Quelle place pour les Européennes aux élections européennes ?

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Quelle place pour les Européennes aux élections européennes ?
Une rareté : un seul homme sur ce cliché prise sur le site du Parlement européen parmi les élu-e-s, avec de gauche à droite : Corien Wortmann-Kool (PPE), Martin Schulz (S&D), Diana Wallis (ALDE), Marije Cornelissen (Verts/ALE), Marina Yannakoudakis (CRE), Eva-Britt Svensson (GUE), Marta Andreasen (ELD), Krisztina Morvai (NI)
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Le Parlement européen qui sera renouvelé le 25 mai 2014 comptait, depuis son élection en juin 2009, 257 femmes sur un total de 736 députés, soit 34,9 %. Pourtant la règle de la parité sur les listes devrait favoriser une plus forte proportion de femmes, et même dans l'absolu une stricte égalité. Mais la parité sur les listes ne suffit pas, puisque le plus souvent, surtout dans les pays du Sud de l'Europe (France comprise), les têtes de liste sont le plus souvent masculines.
Les meilleurs élèves de l'Europe en matière d'élues européennes, cela n'étonnera personne, sont la Finlande et la Suède, avec respectivement 61,5 et 55,6 % de députées. Avec 44,4 % de femmes, la France fait mieux que la moyenne. Elle est également mieux placée parmi les grands pays comme l’Allemagne (37,4 %) et le Royaume-Uni (33,3 %). Le nombre d’élus est proportionnel à la taille de la population des pays. Avec 32 députées, la France compte le contingent féminin le plus important des pays qui possèdent le plus grand nombre de représentants. L’Italie en est le plus mauvais élève, avec 16 députées sur 72, soit 22,2 % de ses représentants. Au fond la proportion de femmes envoyées au Parlement européen par les différents pays de l'Union reflète la politique intérieure de ces Etats. Les pays du Nord de l'Europe qui ont entamé depuis longtemps une politique volontariste pour parvenir à plus d'égalité tant dans les sphères politiques que privées caracolent en tête au Parlement européen aussi. Les pays marqués par une forte culture catholique - Irlande, Italie, Espagne et pire encore Malte -, ont bien du mal à céder la place aux femmes politiques. Quant aux derniers entrants, d'Europe centrale ou de l'Est, à l'exception de l'Estonie, ils ont encore un peu de mal, semble-t-il, à se soumettre à la démocratie paritaire…
Quelle place pour les Européennes aux élections européennes ?
Répartition hommes/femmes et par pays, du Parlement sortant, élu au printemps 2009
Pourtant, avec le mouvement dialectique qui tend à rogner les droits des Européennes ces derniers mois, alors que les gouvernements conservateurs reprennent les rênes à la faveur de la crise économique, et sont tentés de renvoyer "les femmes à leurs fourneaux", que le droit à l'avortement est attaqué légalement (en Espagne ou en Pologne) ou pratiquement (en Italie par exemple), que les approches du genre soulèvent des cris d'orfraie un peu partout sur le vieux continent (manifestations pour tous en France), les femmes aimeraient se faire entendre plus. Le quotidien français Libération a parcouru l'Europe à la rencontre d'électrices, comme la Britannique Leila Ashford, qui, à 33 ans, s'étonne "toujours qu’il n’y ait qu’un tiers de femmes au Parlement européen quand elles représentent plus de la moitié de la population" et avoue privilégier "les candidats, les partis qui se préoccupent du droit des femmes, de l’égalité des sexes, à tous les niveaux, dans le travail, socialement, politiquement." 
Quelle place pour les Européennes aux élections européennes ?
Willy W.H. Claes, musicien et chef d'orchestre belge, membre du parti socialiste flamand et Mark Eyskens économiste, membre parti démocrate-chrétien flamand, deux des hommes politiques ornés de boucles d'oreille pour la campagne “Let’s make it fifty-fifty !“
Les députés européens ne brillent pas, il est vrai, par leur soutien aux droits des femmes. Ainsi, le 11 mars dernier, le Parlement rejetait un texte sur l'égalité hommes-femmes en matière de droit du travail, qui appelait à garantir l’égalité de rémunération à travail égal, et qui aurait pu être fort incitatif pour les pays membres. Le rapport était balayé par 298 voix contre, essentiellement dans le camp conservateur, 289 pour (majoritairement la gauche et les libéraux) et 87 abstentions, dont un nombre important, et cela est fort étonnant, de députés écologistes. Un lobby européen de femmes se mobilise pour faire caisse de résonance tandis que des féministes françaises et suédoises, révoltées par ce nouveau revers, effrayées par le recul espagnol sur l'interruption volontaire de grossesse (dont on rappelle qu'elle ne figure pas dans la Charte européenne des Droits fondamentaux, après avoir été expurgée de la rédaction première de ce texte par des chefs d'Etat et de gouvernement apeurés), ont estimé que l'on n'était jamais mieux servies que par soi-même et ont présenté en France des listes féministes, résolument sociales et bien entendu paritaires… S'il est loin d'être certain que les Françaises seront portées par une déferlante populaire au Parlement, les Suédoises de Feministisk Initiativ, un parti que se veut aussi antiraciste, pourraient décrocher un siège, ce qui est mieux que rien... En Belgique, où les citoyens sont appelés aux urnes pour leurs élections locales le même jour que les Européennes, un mouvement de femmes profite de l'aubaine pour faire d'une pierre deux coups, avec humour et entrain, affublant des figures masculines politiques belges de boucles d'oreille. 76 femmes et hommes politiques ont signé leur manifeste ‘Votez femmes !’. Cela suffira-t-il à mobiliser des élect-rices-eurs a priori bien peu motivé-e-s ? A suivre…

L'un des clips de campagne des Féministes françaises pour une Europe solidaire