Mesure phare de la proposition de loi sur la prostitution, la pénalisation des clients a donc été supprimée par la commission spéciale du Sénat le 8 juillet 2014, qui a considéré qu'elle serait inefficace pour lutter contre les réseaux mais précariserait davantage les prostituées.
Au terme d'un intense débat, les 37 membres de cette commission ont voté la suppression de cette disposition, qui prévoyait de punir les clients, également appelés les "prostituteurs", pour l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1.500 euros, par 16 voix (contre 12 favorables et 2 abstentions).
"Nous avons mis en avant la précarisation des prostituées que la pénalisation entraînerait forcément, avec des clients plus rares qui pourraient imposer leurs désirs et des prostituées obligées de se cacher". Le stage de sensibilisation pour les clients interpellés a également été supprimé. La pénalisation des clients peut cependant revenir par un amendement en séance au Sénat.
La Suède, modèle pour les un-e-s, repoussoir pour les autres Lors de son audition devant la commission, la ministre de la Justice Christiane Taubira avait cependant souligné qu'il ne fallait pas sous-estimer les inquiétudes des associations, qui craignaient de voir les prostituées se retirer dans des lieux plus cachés en cas de pénalisation des clients.
Les incidents se multiplient en France, en dépit des législations successives, comme celle qui avait interdit le racolage sur la voie publique, un délit aboli
sous la houlette, déjà, de Esther Benbassa. Depuis le 7 juillet, sous la pression des habitants, la mairie de Toulouse a interdit la prostitution dans les quartiers où elle est la plus présente.
La sénatrice
Esther Benbassa du groupe Europe Ecologie les Verts qui a beaucoup bataillé pour obtenir l'abandon de la pénalisation des clients, au motif qu'elle entrainerait plus de précarisation du côté des prostitués, que la morale ne devait pas être source de loi et que le modèle suédois ne marchait pas, se félicite
sur son compte twitter de l'option choisie par les sénateurs. Mais en Suède de nombreuses voix estiment pourtant que l'option choisie a été bénéfique.