Fil d'Ariane
Véronique De Sève - Vice-présidente de la CSN confédération des syndicats nationaux , responsable du dossier de condition féminine s’insurge dans les colonnes du Devoir : « La Journée internationale des femmes du 8 mars 2015 prend une saveur particulière. Alors qu’elles se battent depuis longtemps pour obtenir l’égalité concrète avec les hommes, le gouvernement Couillard, avec une froideur déconcertante, se lance dans une entreprise de démolition de leurs acquis par l’adoption de mesures aussi régressives les unes que les autres. »
On s’en doutait, c’est maintenant confirmé : les mesures d’austérité prises par les gouvernements québécois successifs au cours des dernières années touchent davantage les femmes que les hommes, tout comme les mesures pour relancer l’économie favorisent davantage les hommes que les femmes. Autrement dit c’est l’iniquité dans l’austérité comme dans la prospérité…
C’est ce que conclut une étude rendue publique à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2015, à Montréal par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques. « Les résultats sont clairs, dit la co-auteure de l’étude Evelyne Couturier, la sortie de crise depuis 2008 a eu un impact négatif sur les femmes, tant pour ce qui est de la relance que pour l’austérité ».
PaupérisationL’institut a analysé les budgets, énoncés budgétaires et mises à jour économiques mis en place par les gouvernements du Québec entre 2008 et aujourd’hui. Au total, 192 mesures ont été scrutées à la loupe par les chercheurs de l’organisme. Ainsi, les femmes ont absorbé 3,1 milliards de plus que les hommes des compressions dans les programmes sociaux, hausses de taxes et baisses ou gels de salaires imposés par les gouvernements. Notamment parce qu’elles représentent 75% des employés de l’État, qui ont subi de nombreuses coupures de postes au cours des dernières années.
Les hommes ont bénéficié de plus du double que les femmes du budget de relance
En ce qui concerne les mesures de relance économique, comme elles ont surtout consisté à injecter des centaines de millions de dollars dans des programmes de développement d’infrastructures (travaux routiers, construction de bâtiments et autres), elles ont davantage favorisé les hommes qui sont beaucoup plus nombreux à travailler dans ces secteurs que les femmes. « Les hommes ont bénéficié de 7,2 milliards de dollars, contre 3,5 milliards pour les femmes » précise Evelyne Couturier. Soit plus du double…
Les auteurs de l’étude concluent : « En plus d’avoir des effets délétères sur la population et l’économie du Québec, les mesures d’austérité du gouvernement contribuent également à creuser les inégalités entre les hommes et les femmes. Tout porte à croire que le budget 2015-2016 ne fera pas exception à cette règle avec l’application de nouvelles mesures d’austérité ».
Voilà qui va apporter de l’eau au moulin des organismes de lutte contre la pauvreté et de défense des femmes qui soutiennent depuis des lustres que les femmes sont les premières victimes de cette austérité et qui demandent aux gouvernements de prendre en considération cette situation afin de réduire au maximum l’impact de ces mesures sur les Québécoises. Les gouvernement du premier ministre Philippe Couillard, depuis sa prise de pouvoir il y a un an, sabre allègrement dans les programmes sociaux dans sa quête du déficit zéro… mais s’il fait la sourde oreille à ces mises en garde, les organismes et les syndicats vont se faire un plaisir de le lui rappeler via manifestations et actions d’éclat au cours des prochaines semaines.
Etude intégrale à lire et à télécharger sur le site de l'IRIS