Marine Le Pen s’est opposée à tous les textes progressistes en faveur des femmes adoptés par le Parlement européen. Ministre et ex-ministres accusent même la candidate du Rassemblement national de prendre en "otage le combat féministe". Précisant également que si elle était élue, elle a annoncé qu'elle "ne conserverait pas de ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes".
Elisabeth Moreno, Laurence Rossignol, Najat Vallaud-Belkacem et Nicole Ameline : « Nous, ministre et anciennes ministres des droits des femmes, l’affirmons : Marine Le Pen n’est pas féministe » https://t.co/jXr1bfK7yT
— Le Monde (@lemondefr) April 20, 2022
Etude @Elle pour @IfopOpinion sur la question du féminisme dans le vote des femmes au second tour menée par @francois_kraus et @louise_jussian #DebatMacronLePen pic.twitter.com/yRjCyuPAbt
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) April 20, 2022
La moitié des femmes interrogées (49%) situent la candidate du RN dans la case féministe contre 30% pour Emmanuel Macron. Une tendance qui s'accentue encore sur les capacités des candidats à lutter contre le harcèlement de rue (51% pour Marine Le Pen contre 34% à Emmanuel Macron), le sexisme et les violences sexuelles (48% contre 36%), les inégalités salariales (49% contre 35%).
"Son discours sécuritaire semble la rendre crédible sur les questions des violences faites aux femmes", analyse François Kraus, directeur du pôle "politique" et expert "genre et sexualités" à l'Ifop.
Les femmes interrogées font en revanche plus confiance à Emmanuel Macron qu'à Marine Le Pen pour lutter contre la haine contre les personnes LGBT (50% contre 29%) et les stéréotypes de genre (46% contre 40%). La santé (74%), le pouvoir d'achat (71%), la sécurité (60%) et l'éducation (60%) viennent en tête des préoccupations des femmes interrogées, devant les droits des femmes (48%) ou les discriminations (47%).
Au final, 53% des femmes interrogées disent vouloir voter pour le président sortant au deuxième tour, 47% pour Marine Le Pen.
L'Ifop compare ces résultats avec une enquête plus large Rolling Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio réalisée auprès d’un échantillon de 3007 personnes âgées de 18 ans et plus du 11 au 13 avril, qui montre que 52% des hommes voteront pour Emmanuel Macron, 48% pour Marine Le Pen.
"Au second tour, en 2002, le vote en faveur de son père était deux fois plus faible chez les femmes (11%) que chez les hommes (26%). Cette différence n'existe plus", précise François Kraus.
La bonne image de Marine Le Pen auprès de l’électorat féminin semble aussi tenir au genre d’une candidate qui a beaucoup joué la carte de la féminité pic.twitter.com/P66yru8ljU
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) April 20, 2022
S'ajoutant à la tribune des ministres dans Le Monde citée plus haut, d'autres appels sont lancés dans les médias et parfois par des médias eux-même. A l'instar du
magazine Elle qui a décidé de prendre publiquement parti en publiant une tribune pour lancer un "appel à faire barrage à l'extrême droite".
"Des années que nous militons pour l’égalité des chances et des droits entre hommes et femmes. Des années que nous nous battons pour que les femmes accèdent aux plus hautes fonctions. Et quand l’une d’elles se trouve en position d’être élue présidente de la République, c’est une candidate d’extrême droite, écrit en introduction la rédaction du magazine. "Marine Le Pen est une femme, mais elle ne défend pas les droits des femmes, ajoute le texte. Ne nous y trompons pas. Et votons. Une femme d'extrême droite n'est pas moins dangereuse qu'un homme d'extrême droite", conclut le communiqué.
Parmi les 170 personnalités féminines signataires figurent la philosophe Elisabeth Badinter, la journaliste Laure Adler, la rabbine Delphine Horvilleur, la présidente d'Oxfam Cécile Duflot, les actrices Zabou Breitman, Romane Bohringer, Judith Chemla, Léa Drucker, les écrivaines Vanessa Springora, Fatima Daas, Leïla Slimani ou encore Chloé Delaume.
Marine Le Pen à l’Elysée ? Pour nous, c’est non !
— ELLE (@ELLEfrance) April 20, 2022
Dans ce numéro d'entre-deux-tours, la rédaction lance un appel signé par plus de 170 personnalités féminines : Leïla Slimani, Camille Cottin et beaucoup d'autres.
En couverture : la superbe @anyataylorjoy du "Jeu de la dame" pic.twitter.com/31qqR9714k
Faire barrage. La même formule est utilisée dans une autre tribune publiée par Le Journal du dimanche des associations de défense des droits des femmes. "L'égalité entre les femmes et les hommes que prônent Mme Le Pen et son parti n'est qu'une façade qui masque une volonté de stigmatiser et d'exclure les femmes étrangères ou immigrées", déclare le texte signé par une soixantaine d'associations et organisations féministes dont le Planning familial, #NousToutes, le Collectif féministe contre le viol (CFCV) et la Fondation des femmes. "Comme 77% des Françaises, nous trouvons que les sujets des droits des femmes n’ont pas été traités correctement pendant la campagne présidentielle", écrivent les militantes.
TRIBUNE. « L’extrême droite est incompatible avec les droits des femmes » https://t.co/s7MH6oDZHP pic.twitter.com/xne4YzpalG
— Le JDD (@leJDD) April 16, 2022
#presidentielles2022, il est urgent d'agir ! @EmmanuelMacron, il est temps de vous engager pour les droits des femmes. Il reste quelques jours pour agir. Pour l'interpeller, taguez @EmmanuelMacron en réponse et RT ce tweet !#ecouteznousbien pic.twitter.com/1w98RBYAgP
— Fondation des Femmes (@Fondationfemmes) April 20, 2022