Fil d'Ariane
"Ne le dis à personne et tu pourras revenir ici toutes les nuits", c'est ce que Benjamin Mendy aurait dit à une jeune femme de 20 ans qui affirme avoir été violée plusieurs fois par l'international français malgré ses refus répétés.
Ce 18 août, deuxième jour d’un procès qui va durer au moins 15 semaines, les membres du jury du tribunal de Chester près de Liverpool, ont entendu un enregistrement d’une victime présumée du footballeur international.
La jeune femme de 20 ans raconte comment elle a rencontré Mendy et des amis dans un bar à proximité de la maison du footballeur, en octobre 2020. Elle accepte de le suivre chez lui. Sur place, alors qu'elle consulte son téléphone, Mendy s'en empare, l'accusant d'avoir pris des photos de lui, selon elle.
Elle l'a alors poursuivi dans la maison, jusqu'à sa chambre dont l'ouverture se déclenche par empreinte digitale. La porte s'est refermée derrière eux.
"Écoute, je veux mon téléphone, je ne sais pas à quoi tu penses. Je ne veux pas faire l'amour avec toi", se rappelle-t-elle lui avoir dit. La réponse du joueur, selon elle : "de toutes façons, la porte est fermée à clé".
La jeune fille raconte que Benjamin Mendy l'a ensuite forcée à se déshabiller et l'a violée trois fois en une vingtaine de minutes, malgré ses refus répétés: "je ne veux pas faire ça (...) il faut que je parte". "Mon corps était si tendu, j'avais très mal", se souvient-elle, disant avoir saigné après ces rapports contraints.
Elle dit que Mendy, après les viols, l'a traitée de "timide", s'est vanté d'avoir eu des rapports avec "10.000 femmes" et a essayé d'obtenir son silence en échange d'un retour les jours suivants. "Comme si cela avait été un privilège de venir tous les soirs faire ça avec lui", ajoute la jeune femme.
"J'ai dit non plein de fois, c'est ça qui me met vraiment en colère", explique-t-elle. Elle a porté plainte trois semaines après l’agression, après avoir parlé à ses proches et à des professionnels spécialistes de l'accueil des victimes de violences sexuelles.
Le lendemain des viols dont elle accuse le footballeur, la jeune femme a dit avoir reçu un message Snapchat de sa part, avec une série de points d'interrogation.
Benjamin Mendy est jugé au côté d'un autre homme, Louis Saha Matturie - sans rapport avec l'ancien footballeur Louis Saha – qui est poursuivi pour huit viols et quatre agressions sexuelles sur huit femmes entre juillet 2012 et août 2021. Comme Mendy, il a plaidé non coupable.
Timothy Cray, avocat de l'accusatoin, affirme que Matturie est un ami de Mendy et son "fixeur". Une de ses fonctions était de lui "trouver des jeunes femmes et de créér les situations où elles pouvaient être violés et agressées sexuellement."
Lors de la première audition de Benjamin Mendy le 15 août, Associated Press rapporte les propos de l'avocat Cray : "les actions qu'ont faites les accusés montrent une indifférence totale aux femmes qu'ils poursuivaient". Maître Cray a déclaré devant la Cour que "dans leur esprit, il ne pouvait pas être plus clair que le flot de jeunes femmes qu'ils amenaient chez eux existaient uniquement pour subvenir à leurs besoins sexuels."
L'avocat de l'accusation a poursuivi en annonçant aux membres du jury qu'ils auraient à écouter les témoignages de 13 femmes différentes.
La victime présumée entendue ce 18 août affirme que Matturie, membre de l'entourage de Mendy, lui a aussi écrit le lendemain via message sur son téléphone: "Est-ce que tu vas bien? Appelle-moi, qu'on discute". Elle n'a pas répondu mais pris des captures d'écran, avant de bloquer les numéros, selon elle.
Âgé de 28 ans, le défenseur français, suspendu depuis un an par Manchester City, comparaît pour huit viols, une tentative de viol et une agression sexuelle contre sept femmes.
L'accusation l'a présenté comme un "prédateur" ayant abusé de victimes "vulnérables, terrifiées et isolées".
Les dix chefs d'accusation retenus contre lui concernent des faits qui se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021 à son domicile de Prestbury, dans le Cheshire. Il risque la prison à perpétuité.