Prix Gisèle Halimi 2022 : dénoncer le sexisme par le verbe

La Fondation des Femmes organise depuis cinq ans le prix d'éloquence Gisèle Halimi, du nom de la grande avocate franco-tunisienne, figure de proue du combat pour le droit à l'avortement dans les années 70. Huit candidates avaient chacune huit minutes pour convaincre autour d'un thème. Maïmouna Haïdara, avocate, est la lauréate 2022 pour sa prestation autour de la #DoublePeine.
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eloquence photo odéon
©François Lafite pour la Fondation des femmes
Photo de famille à l'issue du concours d'éloquence Gisèle Halimi 2022 organisé par la Fondation des Femmes au théatre de l'Odéon à Paris, le 10 janvier 2022. Au centre, les lauréates de cette 5ème édition, Maïmouna Haïdara, Carele Ngaleu Monkam et Roukiata Ouedraougo.
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Maimouna Haïdara
©Fondation des Femmes
Maïmouna Haïdara, avocate, est la lauréate du Prix Gisèle Halimi 2022, concours d'éloquence pour lutter contre le sexisme de la Fondation des Femmes, après avoir évoqué le thème de la #DoublePeine. 
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Des mots pour dénoncer les maux. Depuis 2017, la Fondation des Femmes organise le concours d’éloquence Gisèle Halimi. Une occasion de promouvoir les droits des femmes en valorisant les paroles qui portent, émeuvent, mobilisent et transforment la société.
 
Une mini-jupe après la nuit tombée, double peine, un peu trop d’alcool consommé, double peine, embrasser votre petit copain dans son lit, puis décider de ne pas aller plus loin, double peine.
Maïmouna Haïdara, avocate, prix Gisèle Halimi 2022
Le Prix Gisèle Halimi de cette édition 2022 a été attribué lundi 10 janvier à Maïmouna Haïdara qui avait pour sujet « #DoublePeine ». Le Prix Coup de Coeur revient à l'autrice et humoriste Roukiata Ouedraougo et son discours « #RegardeMoiBien ». Le Prix Spécial du Président du Jury à Carele Ngaleu Monkam qui s'est exprimée sur le sujet « #IWasCorsica ». Le jury était cette année composé des actrices Julie Gayet et Anna Mouglalis, la journaliste du Monde et autrice Annick Cojean, Valence Borgia et Julie Couturier, avocates, et de deux hommes, le metteur en scène Stéphane Braunschweig et celui qu'on ne présente plus, le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege. 
 
Au total, ce sont huit candidates venues de tous horizons qui se sont exprimées pour délivrer en huit minutes, en public et devant un jury prestigieux, un discours argumenté sur un thème donné. La soirée s'est tenue au théatre de l'Odéon à Paris et a été animée par l'ex-avocate devenue humoriste Caroline Vigneaux, avec en invitée surprise la chanteuse Juliette Armanet - à retrouver via les réseaux sociaux de la Fondation des Femmes, et bientôt en ligne sur sa chaine youtube.
 

Gisèle Halimi, un modèle, une voix, une voie

Pour rendre hommage à celle qui avait accepté de donner son nom à ce concours, la présidente de Fondation des Femmes a tenu à lui lire une lettre posthume en direct sur France Inter. "Avant de décéder, vous nous l'aviez autorisé, et nous tâcherons d'être à la hauteur de cette confiance accordée. Voilà plus d'un an que vous êtes partie et vous nous manquez cruellement ici. Il y a tant de vos pas qui dans l'histoire des femmes résonnent de nos combats. (...) Vos plaidoiries ont amélioré nos vies. ", dit Anne-Cécile Mailfert. 
 
Il y a tant de vos pas qui dans l'histoire des femmes résonnent de nos combats.
Anne-Cécile Mailfert, présidente Fondation des Femmes
"J'aurais aimé écrire mon admiration pour votre entrée au Panthéon, mais pour vous pas de Panthéon. Après concertation, il en a été décidé autrement par votre famille et Emmanuel Macron. Pourtant, quelle autre combattante répondrait mieux à la devise 'Aux grandes femmes, la patrie reconnaissante", poursuit la militante. 
 
 

En parler, pour mieux agir

La Fondation des Femmes, abritée par la Fondation de France, est la structure de référence en France pour la liberté et les droits des femmes et contre les violences dont elles sont victimes. Grâce aux dons qu’elle reçoit, elle apporte un soutien financier, juridique et matériel aux initiatives associatives à fort impact, sur tout le territoire.
 

Des mythes et stéréotypes à déconstruire

La journaliste et réalisatrice Marine Perin, lauréate du Prix Gisèle Halimi de l'édition 2020, s'attaquait au mythe de la mère modèle et parfaite et évoquait même le burn out "maternel" d'une amie habituellement si calme qui explose et hurle le jour où elle casse bêtement un biberon. Autre sujet salué lors de cette précédente édition, les clichés véhiculés depuis la nuit des temps sur la représentation des corps des femmes, déconstruits par Océane Barrault, Prix du public 2020 pour son discours « Dé.corps interdits ».
 
Parmi les personnes récompensées, des femmes pour la plupart, mais le concours n'exclut pas les hommes à l'instar de Bolewa Sabourin, Prix Coup de coeur 2020 pour son discours « Je vois la vie en bleus » sur la masculinité.