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Qui est derrière le meurtre de Valeria Marquez ? Voilà la question que tout le Mexique se pose depuis l'assassinat en direct sur TikTok de cette influenceuse beauté, apparemment sans histoire. Le Mexique détient le sanglant record du nombre de féminicides au monde.
L'influenceuse mexicaine, Valeria Marquez, 24 ans, on la voit ici quelques minutes avant son assassinat alors qu'elle était en direct sur son compte TikTok.
"Tu es Valeria ?", demande d'un ton enjoué et amical la voix d'un homme qu'on ne voit pas. "Oui", répond la jeune femme, en regardant son interlocuteur d'un air angoissé. Elle coupe le son et s'effondre quelques secondes plus tard, sous l'impact des coups de feu - trois, selon les premiers éléments de l'enquête. Par la suite une main arrête la retransmission. La vidéo de l'assassinat a été visionnée des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux. Nous avons choisi de ne pas la relayer ici.
Peut-être qu'ils allaient me tuer ? Valeria Marquez, sur TikTok
Valeria Marquez a été tuée par balles dans son salon de beauté à Zapopan, dans l'ouest du pays, en direct sur le réseau social TikTok où elle comptait plus de 100 000 abonnés, alors qu'elle présentait l'un de ses programmes de conseils.
Auparavant, la victime, vêtue d'un débardeur couleur fuchsia, avait reçu un cochon en peluche aux couleurs presque assorties. Accompagnée d'une assistante hors-champ, l'influenceuse s'était alors montrée surprise qu'un coursier souhaite lui remettre en personne des cadeaux pendant l'enregistrement de sa vidéo. "Ils allaient m'enlever ou quoi ?", s'était-elle interrogée, mi-ironique, mi-inquiète, ajoutant : "Peut-être qu'ils allaient me tuer ?"
Le parquet a ouvert une enquête pour "féminicide". Mais selon les enquêteurs, rien ne vient étayer à ce stade la piste d'un ex-fiancé de l'influenceuse lié au cartel Jalisco nueva generacion (CJNG), mise en avant par plusieurs médias mexicains. Le salon de beauté a été placé sous scellé, a constaté un correspondant de l'AFP, deux jours après ce crime qui a alimenté les spéculations à travers le pays.
"Devant des versions journalistiques qui désignent directement des responsables présumés de la mort d'une femme à Zapopan, le parquet de l'Etat (du Jalisco) précise qu'il n'existe jusqu'à présent dans le dossier de l'enquête en cours aucun signalement contre une personne en particulier", a indiqué le parquet.
Des médias mexicains ont spéculé sur la responsabilité présumée d'un homme présenté comme l'ex-petit ami de Valeria Marquez et responsable du CJNG. Sur les réseaux sociaux, des accusations de complicité ont par ailleurs visé une jeune femme qui, dans la vidéo, demande à l'influenceuse de ne pas quitter le salon de beauté.
De leur côté, des voisins ont indiqué au correspondant de l'AFP n'avoir guère d'éléments à apporter. "Elle venait toujours seule", déclare un serveur sous couvert de l'anonymat. "On n'a rien entendu", ajoute l'employé d'un commerce voisin.
Se montrant en voiture, sur un yacht ou dans un avion privé, Valeria Marquez publiait vidéos et photos sur TikTok (plus de 90 000 abonnés) et Instagram (115 000). En août 2024, la jeune femme avait ouvert le salon de beauté Blossom dans un centre commercial de Zapopan, banlieue à la fois huppée et violente de Guadalajara.
Les influenceurs sont devenus une pièce supplémentaire dans l'engrenage de la structure du crime organisé. David Saucedo, expert en sécurité
Elle n'avait jamais fait état d'aucune menace, d'après le maire de Zapopan, Juan José Frangie.
Plusieurs influenceurs ont été tués au Mexique, soupçonnés de liens avec le crime organisé. L'un d'eux "el Pirata de Culiacan", avait auparavant "menacé" le chef du CJNG, selon l'expert en nouveaux médias Maurizio Cabrera. Pour l'expert en sécurité David Saucedo, "les influenceurs sont devenus une pièce supplémentaire dans l'engrenage de la structure du crime organisé".
Le CJNG, un cartel de drogue, fait partie des huit mafias criminelles d'Amérique latine - dont six mexicaines - classées sur une liste d'organisations "terroristes" par l'administration américaine de Donald Trump.
En 2024, près de 3 430 femmes ont été victimes de morts violentes au Mexique, selon un document du Parlement mexicain. Le pays enregistre une moyenne de 30 000 homicides par an.
De ce total, 829 femmes ont été victimes d'un féminicide présumé et 2 598 femmes d'un simple homicide, d'après ce même document. Des féministes contestent cette distinction entre féminicides et homicides ordinaires, et parlent de dix assassinats de femmes par jour.
Très peu d'enquêtes sur des homicides ou des féminicides aboutissent à des condamnations au Mexique.
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