"Les femmes seront les premières victimes des conservateurs", déclare Isabelle Lonvis-Rome, nouvelle Ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances. pic.twitter.com/FE0wOIFCYG
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) July 2, 2022
Poursuivre la lutte contre les violences conjugales
"On a avancé à marche forcée. On est partis d’une prise de conscience sociétale et politique très forte pour arriver à des mesures concrètes.", lançait Isabelle Rome dans le cadre de sa mission en tant que Haute fonctionnaire chargée d'appliquer les mesures du Grenelle de novembre 2019.Depuis l'automne dernier, celle qui est devenue ministre déléguée à l'égalité femmes-hommes, s'est rendue dans les dix juridictions pilotes où sera expérimenté l’un des dispositifs du Grenelle : le contrôle judiciaire avec placement probatoire des conjoints violents. Il oblige l’auteur supposé à résider dans un appartement géré par le Groupe SOS, avec un suivi psychosocial, avant d’être jugé.
Juge à 23 ans
Isabelle Rome est née le 29 avril 1963 à Bourg-en-Bresse. Mariée au président socialiste du conseil général et sénateur de l'Oise, Yves Rome. "Ce fut un coup de foudre, confie-t-elle brièvement dans le journal Le Parisien en 2005, mais, pour des questions de vie privée, je ne souhaite pas en dire plus" .À 23 ans, elle est la plus jeune juge de France, chargée de l’exécution des peines dans une prison de 1 200 détenus à Lyon. C’est le choc du milieu carcéral : "Six années décisives dans ma vie. Aux assises ça n’est pas seulement 2 chiffres qu’on aligne".
Elle fait ses débuts à Lyon en tant que juge d'application des peines, secrétaire générale de la présidence puis juge d'instruction, de 1987 à 1998. À propos de cette expérience, elle confie à Tendance droit , citant Dostoïevski et son roman Les frères Karamazov : "Nous sommes tous responsables de tout et de tous, et moi plus que les autres". À Lyon, toujours, elle est nommée secrétaire générale de la Présidence au TGI de Lyon entre 1992 et 1995, avant de devenir juge d’instruction, entre 1996 et 1998.
Elle rejoint ensuite la délégation interministérielle à la ville comme cheffe du bureau de la prévention de la délinquance, avant de faire son retour en juridiction à Amiens, Pontoise, Versailles, Nanterre et Chartres notamment.
En 2018, l'ex-Garde des Sceaux la nomme haute-fonctionnaire à l'égalité femmes-hommes au ministère de la Justice et devient la première à exercer ce poste à temps plein. Elle aura à ce poste la mission d’améliorer l’accès des femmes à des postes de hiérarchie, d'assurer un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, de lutter contre les stéréotypes et de réintroduire la mixité dans les métiers de la justice.
Isabelle Rome
Un chantier urgent, alors que le ministère de la Justice a été épinglé en 2016 pour n’avoir pas respecté la loi Sauvadet fixant à 40 % la proportion de femmes à des fonctions de hauts cadres. Pour les personnels du ministère, les magistrats, la pénitentiaire, le greffe, la PJJ et les SPIP, l’objectif est d’améliorer l’accès des femmes à des postes de hiérarchie, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, la lutte contre les stéréotypes et de réfléchir à la mixité dans les métiers du droit.
"Il ne s’agit pas d’une histoire de revendications féministes. Améliorer le sort des femmes est un levier puissant pour faire évoluer notre institution. Dans une démocratie moderne, les institutions doivent être un reflet de la société", confie-t-elle dans un entretien accordé au site tendancedroit.fr.
Toujours au sein du ministère de la justice, elle sera par la suite chargée de coordonner un plan d'action de lutte contre les violences conjugales, dans le sillage du Grenelle.
Invitée dans le 64' de TV5monde, elle dressait le bilan de la situation durant le premier confinement de la crise du COVID. Si les interventions par les forces de l'ordre pour violences conjugales ont augmenté de 42% en France,"c'est qu'elles sont intervenues dès qu'elles ont été appellées. Pour autant, il n'y a pas eu d'augmentation du nombre de plaintes", insiste-t-elle. A noter que pendant cette période néammoins, les appels ves le 3919 ont été multipliés par trois. Pour la magistrate, "il y a eu une mobilisation massive, aussi bien de l'opinion publique, que des autorités, que ce soit la police ou la justice".
Merci au TJ de #Nîmes d’avoir été pionnier dans l’expérimentation du contrôle #judiciaire avec placement #probatoire des auteurs de #ViolencesConjugales , avec le SPIP et @LaCordeeAsso et de poursuivre son développement avec dynamisme ! @justice_gouv https://t.co/wQhjQ8pm9E
— Isabelle Rome (@RomeIsabelle) May 12, 2022
Femmes en prison, "les oubliées"
Isabelle Rome a dirigé plusieurs associations, notamment pour les droits des femmes. Autrice, elle a aussi rédigé plusieurs ouvrages sur ce thème. En 2002, elle crée l’association "Femmes de Liberté" (anciennement appelée "Paroles de Femmes en Picardie". Elle a participé à de nombreuses conférences sur les droits des femmes, leur traitement judiciaire, mais aussi sur les prisons françaises et sur les mineurs et la justice.Sous le haut patronage de @UNESCO_fr, avec Celine Poulet #CIH, nous avons contribué à l'ouvrage
— Rabatel Marie (@rabatel_marie) March 8, 2022
" Ensemble pour les droits des femmes ! ", au côté de Guila Clara Kessous et @RomeIsabelle préfacé par @DenisMukwege
Ce soir, la place des femmes handicapées était au cœur des débats pic.twitter.com/HKVYgeetzM

Isabelle Rome
Pour elle, "les femmes en prison sont sans doute celles qui sont les plus oubliées, les plus isolées, les plus délaissées".
#LOL #IsabelleRome #EDM @MinistreJustice https://t.co/iXKraCbcGK pic.twitter.com/E9qAXbk5dG
— CelinePiques (@CelinePiques) May 20, 2022
"Dites bien Mme la Procureure"
En mai 2019, Isabelle Rome a fait signer un texte d’engagement pour une parole non sexiste au président et au procureur général de la cour d’appel de Caen (Calvados), rappelle actu.fr . Texte qui prône la féminisation des titres, selon lequel il est désormais acquis de prononcer "Madame la Procureure" et de conjuguer au féminin les noms des postes occupés par des femmes.Isabelle Rome
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