Prince ou princesse ? Un conte pour enfants laisse planer le mystère

La compagnie Barak'A théâtre présente un nouveau spectacle à Paris : Prince ou Princesse, that is (not) the question. Dans cette histoire, l’enfant du roi et de la reine ne sera ni un prince appelé Parfait, ni une princesse nommée Patience, mais sera Mystère. Ce conte de fées engagé, drôle, original met à mal les clichés sur les filles et les garçons. Présenté au Ciné 13 Théâtre dans la capitale française, il s’adresse aux enfants, comme aux parents.  
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Prince ou princesse ? Un conte pour enfants laisse planer le mystère
Le roi, la reine et leur enfant Mystère dans la pièce “Prince ou Princesse? That is (not) the question“ /TV5MONDE
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Il était une fois un roi et une reine dans un château, qui rêvaient d’avoir un enfant. Un petit prince courageux et fort qu’ils appelleraient Parfait ou une petite princesse douce, et avec les cheveux les plus longs du royaume qu’ils nommeraient Patience.
Jusque là, le début de ce conte est classique. La reine habillée en rose et dentelles, le roi vêtu de bleu sont impatients de connaître leur bébé. 
Mais tout bascule quand les fées, rebaptisées en une succession de jeu de mots hilarants, se réunissent autour de la fée Condité pour attribuer le sexe de l’enfant et ses dons. Il y a la Fée Ssée, la Fée Minine, la Fée Pas Ci, la Fée Pas Ca, la Fée Rocité et même la Fée Steeve. Mais personne n’attendait la Fée Ministe, venant jouer les troubles fête.  

Après une discussion animée entre les fées, il est décidé que le nouveau-né ne sera ni une fille, ni un garçon, mais Mystère et qu'il connaîtra son sexe seulement quand il aura dix ans.
En attendant, l'enfant, qui nous raconte son histoire, va grandir librement, sans troubles ou soucis, d’autant qu’il sera accompagné tout au long par sa marraine, la Fée Ministe, bien décidée à lui donner la force de combattre les préjugés. 

Prince ou princesse ? Un conte pour enfants laisse planer le mystère
Affiche du spectacle.
Un conte pour faire réfléchir parents et enfants

Mystère est androgyne, vêtu de blanc, innocent, mais aussi plein de sagesse. Il s’amuse de la situation dans laquelle ses parents se trouvent désorientés, et les appellent à l’aimer tout simplement. Le roi et la reine caricaturés, véhiculent à eux seuls tous les stéréotypes de genre de notre société. « Le couple royal nous donne à voir avec humour et reconnaître avec humilité nos limites ainsi que les absurdités culturelles véhiculées par la domination masculine », souligne Delphine Lacouque, co-auteure de la pièce, actrice et metteure en scène.

Un scénario prémonitoire

Cette pièce, écrite avant la loi sur le mariage pour tous, dit donc aux enfants « Soyez-vous même » et pose la question de l’identité, souvent réduite à notre sexe. Une pièce « qui tombe bien, au bon moment » pour Delphine Lacouque, féministe, qui a voulu proposer un conte engagé avec sa troupe. Après avoir évoqué le tabou du deuil dans Même pas peur ou le voyage de Marcel, ainsi que le thème de la tolérance dans une adaptation du conte Babayaga (figure mythologique des contes russes, entre malveillance et super pouvoir), c’est la notion d’égalité que les acteurs ont voulu transmettre aux enfants. 

Pour faire passer des messages, le spectacle adopte la forme du conte, avec des personnages types en costumes, des jeux de lumières qui amènent la magie, mais il est surtout très drôle.  « On fait des jeux de mots simples, on exagère le jeu, on caricature les personnages et leur voix, on crée des scènes burlesques ou poétiques et surtout on utilise l’humour. Les enfants sont un super public. On peut rire de tout, des pets comme des culottes », explique la metteure en scène, qui joue aussi le rôle de la fée Minine.
Prince ou princesse ? Un conte pour enfants laisse planer le mystère
Au fond à gauche la Fée Minine, et à droite la Fée Steeve. Au centre la Fée Condité accompagnée de la Fée Ministe en bleu /TV5MONDE

« Les petites filles se moquent de la fée Minine et de la reine. La fée Ministe je ne sais pas, elles l’ont écoutée mais on verra ce qu’elles en font. La pièce veut aussi dire aux petits garçons qu’ils n’ont pas n’ont plus à être le prince charmant que les filles attendent », ajoute Delphine Lacouque.
Un message qui semble être passé. « Une petite fille nous a dit : bah moi ce que j’ai compris, c’est que j’ai le droit d’être qui je veux ».

A la sortie du spectacle, les parents aussi semblent conquis. Une mère est venue avec ses deux filles. « J’ai choisi ce spectacle car je voulais aborder ce thème de l’égalité avec elles. Je trouve que c’est vraiment réussi mais ce n’est pas une pièce qui pourra être comprise par les tout-petits ». Le spectacle est conseillé en effet, aux enfants à partir de 7 ans. Un papa est venu lui aussi avec sa fille, qui adore les princesses et avec qui il souhaite discuter des thèmes abordés.

Le débat se poursuit aussi dans les écoles, puisque des ateliers d’écriture et de réflexions sont également proposés, en marge du spectacle. Prince ou princesse, pièce à voir en famille jusqu’au 4 avril 2015, laisse planer le mystère jusqu’au bout.

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