Solidarité sans faille
Cette pression, ajoutée aux difficultés financières – les ouvriers n’ont pas été payés depuis avril 2013 – n’a pas entamé la volonté de ces femmes. Soutenues par leurs familles, le monde syndical et certaines communes, notamment Aubagne d’obédience communiste jusqu’aux dernières élections, elles saluent aujourd'hui
la solidarité qui a accompagné le mouvement. « Seuls, on n’existerait plus, confirme Marie-Josée. Nous avons vécu des moments très violents mais nous avons pu vivre des moments de partage exceptionnels. » Rime ajoute : « J’ai pu faire des choses que je n’avais jamais faites auparavant comme m’exprimer dans les médias ou parler face à face à un préfet. » Aujourd'hui, elle met enfin à profit ses compétences scolaires. Diplômée d’un BTS Assistant de direction, elle a géré l’aspect administratif durant la lutte et continuera à s’en occuper au sein de Scop Ti. Marie-Ange et Marie-Josée, elles, souhaitent profiter de leurs droits à la formation pour apprendre l’espagnol « parce que de nombreuses personnes intéressées par notre travail viennent d’Espagne et d’Amérique latine, mais aussi pour notre plaisir ! », sourit Marie-Ange.
Le 26 mai 2014, Unilever accepte enfin le projet de coopérative et accorde 20 millions d’euros aux ouvriers, en plus des primes personnelles de 100 000 euros, afin qu’ils puissent lancer leur projet. 60 d’entre eux deviennent coopérateurs, dont 52 sont salariés. Depuis, ils ne cessent de maintenir en état leur usine, d’où aucun grain de poussière ne subsiste. Alors que les statuts de la Scop viennent d’être déposés, les coopérateurs apprennent petit à petit à gérer une entreprise. « Il nous manque des compétences en marketing, dans le domaine commercial, mais aussi en hygiène et en sécurité, explique Marie-Ange. Si nous voulons une production de qualité, surtout si elle est biologique, nous devons avoir une certaine exigence ! ». La ligne de coupe de plantes aromatiques qui ne fonctionnait plus depuis plusieurs années - Unilever ne souhaitant qu’utiliser des arômes chimiques - sera bientôt remise en marche. « Nous voulons développer les circuits courts, régionaux, en utilisant les productions de plantes médicinales et aromatiques locales, conclut Rime. Nous avons été dépossédés de cette filière par Unilever mais nous sommes fiers de la relancer à nouveau. »