Fil d'Ariane
Une famille de déplacés arrive dans un camp de l'ONU à Bentiu au Soudan du Sud le 26 juin 2015. Un rapport onusien accuse des soldats d'avoir violé et brûlé des femmes. Ces exactions ont fait fuir la population de zones frontalières avec le Soudan.
Des femmes et des filles violées puis brûlées vives dans leurs huttes. Dans un rapport publié mardi 30 juin, les enquêteurs de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) racontent l'horreur. Les bourreaux de ces femmes ne sont autres que les soldats de l'armée régulière, révèlent les témoignages des rares survivants de ces attaques.
Depuis quelques semaines, l'armée sud-soudanaise a lancé une offensive contre la rébellion dans le département de Mayom, zone pétrolifère près de la frontière avec le Soudan détruite par des mois de guerre.
Les soldats et les milices alliées de l’armée auraient donc, sur leur passage, mis à sac des dizaines de villages, en s'attaquant en premier lieu aux habitantes. Certaines auraient été violées devant leurs enfants.
Dans cette escalade de l'horreur, les soldats rebelles ne sont pas en reste. Eux aussi sont accusés d'avoir pris en otage les populations en multipliant exactions et viols.
Face aux accusations de l'ONU, les autorités sud-soudanaises ont réagit. "Notre armée a été créée pour protéger nos femmes et nos enfants (…) quiconque sera jugé coupable d'avoir participé à ces crimes horribles sera traduit en justice devant les tribunaux et devant Dieu", a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Paroles contre actes… On imagine mal comment cette justice pourra se faire dans une région où les combats entre deux factions de l'armée n'ont pas cessé depuis deux ans et demi.
Selon l'organisation Amnesty International, depuis décembre 2013, ce conflit armé interne au Soudan du Sud a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes et la destruction de villes entières. Environ 1,4 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays et 500 000 ont fui vers les Etats voisins.
Ces populations déplacées n'ont pu cultivé leurs champs. Conséquence : la Croix-rouge locale a lancé début juin un cri d'alarme car elle redoute la famine. Selon elle, ce sont près de 300 000 civils qui ont besoin de secours d'urgence.
> Lire notre article : "Soudan du sud : la tragédie oubliée"
Un cessez le feu a été signé en janvier 2014, il est resté sans effet. A ce jour, le Soudan du Sud n’est au programme d’aucune conférence de paix.
En décembre dernier, la responsable des Nations Unies en charge des questions de violence sexuelle dans les conflits, Zeinab Bangura, déclarait, après s'être rendue dans la région, que le Soudan du Sud était pour les femmes "l'endroit le plus dangereux au monde".
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