Fil d'Ariane
Elles ont dû fuir leur pays pour pouvoir continuer leurs études. Des étudiantes afghanes ont pu rejoindre l'Ecosse. Elles racontent leurs parcours depuis leur arrivée.
Des femmes afghanes attendent des rations de nourriture lors d'une distribution d'aide alimentaire organisée par une organisation humanitaire à Kaboul, le 23 mai 2023.
"Venir en Écosse a tout changé. Cela m'a donné l'espoir d'un avenir meilleur", déclare Zahra Hussaini à Glasgow, où elle a pu être accueillie pour reprendre ses études. Lorsque les talibans ont interdit aux Afghanes d'aller à l'université, cette jeune femme de vingt ans a cru que son rêve de devenir médecin s'était envolé.
Je peux devenir médecin, je peux devenir indépendante financièrement et subvenir aux besoins de ma famille, de ma communauté en faisant de mon mieux. Zahra Hussaini
Aujourd'hui, elle poursuit ses études de médecine en Grande-Bretagne. "Je peux devenir médecin, je peux devenir indépendante financièrement et subvenir aux besoins de ma famille, de ma communauté en faisant de mon mieux", poursuit-elle.
Zahra Hussaini est l'une des 19 étudiantes en médecine afghanes qui sont arrivées en Écosse le 21 août 2024 à la suite d'une campagne de trois ans menée par la Fondation Linda Norgrove.
Linda Norgrove était une humanitaire écossaise de 36 ans qui a été enlevée dans l'Est de l'Afghanistan en 2010. Elle est morte la même année lors d'une opération de sauvetage qui a mal tourné.
Le corps de la militante humanitaire britannique Linda Norgrove a été retrouvé le 8 octobre 2010 en Afghanistan, où elle avait été enlevée un mois plus tôt.
DRCréée par ses parents en son nom, la fondation souligne que les étudiantes afghanes qui ont trouvé refuge en Ecosse, étaient souvent confinées chez elles depuis que les talibans ont interdit aux femmes d'étudier à l'université, en décembre 2022.
Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, en août 2021, à la suite du retrait des forces américaines, les talibans appliquent une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique, la charia. Et ce sont principalement les femmes qui font les frais de ces nouvelles restrictions, qualifiées par les Nations unies d'"apartheid des sexes".
Aujourd'hui, je considère que je suis la personne la plus chanceuse d'être ici, de pouvoir poursuivre mes études, d'avoir cette opportunité et de pouvoir réaliser mon rêve. Je suis très enthousiaste et très heureuse. Fariba Asifi
"Ils ne m'ont pas permis d'obtenir ma spécialisation", raconte Fariba Asifi, étudiante en médecine de 25 ans, qui poursuit également ses études à l'université de Glasgow. "Aujourd'hui, je considère que je suis la personne la plus chanceuse d'être ici, de pouvoir poursuivre mes études, d'avoir cette opportunité et de pouvoir réaliser mon rêve. Je suis très enthousiaste et très heureuse", confie-t-elle.
Ces femmes sont arrivées après que le gouvernement écossais a modifié la législation en matière de financement des frais d'université. En bref, elles n'ont pas à s'acquitter de frais de scolarité. Certaines étudient à l'université de St Andrews, d'autres à Dundee ou Aberdeen.
Leur parcours a été semé d'embûches, rappelle la fondation. Il a d'abord fallu négocier leur voyage au Pakistan pour demander des visas britanniques, organiser des tests d'anglais et des entretiens universitaires.
La fondation leur a également obtenu un logement et des comptes bancaires britanniques. Au total, elle dit avoir dépensé 60 000 livres (plus de 71 000 euros) pour mener à bien ce projet.
Et un jour, je suis quasiment sûre que nous verrons toutes les filles, toutes les femmes recevoir une éducation, travailler et s'amuser. Nous devrions être optimistes quant à l'avenir de l'Afghanistan. Fariba Asifi
"Ces 19 jeunes femmes incroyablement talentueuses retrouvent une possibilité d'avenir... L'alternative pour elles en Afghanistan n'était pas bonne", souligne John Norgove, le père de Linda.
L'avenir, Fariba Asifi espère qu'il pourra s'écrire en Afghanistan où elle voudrait pouvoir retourner un jour et travailler comme médecin. "Ce n'est pas une situation permanente, c'est temporaire, cela changera et un jour nous aurons un Afghanistan lumineux, un pays en paix, dit-elle. Et un jour, je suis quasiment sûre que nous verrons toutes les filles, toutes les femmes recevoir une éducation, travailler et s'amuser. Nous devrions être optimistes quant à l'avenir de l'Afghanistan".
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