Un premier message sur Facebook et l'affaire est lancée
Car la journaliste a publié peu de temps après sur son compte Facebook le message suivant : « J’aimerais faire une précision, je n’encourage en aucune façon qu’on s’en prenne à cet homme de quelque manière que ce soit si on le retrace. Au final j’aimerais qu’il comprenne pourquoi son geste est inacceptable. Je vais effacer tous les commentaires qui inciteront à la violence, ceci n’est pas une vendetta. Personne ne peut oser rentrer dans ma bulle et m’embrasser pendant que je suis en ondes. Ce n’est ni adorable ni flatteur. On ne m’embrasserait pas si on me croisait dans la rue ou nulle part ailleurs. Ce n’est pas soudainement acceptable parce que je suis une femme devant une caméra en direct à la télé. Embrasser quelqu’un sans son consentement, c’est non. Ah oui pus, tu m’déranges, je travaille ».Ce message, accompagné de photos et de la vidéo de l'incident, a été partagé près de 8000 fois et a suscité plus de 6000 commentaires, sans oublier quelque 11 000 j’aime et autres réactions via les émoticônes de Facebook. Autant dire donc qu’il a fait réagir, et la journaliste a reçu le soutien de milliers de personnes, ami-es, collègues et anonymes. Son sang-froid, sa dignité mais aussi son refus d'en faire une affaire d'état ont impressionné, au delà du Québec même.
Un exemple de dévalorisation du travail des femmes... Bravo à @Valerie-Micaela Bain ! Quel sang-froid ! https://t.co/MWb4BVrgi2
— Johanne Perron (@JohannePerron10) 6 août 2017
Quelle maîtrise de ma collègue Valerie-Micaela Bain. Et au minable qui a fait ça : pas fort https://t.co/oqjow5mnYY
— Emilie Perreault (@emilieperreault) 5 août 2017
Soutien de Radio-Canada

« Remarquable » : c’est le mot. Tout journaliste vous dira que faire des directs est l’exercice le plus difficile de son métier, surtout quand on est au milieu d’une foule comme ça, dans un environnement bruyant et/ou agité. Cela prend une concentration extrême et tout incident de cette nature peut être extrêmement perturbant et déstabilisant. Valérie a donc fait preuve d’un professionnalisme à toute épreuve mais au-delà de ça, c’est le cran avec lequel elle a repoussé l’individu qui force l’admiration. Parce que oui, cela peut-être insécurisant et intimidant de se faire ainsi quasiment sauter dessus par un inconnu. C’est effectivement une intrusion dans sa bulle, une forme d’agression et j’avoue que j’ignore comment je réagirais dans des circonstances similaires. Enfin le message livré par Valérie sur son compte Facebook est empreint de dignité en soulignant que ce que l’on peut qualifier d’évidences : oui, ce n’est pas acceptable d’embrasser quelqu’un sans son consentement et oui, pourquoi certains individus se croient permis de poser ce genre de gestes envers des femmes journalistes en train de parler devant la caméra ? Non mais pour qui se prennent-ils ?
Les femmes journalistes, des proies faciles ?
Cet incident n’est pas le premier du genre dont aient été victimes des femmes journalistes. On se souvient de ce mouvement lancé aux États-Unis au début de 2014 qui consistait à interrompre une journaliste en train de parler devant la caméra par un très subtil « fuck her right in the pussy ». Ces dernières années, d’autres journalistes de Radio-Canada et CBC ont subi ce genre d’agressions devant leur caméra. Ou en France, comme Maly Thomas embrassée à son corps défendant, en direct aussi, le 29 mai 2017, par un tennisman lors des internationaux de Roland Garros...
A retrouver dans Terriennes :
> Harcèlement en direct à Roland-Garros : balle, set et match contre Maxime Hamou
Même si ces gestes sont unanimement dénoncés partout où ils sont commis, il y aura toujours des imbéciles – car il n’y a pas d’autres mots pour qualifier ces individus – pour les poser… Et il faudra encore et encore dire et répéter que non, c’est inacceptable. Point barre.
Je vous ai manqué de respect personnellement, en m’imposant sur vous devant votre public. Je suis le père de deux enfants. Je leur souhaite de pouvoir vivre leur vie dans un monde où ils ne craindront pas les gestes déplacés des hommes.
Valérie-Micaela Bain a pour sa part mis un point final à l'incident du quatre août après avoir reçu une lettre d'excuses de son agresseur. "Je voudrais trouver les mots justes pour exprimer le regret et le sentiment de honte qui m’habitent à la suite des évènements d’hier. Je vous ai manqué de respect personnellement, en m’imposant sur vous devant votre public. Je suis le père de deux enfants. Je leur souhaite de pouvoir vivre leur vie dans un monde où ils ne craindront pas les gestes déplacés des hommes. Ceci n’est pas un vœu pieux. J’essaie tous les jours d’inculquer à mes enfants qu’ils ont le contrôle sur ce qu’ils choisissent d’accepter. Je n’ai pas été à la hauteur hier, de tout ce en quoi je crois fermement. J’ai transgressé une limite par une conduite méprisable. Je comprends que mon intervention a contribué à banaliser les comportements d’abus sexuel. Toutefois, je puis vous assurer qu’il n’en était nullement mon intention. Je vous ai manqué de respect, à vous en tant que femme et à votre profession. J’ai envoyé comme message qu’il était drôle, voire normal, d’embrasser sur la joue une journaliste pendant un reportage. J’ai voulu faire rire mon entourage en posant un acte sans vergogne. Encore mille excuses. Je ne trouve aucun mot qui justifie mon geste. Je suis désolé."
La journaliste a alors supprimé les divers posts relatifs à cet assaut de son compte twitter et publié sur sa page facebook une lettre en retour, un fort beau texte.
Pendant une fraction de seconde, je me suis sentie vulnérable, démunie, mais j'ai aussi ressenti de la colère. Personne n'a le droit de me toucher sans mon consentement
Valérie-Micaela Bain, journaliste à Radio-Canada
A la suite de sa reporter, Radio Canada a décidé de ne pas porté plainte.
Pas de plainte contre l’homme qui a embrassé Valérie-Micaela Bain en direct https://t.co/T7h2VsvVXk
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) 8 août 2017